Noël  24  Décembre   2024           Bois-Grenier

(Isaïe,9, 1-6)  (Tite 2 11-14)  (Luc 2,1-14)

Nous fêtons ce soir la Nativité du Seigneur qui s’est fait homme pour réconcilier l’humanité pécheresse avec le Père et réaliser son salut. Cette nativité est l’évènement le plus sensationnel de l’histoire du salut et l’incarnation le plus énorme mystère de notre foi. Les hommes  avaient rejeté Dieu. Ils s’étaient laissé avoir par le démon qui leur avait fait croire que s’ils s’affranchissaient de l’autorité de Dieu, non ils ne mourraient pas, mais ils seraient comme des dieux, parfaitement libres, décidant par eux-mêmes de ce qui est bien et de ce qui est mal. Évidemment, ça n’a pas marché. Car le péché qui est une offense à Dieu est aussi la cause de tous nos malheurs. Nous voyons tous les jours autour de nous les injustices, les souffrances, les ruines et les violences qu’entraîne le péché. Mais parce qu’il nous aime, le Seigneur ne nous a jamais laissé tomber. Au long des siècles il a envoyé auprès de nous des Sages, des Prophètes pour nous guider, nous  promettant qu’un jour il enverrait un messie pour opérer la réconciliation. C’est son arrivée parmi nous que nous fêtons ce soir. Mais  il va opérer beaucoup plus qu’une simple réconciliation.

Son arrivée pose un certain nombre de questions. Pourquoi le Père veut-il absolument opérer cette réconciliation et nous réintégrer dans son intimité ? Alors que cela ne lui rapporte rien ? Il n’a besoin de rien ni de personne ? C’est qu’il nous aime, il ne peut donc  pas supporter de nous voir déchus, séparés de lui, il veut partager avec nous tout ce qu’il a et tout ce qu’il est. Mais pourquoi envoyer son Fils ? Il aurait pu envoyer un simple prophète faire une proclamation solennelle: Le Seigneur m’envoie vous dire que votre péché est pardonné et qu’à partir de maintenant vous êtes réconciliés avec le Père. Cela aurait suffi. Et puis si le Fils devait venir en personne pourquoi venir au monde comme un enfant nouveau-né et dans une grotte qui servait d’étable, couché dans une mangeoire d’animaux ? C’est indécent, choquant.  Dans les premiers siècles de l’Eglise, les non-chrétiens reprochaient aux chrétiens de manquer de respect pour la divinité, en prêchant un Dieu qui se fait homme et dans de telles conditions. Selon eux Dieu ne saurait se faire homme, se mélanger à l’humanité, repaire de tous les vices. Selon eux la divinité devait  garder son rang et rester à distance des hommes.

Pourquoi le Père a-t-il envoyé son Fils et dans le cadre d’un tel scenario misérable ? Parce qu’il s’agissait de beaucoup plus que de simplement régler un contentieux qui, traînait depuis pas mal de temps, le Père a voulu profiter de l’occasion pour lancer la nouvelle création de l’humanité  à laquelle il pensait depuis toujours. C’est quoi, cette nouvelle création ? Depuis le début du monde jusqu’à Bethléem, l’homme, était un être créé à l’image de Dieu, mais il restait une certaine distance entre lui et Dieu. Désormais en Jésus vrai Dieu  et vrai homme, il n’y a plus de distance entre l’humanité et la divinité et à ceux qui vont le recevoir, nous dit l’évangile de St Jean, il va donner le pouvoir de devenir enfants de Dieu (Jean 1,12) Comme disait la prière de l’offertoire du temps de la messe en latin :Dieu qui avait créé l’homme d’une manière admirable, à Noël,  le recrée d’une manière plus admirable encore. C’est cela la joie de Noël, c’est ce nouvel élan, ce renouveau, ce rebondissement pour les hommes, désormais recréés renouvelés, désormais uns avec Dieu qui est en eux, C’est cette joie que célébraient le chant des anges dans la nuit de Noël :Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime.

