Dimanche 28 Juillet 2024

En dépit des apparences, ce miracle que nous rapporte l’évangile aujourd’hui est un miracle un peu raté. Cela s’est mal terminé. Jésus, mécontent,  a renvoyé chez eux les gens qui voulaient le faire roi, a obligé les apôtres interloqués à repartir en barque de l’autre côté du lac et s’est retiré seul dans la montagne pour prier. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Les choses avaient pourtant bien commencé. Les gens étaient venus nombreux l’écouter et la foule n’avait cessé d’augmenter au fil des heures. Pas étonnant. On disait : Jamais homme n’a parlé comme cet homme. (Jean 7,46) Finalement ils se sont retrouvés à 5.000. Il a fallu donner à manger à tout ce monde-là. On n’avait pas grand-chose : cinq pains et deux poissons. Mais tout s’est bien passé. Il y en a eu assez pour tout le monde.

Et c’est là que tout a dérapé. Impressionnés par le prodige, les gens ont été comme fascinés par cette multiplication des pains, ils ne pensaient plus à l’enseignement entendu, à la sagesse révélée. Jésus lui, à travers le prodige du pain partagé voulait leur donner un signe que Dieu était présent au milieu d’eux. Pour lui un miracle, c’est toujours un enseignement par geste. Ici, il voulait leur faire comprendre : Je suis le pain de Vie. Mais la foule n’a pas dépassé le prodige, la nourriture distribuée gratuitement. Remplie de joie, elle a voulu le faire roi. D’ailleurs à cette époque on croyait à un messianisme terrestre. On pensait que le Messie, quand il viendrait, restaurerait la royauté en Israël, supprimerait toutes les souffrances et instaurerait une sorte de paradis sur terre. Les apôtres n’ont pas compris que Jésus, coupant court à l’enthousiasme général les oblige à se rembarquer à destination de l’autre rive, renvoie les gens chez eux et se retire seul dans la montagne

C’est toujours comme ça. Le Seigneur veut nous hisser à sa hauteur. Mais nous voulons toujours le rabaisser à notre niveau. Quand nous prions, nous sommes tellement préoccupés par les choses que nous voulons obtenir de lui que nous oublions ce que lui veut nous donner. Nous prions surtout pour que notre volonté soit faite, que nos projets se réalisent et que nos désirs soient comblés. Il n’y a d’ailleurs rien de mal à cela. Le Christ lui-même nous a encouragé à demander au Père ce dont nous avons besoin Demandez et vous recevrez….Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous l’accordera. (Jean 16,24 ;15,16.)  Mais quand il nous a appris à prier, il nous a invité à demander d’abord : Notre Père qui es aux cieux, que TON nom soit sanctifié, que TON règne vienne que TA volonté soit faite avant de demander Donne NOUS aujourd’hui NOTRE pain quotidien, pardonne NOUS Nos offenses.                        

En fait, nous sommes bien embarrassés pour demander au Père que sa volonté soit faite parce que nous ne savons pas trop ce que c’est, sa volonté, et malheureusement nous ne nous préoccupons guère de chercher à le savoir. Nous devrions faire plus souvent la prière de St François d’Assise :Seigneur, que veux-tu que je fasse ? De toute manière, quand nous prions nous sommes toujours maladroits. Dans son petit livre sur la prière le  P.Pautrel dit fort justement : quand nous prions, nous sommes toujours ridicules en même temps que touchants. Nous sommes ridicules parce que nous ne savons pas, personne ne sait  parler à Dieu comme il le faudrait, mais en même temps nous sommes touchants parce que nous faisons de notre mieux. Un peu comme un petit enfant qui


fait un compliment à sa maman pour la fête des mères, il annone maladroitement son compliment, un sociétaire de la comédie Française ferait mieux, mais le petit enfant est infiniment plus touchant, parce qu’il y met tout son cœur.

