Dimanche 11 juin

Le Saint Sacrement – Année A – Jn 6,51-58

« Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. »

Le Saint sacrement, c’est le sacrement du corps du Christ qui se donne à nous en nourriture. Y a-t-il encore besoin d’un tel sacrement ? Par le baptême nous avons déjà en nous la vie du Christ. Avons nous encore besoin de quelque chose d’autre ? Apparemment oui, puisque le Christ nous dit :« Je suis le pain de vie »(Jean6,48). « Le pain que je donne, est ma chair pour la vie du monde.Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, vous n’avez pas la vie en vous » C’est que le baptême, c’est une naissance à la vie divine, et de même qu’après sa naissance, le nouveau né a besoin de se nourrir pour développer sa vie naturelle, humaine, de même après le baptême, nous avons besoin du pain de vie que le Christ veut nous donner pour développer la vie surnaturelle, divine en nous. Car le baptême n’est pas un bain dans lequel nous serions dissous, anéantis en Dieu, mais un bain dans lequel nous sommes plongés dans une communion avec le Seigneur où nous demeurons des personnes libres et donc susceptibles de rejeter ou d’accepter et de renforcer cette communion. Après avoir reçu le baptême, nous demeurons des pécheurs exposés au danger de céder à la tentation de nous séparer de Dieu. Nous avons donc besoin d’une nourriture, qui alimente et renforce la vie nouvelle que nous venons de recevoir .

Cette nourriture, le Christ l’appelle le pain de vie et il précise « Le pain que je donnerai, c’est ma chair donnée pour que le monde ait la vie. Mais quand il nous dit : il faut vous nourrir de moi pour avoir la vie éternelle, parce que celui qui me mange vivra par moi, de quel moi s’agit-il ? Du moi livré pour nous. Ce n’est pas le moi de Jésus enfant à Nazareth, ni le moi de Jésus annonçant l’Evangile que nous recevons dans la communion, mais le moi de Jésus donnant sa vie pour nous sur la croix. Ce qui veut dire que la vie, qu’il est indispensable de recevoir dans la communion pour mener une vie chrétienne, puisque le Christ insiste :« Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, vous n’avez pas la vie en vous », c’est une vie où on donne sa vie pour les autres.Autrement dit, je ne suis pas chrétien, je ne mène pas une vie chrétienne, si je ne donne pas ma vie pour les autres. Donner sa vie pour les autres, ce n’est pas quelque chose de facultatif. Je peux être chrétien que je dise mon chapelet ou non, que je porte ma médaille de baptême autour du cou ou non, mais je ne peux pas être chrétien si je ne donne pas ma vie pour les autres.

Mais qu’est-ce que ça veut dire donner sa vie pour les autres ? Est–ce qu’il faut mourir martyr sur une croix comme le Christ ? Bien sûr que non. Se mettre au service des autres, servir les autres, c’est déjà une manière de donner sa vie pour eux. Que faut-il donc faire pour servir les autres ? Rien. Rien d’autre que ce que nous faisons déjà. Regardez bien : dans toutes nos activités, dans toutes les professions il y a toujours un aspect de service des autres. Un agriculteur qui cultive du blé ou des pommes de terre contribue à nourrir la société, un commerçant dépanne les gens de son quartier, un médecin qui soigne les malades, un enseignant dans son école, un policier dans son commissariat, un conseiller municipal ou un employé de mairie, une maman au foyer ou un conducteur de bus scolaire, tous d’une manière ou d’une autre sont au service des autres. « Et ce que vous aurez fait pour le plus petit d’entre les miens, c’est pour moi que vous l’aurez fait » (Mt.25,40)L’évangile d’aujourd’hui nous invite être attentifs à cette dimension de service des autres qu’il y a dans toutes les professions que nous exerçons et dans toutes les occupations qui remplissent nos journées. Nous avons tendance à ne voir dans nos activités et nos professions que le bénéfice financier qu’elles rapportent et souvent nous méprisons ou nous ignorons l’ aspect de service qu’elles renferment. Il n’y a qu’à voir comment on parle d’une femme au foyer, on la définit négativement : « sans profession ». Comme si élever des enfants et créer une atmosphère chaleureuse dans le foyer, c’était là des choses négligeables et sans valeur, puisqu’elles n’entraînent pas de gain d’argent, tandis que tapoter sur un ordinateur dans un bureau ou servir à boire dans un bistrot serait infiniment plus respectable ! Le service des autres, ce n’est pas n’importe quoi. Le service, c’est l’agir de l’amour, c’est de l’amour en actes et ça n’a pas de prix. Peut-être sommes nous trop préoccupés par l’argent que notre travail nous rapporte. Tant mieux si notre profession et notre travail nous permettent de bien gagner notre vie et de subvenir comme il convient aux besoins de notre famille, c’est très important, bien sûr. Mais notre travail vaut plus que l’argent qu’il nous rapporte. Il y a de l’amour dedans et ça, ça n’a pas de prix. D’ailleurs quand on est au service des autres, on est en parfaite communion avec le Christ. tout autant qu’en recevant une hostie à la messe.C’est tellement vrai que la 4° Prière Eucharistique reprend quasiment mot pour mot le récit du lavement des pieds dans l’évangile pour introduire la consécration de la messe :

Lavement des pieds
1°) Quand l’heure fut venue de passer de ce monde au Père
2°)Lui qui avait aimé les siens qui étaient dans le monde
3°)Au cours du repas, Jésus se leva de table, prit un linge
Quatrième Prière Eucharistique
1°) Quand l’heure fut venue où tu allais le glorifier
2°)Lui qui avait aimé les siens qui étaient dans les aima jusqu’à l’extrême le monde les aima jusqu’au bout
3°)Pendant le repas qu’il partageait avec ses et lava les pieds de ses disciples disciples, il prit le pain….

Que retenir de tout cela ? 

Le Saint Sacrement, c’est le sacrement du Christ qui donne sa vie pour nous. L’évangile d’aujourd’hui nous rappelle l’obligation absolue que nous avons de donner notre vie pour les autres si nous voulons être chrétiens. On ne peut pas être chrétien si on ne donne pas sa vie pour les autres. Et pour arriver à donner sa vie pour les autres tous les jours sans faiblir, nous avons besoin de nous nourrir du pain de vie, du sacrement du Christ donnant sa vie pour nous.

Donner sa vie pour les autres autres ne signifie pas qu’il faille s’imposer des sacrifices terriblement exigeants, héroïques et spectaculaires. Cela se vit normalement à travers notre travail quotidien qui comporte toujours un aspect de service des autres. Nous ne nous en rendons pas compte et surtout nous n’y accordons pas assez d’attention, mais nous sommes tous les jours en train de servir les autres à travers nos activités professionnelles ou l’accomplissement de notre devoir d’état. Saint Exupery parlant quelque part de vieilles dames qui s’usaient le yeux à broder des chasubles d’or pour leur Dieu disait « elles allaient ne le sachant pas, les mains pleines d’étoiles. » Moi, je crois que vous tous, tant que vous êtes, à travers tout ce que vous faites du matin au soir, vous allez ne le sachant pas les mains pleines d’étoiles.