5ème dimanche du temps ordinaire – Année A – Mt 5,13-16
« Vous êtes la lumière du monde. »
« Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde » Nous sommes bien embarrassés en entendant ces paroles du Christ parce que nous savons bien que nous ne sommes pas le sel de la terre ni la lumière du monde. C’est le Christ qui est le sel de la terre et la lumière du monde, pas nous.Mais quand il affirme en St Jean : »Je suis la lumière du monde » (8,1) il ajoute : « Celui qui marche à ma suite ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière qui conduit à la vie » Donc il nous donne part à sa lumière. Donc nous devrions refléter quelque chose de sa lumière. Comment se fait-il que nous soyons si peu lumineux ? Que faut-il faire pour capter la lumière du Christ ? Les apôtres, comment se sont-ils débrouillés ? Au départ, c’était un groupe de pêcheurs assez frustes, mais au contact du Seigneur ils sont devenus lumière du monde, sel de la terre. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Ils ont accueilli la parole du Seigneur, alors sa lumière s’est reflétée en eux comme se reflète dans les carreaux d’une fenêtre la lumière du soleil qui les frappe.
Comment les apôtres ont-ils fait pour repérer la parole de Dieu ? On a envie d dire : pour eux c’était facile, ils entendaient de leurs oreilles les paroles du Christ. Mais c’est faux. Tout le monde entendait de ses oreilles le Christ qui parlait, mais seuls les apôtres et quelques autres avec eux reconnaissaient dans ses paroles la Parole de Dieu. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’ils attendaient le Messie qui devait venir les guider, alors ils guettaient sa venue, ils attendaient un message. Quand il est arrivé, ils l’ont reconnu et quand il s’est mis à parler, ils ont décelé dans ce qu’il disait la parole de Dieu. Pourquoi les apôtres ont-ils repéré la parole de Dieu alors que les autres autour d’eux ne l’ont pas repéré ? Parce que croyant que le Messie allait venir, ils le cherchaient. Et quicherchetrouve. Déjà du temps de Jérémie il l’avait promis« Je me laisserai trouver par vous .Vous me trouverez pour m’avoir cherché de tout votre coeur. » (29,13-14)
Et nous aujourd’hui, comment faire pour entendre la Parole de Dieu ? D’abord, comme les apôtres, croire qu’il vient et qu’il vient pour nous dire quelque chose, pour nous enseigner et comme les apôtres, demeurer dans une attitude de recherche et d’écoute. Il nous a avertis lorsqu’il a fait ses adieux aux apôtres :« Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt.28,20) Est-ce que nous guettons sa venue ? Qui de nous s’éveille le matin en pensant « Qu’est-ce qu’il va encore me dire aujourd’hui »? Mais nous , qui ne pouvons plus voir Jésus de nos yeux ni l’entendre de nos oreilles comme les apôtres,comment pouvons nous le voir et l’entendre ? Comment repé est là et qu’il me dit quelque chose ? Je vous suggère trois moyens d’y arriver.
D’abord demandons au Seigneur dans notre prière de se révéler à nous et de nous faire connaître sa volonté, il nous éclairera. Deuxièmement, soyons attentif à ce qui se passe en nous, dans notre coeur. Le Petit Prince de Saint Expery disait « On ne voit bien qu’avec le coeur, l’essentiel est invisible pour les yeux. Si quelque chose touche notre esprit ou notre coeur et nous rapproche de Dieu, attention, ! le Seigneur est là, en train de nous dire quelque chose. Cela peut se produire n’importe où n’importe quand, pendant que nous prions, que nous écoutons une homélie, en voyant quelque chose dans la rue ou à la télé, ou encore en pensant à une idée qui nous est passée par la tête. Et puis, troisième moyen de repérer la présence de Dieu et les messages qu’il nous a adressés dans la journée, chaque soir, prenons un moment pour rechercher ce que nous avons fait de bien, ce que les autres autour de nous ont fait de bien, ce que nous avons vu de beau ou de bien dans la journée. Parce qu’il Il n’y a qu’une source de bien dans le monde, c’est Dieu. Par conséquent chaque fois que quelqu’un, quelque part dit ou fait quelque chose de bien, Dieu est là présent en train d’agir. Il ne faut pas le rater. Le Seigneur se plaignait déjà de l’aveuglement des hommes à travers le prophète Ezechiel : »Ils ont des yeux pour voir et ne voient rien, des oreilles pour entendre et n’entendent pas. »(12,2)
Tout se joue dans la manière d’accueillir la parole. Il ne faudrait pas qu’elle entre par une oreille et sorte par l’autre. Il ne faudrait pas l’accueillir simplement comme un savoir parmi d’autres, qu’on range dans sa tête entre le théorème de Pythagore et les règles d’accord du participe passé. La Parole de Dieu est une parole de vie, une parole à vivre. Accueillir la parole de Dieu c’est la laisser pénétrer au plus profond de notre coeur et modifier notre manière d’être et d’agir .Nous ne sommes peut-être pas pas lumière du monde tout comme les carreaux d’une fenêtre ne sont pas éblouissants par eux-mêmes. Mais tout comme les carreaux d’une fenêtre vont réverbérer l’éblouissement de la lumière du soleil qui les frappe, nous allons réverbérer l’éblouissement de la Parole du Christ si nous la laissons pénétrer au fond de notre coeur. et transformer notre manière d’agir. Ce que St Paul exprime dans une formule particulièrement heureuse :« Nous tous qui réfléchissons comme en un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en cette même image toujours plus glorieuse, comme il convient à l’action du Seigneur qui est Esprit. » (2Cor.3,18) La parole de Dieu en pénétrant en nous, nous transforme en Christ et nous rend comme lui Lumière du monde et Sel de la terre.
Pourtant autour de nous, que ce soit dans les familles, dans le monde du travail et de l’économie, de la politique au plan national et international, que de ténèbres que la lumière n’arrive pas à dissiper. Où donc est-il le sel de la terre qui devrait donner sa saveur à la vie du monde quand des millions d’hommes plongés dans le malheur là où ils sont, fuient désespérément vers un ailleurs plus hospitalier ? Bien sûr ce n’est pas à nous, à notre petite paroisse d’illuminer l’univers et d’apporter à l’humanité la saveur de la vie qu’elle a perdu. Mais nous pouvons tout de même nous demander si nous faisons vraiment tout ce qui est en notre pouvoir pour apporter un peu plus de lumière et un peu plus de saveur à la vie quotidienne de ceux qui nous entourent.
Que retenir de tout cela ?
Nous sommes la lumière du monde, nous sommes le sel de la terre pourvu que nous acceptions d’accueillir en nous sa Parole et de la mettre en pratique. La Parole de Dieu pénétrant en nous nous transforme en Christ et nous rend comme Lui Lumière du monde et Sel de la terre.Comme les carreaux d’une fenêtre réverbèrent l’éblouissement de la lumière du soleil qui les frappe, de même nous devrions réverbérer l’éblouissement de la lumière du Christ qui pénétrant dans nos coeurs transforme notre manière de vivre et d’agir. Le Seigneur ne nous demande pas d’éclairer l’univers. Mais il nous envoie apporter un peu de lumière autour de nous. « Moi Yahvé je t’ai appelé, je t’ai pris par la main et je t’ai formé, je t’ai désigné comme lumière » nous dit-il en Isaïe. (42,6) Autour de nous, dans notre village, dans notre rue, certains voudraient sortir de leurs ténèbres.Il y a urgence. Nous ne pouvons pas nous dérober.