« Mon enfant, va travailler à ma vigne »
Dans un contexte de tension avec les chefs des prêtres et les anciens, après que Jésus a chassé les vendeurs du Temple, Jésus met en scène deux fils qui entendent cet appel. « Mon enfant, va travailler à ma vigne ».
Ce dimanche, laissons résonner dans notre cœur ses paroles : « Mon enfant, va travailler à ma vigne ».
Et demandons-nous quel type de fils nous sommes.
Pour Jésus, le premier fils, celui qui dit « je ne veux pas » ce sont toutes les personnes qui refusent d’abord de pratiquer la Loi, comme les publicains, les prostituées et les pécheurs, ceux qui ne fréquentent pas le Temple parce qu’il ne se considèrent pas dignes, mais qui un jour ont reçu la grâce d’une conversion, c’est-à-dire de recevoir la parole de Jean Baptiste comme annonçant la venue du Messie. Ils ont le cœur ouvert, peut être parce qu’ils ont senti l’impasse de leur propre vie, et ont senti la nécessité de recevoir le pardon de leurs fautes, la soif d’une vie libérée du péché.
Le second fils celui qui dit « oui Papa » mais qui ne va pas travailler à la vigne, ce sont les grands prêtres et les anciens, les pharisiens, tout ceux qui pratiquent la loi, tous ceux qui prient, mais dont les actes ne produisent pas de fruit de conversion (Mt 3,8). Ils ont refusé de croire à la parole de Jean Baptiste qui appelait à la justice et à la conversion de péchés. Ils restent cantonnés dans la sécurité apparente que leur donne la pratique de la loi, sans voir que le péché habite leur cœur par le sentiment de supériorité et les arrangements qu’ils font avec la justice.
Il ne s’agit pas pour Jésus de dire que la pratique religieuse est mauvaise et qu’il faudrait vivre comme les prostitués et les pécheurs en dehors de la loi. Non, mais il souligne combien les premiers sont ouverts à la grâce et les second lui sont fermés.
Et quel est le signe pour Jésus que la grâce nous a touché, que nous sommes proches du Royaume des cieux ? Ce sont nos actes. Pour Jésus les paroles, les prières sans les actes n’apportent pas le salut. « Il ne suffit pas de me dire Seigneur, Seigneur pour entrer dans le royaume des cieux, il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux » (Mt 7,21).
Alors ce matin, prenons conscience comme les hébreux dans la première lecture de la responsabilité de nos actes. Ils se révoltent un peu contre le prophète Ézéchiel parce qu’ils pensaient que tous leurs malheurs venaient de la faute de leurs pères. Ézéchiel leur dit que la vie ou la mort spirituelle dépend de leurs actes. Non pas de leur passé de juste ou de pécheur mais de leur conversion aujourd’hui.
La seconde lecture peut aussi nous permettre de vérifier où nous en sommes dans les relations avec nos frères et sœurs, où se vérifie toujours ou pas, notre conversion. « Ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes. « Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses propres intérêts ; pensez aussi à ceux des autres. » le signe de la conversion, c’est l’humilité, l’ouverture aux intérêts des autres, les contraire de l’orgueil et de l’égoïsme ou de l’esprit de chapelle.
Le chemin de la conversion est long et jamais acquis une fois pour toute, mais sur ce long chemin, nous pouvons compter sur la grâce de Dieu, elle a touché les prostituées, les publicains et les pécheurs, elle ne demande qu’à se donner à nous en abondance.
Amen.