Toussaint Mercredi 1 Novembre 2023

Cet évangile des Béatitudes dresse le portrait de ceux qui se trouvent dans la situation la meilleure pour accueillir la parole et entrer dans le Royaume. La première Béatitude : Bienheureux les pauvres de cœur dit ce qui est indispensable, essentiel, fondamental pour accueillir cette Parole et  entrer dans le Royaume. Il est donc particulièrement important de bien la comprendre.

C’est quoi les pauvres de cœur ? les pauvres de cœur sont ceux qui qui voient qu’ils ne peuvent pas s’en sortir par eux-mêmes dans la vie et qu’ils ont besoin de l’aide de Dieu. Les pauvres de cœur ne sont pas nécessairement ceux qui sont pauvres matériellement, qui n’ont pas une grosse voiture, ni une belle maison, ni un rang élevé dans la société. Parce que s’il est vrai que la richesse peut être un gros obstacle qui empêche d’entrer dans le Royaume : il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume dit le Seigneur (Mt.19,24), la pauvreté aussi peut nous fermer à Dieu. Obsédés par le manque, il arrive que les pauvres ne pensent qu’à s’enrichir par tous les moyens et se retrouvent fermés au spirituel. Madeleine Delbrel, l’apôtre des pauvres d’Ivry disait : Il y a pire que les riches, c’est les pauvres. D’autre part, noyés dans le besoin, les pauvres peuvent vivre dans l’anxiété, ce qui est à l’opposé de l’attitude du chrétien qui évolue dans une atmosphère de confiance dans le Père qui veille sur lui. C’est pourquoi le sage du livre des Proverbes priait ainsi : Ne me donne ni pauvreté ni richesse, de crainte qu’étant comblé, je ne me détourne et ne dise : qui est Yahvé ? ou encore qu’étant indigent je ne dérobe et profane le nom du Seigneur. (Prov.30,8)

Alors qui sont les pauvres de cœur ? Ce sont ceux qui, comme St Paul, constatent : le bien que j’aime, je ne le fais pas et le mal que je ne veux pas je le fais, hélas je suis pauvre ! dit la traduction malgache de l’épitre aux Romains (Rom. 7,19). On est pauvre de coeur quand on voit que malgré tout ce qu’on peut avoir comme qualités, comme talents, comme richesses, comme instruction, comme culture, comme expérience, on n’arrive pas à grand-chose : on n’est pas capable d’aimer son conjoint comme il le faudrait, d’élever ses enfants comme on le voudrait. Où trouve-t-on les pauvres de cœur ? Dans toutes les classes de la société, parmi les riches comme parmi les pauvres, mais peut-être davantage parmi les pauvres, parce que quand on est pauvre, il est plus facile de se rendre compte qu’on a besoin de l’aide de Dieu, alors que si on est riche, on est facilement tenté de croire qu’avec son argent on s’en sortira toujours.

Pourquoi les pauvres de cœur sont-ils bienheureux ? Parce que, étant dans la peine et la souffrance, ils se tournent alors vers le Seigneur qui vient à leur aide. Moi, je suis pauvre et malheureux, mais le Seigneur pense à moi dit le ps.40, car les pauvres sont les préférés du Seigneur. Il nous le confie à travers Isaïe le ciel est mon trône et la terre mon marchepied, mais celui sur qui je porte les yeux c’est le pauvre et le cœur contrit ; (Isaïe 66,8) Quel paradoxe étonnant et merveilleux : les pauvres de coeur qui devraient être malheureux puisqu’ils n’arrivent à rien par eux-mêmes se retrouvent bienheureux parce que dans leur malheur ils se sont tournés vers Dieu qui leur a donné ce que toute leurs richesses, tous leurs talents, toute leur culture ne pouvaient leur donner.

Et dans les autres béatitudes, on retrouve le même paradoxe : Bienheureux ceux qui pleurent. Ils devraient être malheureux, mais pleurant parce qu’ils ne sont pas satisfaits des petits bonheurs de la


terre, ils se tournent vers le Seigneur qui veut leur donner la plénitude de sa joie, bien supérieure aux petits bonheurs d’ici-bas., bien supérieure aux petits bonheurs d’ici-bas. Au soir du Jeudi Saint, résumant son enseignement, Jésus disait : je dis tout cela…afin qu’ils aient la plénitude de ma joie. (Jean17,13)

Heureux ceux qui ont faim et soif de justice. Ils devraient être malheureux parce qu’ils souffrent d’un manque de justice. Eh bien non, ils sont bienheureux parce qu’ils cherchent la vraie justice que le Seigneur nous apporte, bien supérieure à la justice des hommes. Dans la Bible, la justice de Dieu est synonyme à la fois de vérité et de miséricorde.

Heureux les doux, les miséricordieux ; ils devraient être malheureux parce que dans notre monde, il faut être dur si on ne veut pas être écrasé. Eh bien non parce que recherchant davantage que ce que la violence peut offrir, ils ont reçu du Seigneur l’amour qui leur permet d’apporter la paix à laquelle tout le monde aspire, même les violents.

En un mot les Béatitudes veulent nous dire que ceux qui ne sont pas satisfaits de ce qu’ils sont et de ce qu’ils ont, sont bienheureux parce que dans leur faiblesse et leur misère, ils ont envie de Dieu, ils ont envie de recevoir l’aide de Dieu et le Seigneur les comble, parce que ce qu’il veut, le Seigneur, c’est que nous ayons la vie et que nous l’ayons en abondance. (Jean 10,10 )

Bienheureux les pauvres qui ne sont pas satisfaits avec les richesses qu’ils ont, parce que je suis venu apporter les vraies richesses.

Bienheureux ceux qui pleurent, qui ne sont pas satisfaits avec leurs petits bonheurs, parce que je suis venu apporter le vrai bonheur qui va combler leurs désirs.

Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice, qui ne sont pas satisfaits avec la justice des hommes, parce que je suis venu apporter la vraie justice.  

Bienheureux ceux qui sont persécutés à cause de moi, parce ce qu’ils ne sont pas satisfaits avec le monde entier, il leur faut encore le Dieu qui l’a créé.

En un mot, les Béatitudes, ce n’est pas pour les médiocres qui se contentent de peu ou de pas grand-chose.

Que retenir de tout cela ?

Les Béatitudes, c’est pour ceux qui ne sont pas satisfaits de ce qu’ils ont et de ce qu’ils sont. Dans leur faiblesse et leur misère, ils ont envie de Dieu et de ses dons.

Les Béatitudes, c’est pour les ambitieux qui veulent plus et mieux que ce que le monde peut leur offrir.

Les Béatitudes, est-ce que c’est pour nous ? Oui, si nous ne sommes pas satisfaits avec les biens d’ici-bas, si nous avons envie de plus et de mieux, si nous sommes convaincus comme St Augustin  Tu nous as faits Seigneur pour Toi, et notre cœur est sans repos jusqu’à ce qu’il repose en Toi, et si nous mettons notre espérance comme St Paul en Celui dont la puissance agissant en nous peut faire bien plus, infiniment plus que tout ce que nous pouvons désirer ou imaginer. (Eph.3,20)