26e dimanche T.O. B : Nombres (11,25-29) Jacques (5,1-6) Marc (9,38-43.45.47-49)
Je commenterai seulement la première partie de cet évangile où le Christ nous dit : Celui qui n’est pas contre nous est pour nous.
Devant l’initiative d’un étranger au groupe des apôtres qui expulsait des démons, les douze ont réagi en l’en empêchant. D’après eux, pour expulser des démons, il faut faire partie de ceux qui suivent le Maître. Jésus n’est pas d’accord avec cette intransigeance et cet esprit de clocher. Il explique à ses apôtres que celui qui fait un miracle en son nom ne peut être exclu. La puissance de Dieu est nécessairement en lui. Celui qui n’est pas contre nous est avec nous. Ceci est encore vrai aujourd’hui. La grâce de Dieu travaille partout dans le monde et pas seulement à l’intérieur de l’Église officielle, auprès des croyants pratiquants. L’Esprit Saint ne demande pas qu’on lui présente ses jetons de présence à la messe du dimanche pour éclairer les hommes et leur donner d’agir selon la vérité et la justice. Chaque fois que quelque part dans le monde quelqu’un dit ou fait quelque chose de bien, Dieu est là agissant. Celui qui fait le bien est de Dieu, car il n’y a qu’une seule source de bien dans le monde, c’est Dieu. Réjouissons-nous donc de ce que partout où quelque chose de bien est fait, Dieu soit là, agissant, même si celui qui fait le bien n’est pas un croyant fervent ni un fervent pratiquant.
Mais alors qui est du Christ et qui n’en est pas ? Qui est de l’Église et qui est en dehors ? Ce n’est pas clair. Qui est du Christ ? Les baptisés, croyants, pratiquants, on peut les considérer comme des disciples du Christ même s’ils ne sont jamais parfaits, et demeurent des pécheurs.
Mais il y a les baptisés, croyants qui pratiquent peu ou pas leur religion, plus ou moins Judas. Est-ce qu’ils sont encore du Christ ? Dieu seul le sait. Et nous, nous ne pouvons pas en juger.
Et puis il y a des non baptisés qui parfois sont des croyants. Croyants en qui, en quoi ? Eux-mêmes ne le savent pas toujours. Sont-ils des nôtres ? Dieu seul le sait. Et là encore nous ne pouvons pas en juger.
Et puis enfin il y a des incroyants Pour ceux-là, on est tenté de dire, c’est clair, ils ne sont pas du Christ. Oui mais ces gens là sont bien souvent des braves gens, qui font le bien autour d’eux. Mais alors s’ils font le bien, Dieu est avec eux, puisqu’il n’y a qu’une source de bien, c’est Dieu. Alors, qui est du Christ et qui n’est pas du Christ ? La frontière entre les deux n’est pas nette.
Qui est d’Église ? et qui n’est pas d’Église ? Qu’est-ce que ça veut dire Église ? Cela désigne ceux qui sont appelés par convocation, du grec ek-kaleô. Qui fait partie de l’Église ? Il est sûr que ceux qui ont répondu à l’appel, sont baptisés et pratiquants en font partie, mais ça ne veut pas dire que les autres n’en font pas partie, cela ne veut pas dire qu’ils ne sont pas appelés, eux aussi. Est-ce qu’on peut imaginer que Dieu, notre Père laisserait de côté une partie de ses enfants ?
Trois choses sont sûres.
–La première c’est que Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité, comme l’écrit St Paul à Timothée (1Tim.2,4) Tous les hommes sont appelés à être sauvés.
-La deuxième, c’est que ceux qui ont répondu à l’appel, sont croyants, baptisés et pratiquants, on peut penser qu’ils sont du Christ et de l’Église,
-La troisième c’est que ceux qui font le bien et ne sont pas notoirement contre le Christ et l’Église, même s’ils ne sont pas baptisés ni pratiquants, le Christ les revendique comme siens lorsqu’il dit Celui qui n’est pas contre nous est pour nous.