Et cette nouvelle création, Dieu a voulu qu’elle se déroule doucement, sans violence, au rythme de la croissance de l’enfant de Bethléem

 Sur le coup, personne n’a compris ce qui se passait. L’apparition du Messie sous la forme d’un enfant nouveau-né a déconcerté tout le monde. En Israël on s’attendait à l’arrivée d’un  personnage important quelque chose comme un grand prophète, genre Moïse ou Elie et nous-mêmes aujourd’hui, nous avons du mal à admettre qu’il soit venu comme un petit bébé, que Marie sa mère ait dû lui apprendre à parler, à marcher, à faire ses prières.  Parce qu’en se faisant homme il a voulu se séparer de ses privilèges divins, les théologiens appellent ça la kénose, et ils ne lui seront rendus  que lorsque, recevant le baptême  de Jean  lors de l’inauguration de son ministère, l’Esprit St descendant sur lui les lui rendra. Nous sommes sans voix devant les manières de faire de notre Dieu. Le créateur du ciel et de la terre qui se fait  petit bébé, venant au monde à une époque reculée, à l’écart d’un village perdu dans une grotte qui servait d’étable, couché dans une mangeoire d’animaux…… Quel scenario incroyable ! Il faut être Dieu pour avoir des idées pareilles ! Nous avons un Dieu qui a voulu connaître notre condition humaine. Il a grandi gamin dans un village ;  petit à petit il a découvert tous les aspects de la vie des hommes, les fêtes, les mariages, il y a participé : Cana. Il a connu les soucis les tracas, les drames, les mariages qui ne marchent pas :la Samaritaine, 5 maris .. et alors ? elle n’aurait pas demandé mieux que de trouver le bon du premier coup ! Il ne l’a pas rejetée. Il a connu le poids des soucis, des épreuves, des maladies , le drame de la mort, de la mort d’un enfant, la fille de Jaïre,  12 ans, de la mort d’un ami proche : Lazare. On l’avait appelé : celui que tu aimes est malade (Jean 11,3) mais il est arrivé trop tard. Devant le tombeau de Lazare, en voyant les larmes et le chagrin de ses sœurs et de ses amis, même s’il savait qu’il allait le ramener à la vie d’un instant à l’autre, il a craqué. Il n’a pas pu retenir ses larmes. Il a pleuré. On peut s’entendre avec un Dieu comme ça. On peut parler avec un Dieu comme ça. Tout ce qui peut nous arriver, il sait ce que c’est, il est passé par là avant nous. C’est ça la joie de Noël. Notre Dieu, il est de chez nous et à ceux qui l’ont reçu, à ceux qui croient en son nom il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu (Jean 1,12)Noël, c’est le mystère de Dieu qui se fait homme pour que l’homme soit fait Dieu comme l’a si bien dit St  Irénée. Il ne vient pas pour que tout continuecomme avant, mais pour que tout recommence mieux qu’avant,  et autrement qu’avant avec lui qui nous dit dans l’Apocalypse :Voici que je fais toutes choses nouvelles. (Apoc21,5)

 Que retenir de tout cela ?

Noël, c’est plus qu’une réconciliation après une  brouille qui aurait  duré pas mal de temps c’est même plus encore que le mystère de Dieu qui se fait homme. Comme l’a dit St Irénée,              c’est le mystère de l’homme qui se fait Dieu pour que l’homme soit fait Dieu. Pour la première fois, en Jésus, un homme est à la fois Dieu et homme et tous ceux qui l’accueillent sont transformés en lui .

Il n’a pas joué au Dieu avec nous. On ne peut pas s’abaisser plus qu’il ne l’a fait. Il ne laisse personne en dessous. Il vient pour entrer en chacun de nous. Si nous l’accueillons, alors, forts de sa divinité qui habite en nous, nous pourrons tout en celui qui nous fortifie et changer notre monde de violence en un monde de paix, de justice été de charité.

C’est cela la joie de Noël, la folle espérance de Noël. Le monde encore plein d’injustices, de

Violences et de malheurs a besoin de nous, besoin de Lui, besoin de Lui en nous. Il n’est pas

venu pour que tout continue comme avant mais pour que tout recommence mieux qu’avant. Ce

soir, tout pourrait recommencer mieux qu’avant. Cela dépend de nous. Il y a 2.000ans,   Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu. (Jean 1,11). Ce soir, tout pourrait changer. Cela dépend de nous. Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je serai près de lui et lui près de moi. (Apoc.3,20) Alors, qui oserait le laisser dehors ?

1 réflexion sur “Noël  24  Décembre   2024           Bois-Grenier”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *