les trois regards de Jésus

Mc 10, 17-30

L’Évangile que nous venons d’entendre nous raconte une histoire de rencontre qui se termine mal entre Jésus et un homme riche. Ce qui conduit Jésus à nous dire que les richesses rendent très difficile l’entrée dans le Royaume de Dieu.

Pour nous guider dans cet évangile, je vous propose de nous laisser guider les trois regards de Jésus qui rythment ce passage.

Le premier regard de Jésus, c’est le regard pour cet homme qui accourt et s’agenouille devant lui alors que Jésus se met en route. Cet homme demande : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? » Jésus ne lui permet pas de l’appeler bon, sans doute parce qu’il soupçonne derrière ce qualificatif, une forme de flatterie, une manière pour l’homme de s’attirer les faveurs de Jésus. Or Jésus ne veut jamais être obligé par personne, à quoi que ce soit. Jésus ne suit que la volonté de son Père. Il veut rester libre et répond : « Pourquoi dire que je suis bon ? Personne n’est bon, sinon Dieu seul. Tu connais les commandements ». Et Jésus de citer parmi les dix paroles, celles qui concernent la relation au prochain, avec cette particularité : alors que ces commandements commencent par « honore ton père et ta mère », Jésus cite ce commandement en dernier. C’est comme si Jésus voulait changer la manière de voir la vie de cet homme. Cet homme a observé les commandements depuis sa jeunesse, il les a certainement reçus de ses parents et il s’adresse à Jésus de manière à chercher son affection, pour qu’il lui donne la recette pour « avoir la vie éternelle en héritage », comme il a reçu de ses parents les commandements et la richesse. Pour cet homme la vie éternelle est du même ordre que tout ce qu’il a reçu de ses parents, quelque chose que l’on peut posséder comme un héritage, quelque chose qui nous assure un avenir et des lendemains heureux.
Quelque part dans la vie de cet homme, la relation à ses parents, à l’héritage qu’il reçoit d’eux a pris la place de Dieu est devenue une idole dont Jésus veut le débarrasser.

C’est pour cela qu’il le regarde et l’aime. C’est parce que le don de la vie éternelle, est de l’ordre de l’être et non pas de l’avoir. La vie éternelle c’est connaitre ce regard de Jésus qui nous aime et nous libère !

Jésus a vu que cet homme est chargé comme un chameau de tout ce qu’il a reçu depuis sa jeunesse, que l’héritage reçu de ses parents, ses richesses qui auraient pu l’aider, sont pour lui un fardeau sur le chemin de la vie éternelle parce qu’elles ont pris la place de Dieu. Alors il l’invite à tout laisser pour que Dieu lui-même soit son unique trésor.

On pourrait objecter que cet homme devait avoir une vocation bien particulière et que tout laisser pour suivre Jésus est réservé à quelques-uns, et que cela ne nous concerne pas ! Pourtant le deuxième regard de Jésus vient nous montrer que cette invitation à tout laisser pour suivre Jésus nous concerne tous. « Alors Jésus regarda autour de lui et dit à ses disciples : « Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! » Qui possède des richesses ici ? Nous tous. C’est donc pour nous tous ce matin que Jésus dit : « Mes enfants, comme il est difficile d’entrer dans le royaume de Dieu !Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. »

Pourquoi est-ce que Jésus dit cela ? Pourquoi est-ce que les richesses rendent si difficile l’entrée dans le royaume de Dieu ?

Les richesses ne sont pas mauvaises en soi, elles sont des moyens que Dieu nous donne pour vivre les uns avec les autres, et lui rendre gloire par notre vie. Le problème c’est que nous préférons souvent les richesses à celui qui en est la source, les dons au donateur.

Or, le Royaume de Dieu, ce n’est pas posséder des richesses, ce n’est pas de l’ordre de l’avoir, mais c’est une relation d’amour, un échange de regard entre Dieu et nous. Les richesses que nous avons (les biens, les qualités, l’expérience, la réputation, le regard des autres, la sécurité, le confort, les projets) peuvent petit à petit prendre la place de Dieu dans notre vie, c’est-à-dire nous donner l’impression que nous avons de la valeur, que nous sommes quelqu’un, parce que nous les possédons. Nous pouvons faire un test : que devenons nous quand soudain nous perdons ce qui fait notre richesse, tel bien, tel poste, telle reconnaissance sociale, tel revenu. Si cela ne nous dérange pas, cela veut dire que nous n’y sommes pas attaché et que Dieu garde sa place dans notre cœur. Si au contraire cela provoque une tempête en nous, c’est que petit à petit cette chose avait pris la place de Dieu dans notre vie et nous empêchait d’entrer dans le Royaume ;

Dieu ne nous interdit pas de posséder des richesses et d’en faire profiter les autres, mais nous demande d’être vigilant à ce que ces richesses ne prennent pas sa place.

C’est difficile ? Oui et non. Oui parce qu’il n’est jamais facile de se détacher des richesses et non parce qu’il y a le dernier regard de Jésus : « Jésus les regarde et dit:
« Pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. » Laissons-nous habiter, posséder parce de regard de Jésus qui est le trésor de notre vie et peu nous rendre libre par rapport à toutes les idoles que nous accumulons et qui nous empêchent d’entrer dans la joie du Royaume de Dieu. Nous sommes aimés de Jésus, infiniment, c’est la richesse des pauvres et cette richesse-là personne ne nous l’enlèvera jamais. Amen.

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