De cette parole découlent deux conséquences : d’abord nous ne pouvons pas juger, jamais nous ne pouvons exclure quelqu’un et dire qu’il n’est pas du Christ. Ensuite, la parole du Christ nous montre que ce à quoi on reconnaît un Chrétien, c’est à sa manière de vivre en faisant le bien Un chrétien c’est quelqu’un qui fait le bien, qui agit comme ferait le Christ. Déjà le prophète Osée l’enseignait : On t’a fait savoir, homme, ce qui est bien, ce que Yahvé réclame de toi : rien d’autre que d’accomplir la justice, d’aimer avec tendresse et de marcher humblement avec ton Dieu. (Osée 6,8)
Nous ne sommes pas quittes une fois que nous avons fait des prières et assisté à la messe le dimanche. Par nos prières et notre assistance à la messe nous nous rapprochons du Seigneur afin de puiser auprès de lui la force d’agir ensuite comme lui. Une prière qui ne débouche pas sur une action est une prière avortée. En venant à la messe ce matin qu’est-ce que nous faisons ? Nous nous approchons du Seigneur, pour lui offrir, en même temps que le sacrifice du Christ, nos travaux de la semaine passée, la peine que vous les chefs de famille vous vous êtes donné pour que vos femmes et vos enfants aient tout ce qu’il faut ; le soin que vous avez pris, vous les mères de famille, pour que tout le monde soit heureux dans une maison confortable où personne ne manque de rien ; les efforts que vous les enfants et les jeunes vous avez faits pour développer dans l’étude les talents que le Seigneur vous a donnés. En le remerciant de nous en avoir rendu capables, nous offrons au Seigneur tout ce bien que nous sommes parvenus à faire avec son aide et nous nous offrons pour qu’il nous transforme, nous rende toujours plus pareils à lui et nous rende capables de faire mieux la semaine qui vient. C’est ce que dit le prêtre dans la prière qui précède l’élévation : nous te supplions Père de consacrer ces offrandes que nous apportons : sanctifie les par ton Esprit pour qu’elles deviennent, le corps et le sang de Jésus Christ Notre Seigneur qui nous a dit de célébrer ce mystère, c’est-à-dire pour que nous devenions comme Jésus Christ., capables d’agir comme lui.
Que retenir de tout cela ?
Qui est du Christ et qui n’est pas du Christ ? Qui est de l’Église et qui est en dehors ? Ceux qui font le bien et agissent comme le Christ agirait. Normalement ceux qui sont croyants, baptisés et pratiquants sont du Christ et de l’Église. De plus, ceux qui font le bien et ne sont pas notoirement contre le Christ et l’Église, le Christ, en disant : Celui qui n’est pas contre nous est avec nous les reconnait comme siens, même si ce sont des migrants, musulmans, pas baptisés ni croyants ni pratiquants.
D’autre part cet évangile nous enseigne deux choses.
– La première c’est qu’un chrétien c’est quelqu’un qui agit comme le Christ agirait. On ne peut pas définir les chrétiens comme on le fait trop souvent comme ceux qui vont à la messe. Le sacrifice de la messe c’est ce qui transforme des chrétiens déjà uns avec le Christ depuis leur baptême pour les rendre toujours davantage semblables au Christ, en vue d’être capables de faire le bien et d’agir comme lui. N’oublions jamais la parole du Seigneur : Il ne suffit pas de dire Seigneur, Seigneur pour entrer dans le Royaume, il faut faire la volonté de mon Père. (Mt.7,21)
-Deuxième enseignement de cet évangile : si c’est à leur manière de vivre, au bien qu’ils font, qu’on reconnait les chrétiens, il est extrêmement important pour nous de relever au long de nos journées tout ce que nous faisons et tout ce que les autres font de bien, parce qu’à chaque fois Dieu est là présent, qui nous inspire. Ne soyons pas de ceux qui ont des yeux pour voir mais ne voient pas, comme le déplorait Ézéchiel (Ez 12,2). Ne soyons pas de ces nouveaux disciples d’Emmaüs qui vont tout tristes sur le chemin, persuadés qu’il n’y a plus d’espoir : le Christ est mort ! le nombre de pratiquants ne cesse de diminuer ! il y a de moins en moins de prêtres ! on ferme les églises ! Pendant que nous égrenons notre litanie de lamentations, il est là marchant à nos côtés. Mais qu’est-ce que nous attendons pour nous en apercevoir ?