Veillons quand même à toujours améliorer notre façon de prier, et  particulièrement notre façon de participer à la messe. Aujourd’hui, partout, les messes du dimanche, c’est beaucoup mieux que ce  que c’ était quand nous étions  enfants. Dans cette paroisse de Ste Thérèse en Weppes en particulier,à la messe, on ne dort pas . La participation de l’assemblée est vivante, les lectures, les  intentions de la prière universelle, les chants  sont soignés, vous arrivez même parfois à améliorer le texte des oraisons et de la préface, bravo, continuez. Ce que nous faisons à la messe, notre liturgie, nos chants  c’est très bien, mais ce que le Seigneur fait à la messe c’est bien mieux et bien plus important. A chaque messe, qu’est-ce qu’il fait le Christ ? Il pardonne nos péchés d’aujourd’hui il nous réintègre aujourd’hui dans l’intimité de notre Père du ciel. Il consacre notre vie, notre travail, le pain fruit de la terre et du travail des hommes, le vin, fruit de la vigne et du travail des hommes. Et répondant à la prière du prêtre : Père, nous te supplions de consacrer les offrandes que nous t’apportons. Sanctifie les par ton Esprit pour qu’elles deviennent-pour que nous devenions- le corps et le sang de JCNS, il nous christi-fie. Ce que nous faisons, les chants, la liturgie, c’est bien mais ce qu’il fait lui est autrement plus important.

D’autre part quand on demande des messes, on les demande le plus souvent pour des défunts. C’est très bien. Il faut prier pour les défunts Certes  le Seigneur veut que tous les hommes soient sauvés. Je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi (Jean 17,24 ) dit-il en priant le Père le Jeudi Saint au soir. Après notre mort, nous serons auprès du Seigneur, mais comme nous sommes pécheurs, nous serons encore un peu éloignés   et nous aurons encore  besoin de prières, pour être vraiment tout près de lui et de nos parents et amis qui nous auront précédés dans l’au-delà. Nous demandons aussi des messes pour la guérison d’un malade, pour un foyer en difficulté, ,pour la  réussite à un examen ou pour toutes sortes d’intentions particulières. C’est très bien de demander des messes pour que le Seigneur nous accorde le bien que nous souhaitons pour nous-même et nos proches Mais pourquoi ne demandons-nous jamais des messes pour que le Seigneur nous accorde le bien que lui veut nous donner : pour que  notre consécration et notre christification commencées le jour de notre baptême soient renforcées et renouvelées ?

Que retenir de tout cela ?

Le miracle de la multiplication des pains que nous apporte l’évangile d’aujourd’hui a été un peu raté parce que la foule n’y a vu que le prodige de la nourriture distribuée gratuitement. Elle n’a pas vu à travers ce prodige le signe de la présence de Dieu , venu lui donner le Pain de Vie. Quand nous prions nous demandons au Seigneur de nous donner ce qui, d’après nous, est bon pour nous, c’est bien, mais ce serait encore mieux de lui demander ce qui, d’après lui, est bon pour nous. De nous deux, n’est-ce pas lui qui sait le mieux ce qui est bon pour nous ? C’est ce qu’exprime cette prière que je vous cite en terminant. (Peut-être vous l’ai-je déjà citée)

1  Mon Dieu,                                                                             2  Mon Dieu,

   N’écoute pas ma prière,                                                            N’écoute pas ma prière,                                                      

   Même si ce qu’elle te dit                                                           Même si ce qu’elle te demande  

   Est bien.                                                                                     Est bon.

   Parce que Toi,                                                                            Parce que Toi,  

   Ce que Tu veux me dire                                                             Ce que tu veux me donner

   Est tellement mieux !                                                                 Est tellement mieux

3    Mon Dieu,                                                                            4  Et surtout,                                                                

     N’écoute pas ma prière                                                            Mon Dieu, Fais que j’écoute,

     Mais fais en moi ma prière                                                      Que toujours,  

     Et puis écoute,                                                                          J’écoute en moi

     Ecoute en moi Ta prière                                                           Ta prière.