Dimanche 27 août

21ème dimanche du temps ordinaire – Année A – Mt 16, 13-20

«  Je te donnerai les clés du royaume des Cieux. »

Jésus intriguait. On se demandait qui il était vraiment. Sa prédication ne s’adressait pas aux Juifs seulement comme celle d’ Elie, qui lui ausi s’adressait aux étrangers. Parfois il répétait mot pour mot les paroles de Jean Baptiste et comme Jérémie, il annonçait la ruine du Temple. On le prenait donc parfois pour un prophète. Certains même se demandaient s’il ne serait pas le Messie… On ne savait que penser. D’autant que les prêtres, les docteurs de la Loi, l’ensemble du milieu clérical et les Pharisiens,de leur côté, lui étaient profondément hostiles. Ils lui reprochaient de violer la Loi, d’introduire des nouveautés et de changer la religion.

D’après eux, il fallait respecter la Loi jusque dans le moindre détail. et surtout ne rien changer. Tout était une affaire de pratiques extérieures. Jésus critiquait cette interprétation légaliste de la religion. Pour lui, l’important était d’aimer Dieu et son prochain et l’amour devait inspirer toute la vie. Il était bon et miséricordieux, même envers les pécheurs. Les prêtres, les docteurs de la Loi et les Pharisiens au contraire, passaient leur temps à juger, condamner et mépriser les petites gens, lesquels étaient ravis d’entendre Jésus remettre à leur place tous ces notables arrogants. L’opinion publique était de plus en plus favorable à Jésus tandis que le prestige des prêtres et des lévites s’effondrait. Vexés et remplis de jalousie, ils voulaient à tout prix faire passer Jésus pour un révolutionnaire et un impie.

C’est dans ce contexte troublé que le Christ demande à ses apôtres ;« Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ?« St Pierre, toujours le premier à réagir répond aussitôt « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant.«  Christ, c’est à dire celui qui a reçu l’onction, la consécration, l’investiture. Le Christ avait reçu l’onction le jour de son baptême. L’Esprit Saint était descendu sur lui sous la forme d’une colombe tandis qu’une voix venue du ciel disait« Celui-ci est mon Fils bien-aimé ». (Mt.5,17)Tous les assistants en avaient été témoins. St Pierre affirme donc :Tu es Christ, consacré, mais pas comme un simple prophète, il ajoute : tu es aussi Fils de Dieu.

Jésus reprend alors la parole pour le féliciter et souligner qu’il n’a pas trouvé ça tout seul : Ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela mais mon Père qui est aux cieux. Personne ne peut connaître Dieu. Notre intelligence est trop courte pour l’atteindre et notre coeur trop étroit pour le comprendre. « Lui, l’au-delà de tout, …lui, l’indicible car tout ce qui se dit est sorti de lui, …lui l’inconnaissable car tout ce qui se pense est sorti de lui » comme dit l’hyme de St Grégoire de Naziance, si nous arrivons à saisir quelque chose de lui, c’est parce qu’il s’approche de nous et se révèle. Aujourd’hui, si nous croyons que le Christ est Dieu, c’est parce que l’Esprit nous éclaire « Nul ne peut dire Jésus est Seigneur si cen’est par l’Esprit Saint » dit St Paul aux Corinthiens (1Cor.12, 3). Mais encore faut-il que nous ayons le coeur et l’esprit ouverts pour recevoir la révélation que le Seigneur nous fait de lui-même. Combien ont vu le Christ de leurs yeux et l’ont entendu de leurs oreilles sans le reconnaitre !

Alors, moi aujourd’hui est-ce que je le reconnais ? Et comment je le reconnais ? Peut-être que je crois que le Christ est Dieu, comme je crois que Tokyo est la capitale du Japon, mais cela ne change rien à ma vie de tous les jours ….. Ou bien, peut-être que le Christ tient une certaine place dans ma vie. Lorsque survient une difficulté ou une épreuve, je me tourne vers lui, j’ai confiance que, dans sa bonté, il va me venir en aide, mais le reste du temps, quand tout va bien,il n’est pas présent dans ma vie. C’est déjà bien d’avoir confiance en lui dans les moments difficiles, mais c’est dommage de l’ignorer le reste du temps. Comme si le Christ était une sorte de roue de secours, éternelle et increvable. On y tient à sa roue de secours. Elle est toujours dans le coffre de la voiture. Mais on espère bien qu’on n’aura pas à s’en servir…Ou alors, ce serait l’idéal, peut-être que je regarde le Christ comme celui qui me donne la vie, l’intelligence et un certain nombre de talents, je le regarde comme celui qui est à l’origine de tout ce qu’il y a de bien en moi, comme celui qui me confie un petit morceau de son royaume à édifier, afin que là où je suis, il y ait un peu plus de justice, de paix, de charité. Alors là, il n’est plus un Dieu roue de seourss, il serait plutôt le moteur et le GPS qui me fait avancer et me guide tout au long de ma route. Cela suppose que je sois continuellement vigilant, très attentif à discerner quels sont ses désirs, ses projets pour moi, sans tension ni inquiétude, parce que je sais qu’il veut le meilleur pour moi. C’est pourquoi St Paul exhortait les Colossiens à rester « sur le qui-vive dans l’action de grâces » (4,2)

L’évangile poursuit en nous rapportant comment Jésus répond à la profession de foi de St Pierre en l’instituant chef de l’Eglise : « Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise…Je te donnerai les clés du Royaume« . Ce n’est pas que Pierre ait les qualités requises, mais il peut compter sur la formation que le Seigneur veut donner à ses apôtres « je ferai de vous des pêcheurs d’hommes » (Mc1,17) leur a-t-il dit lorsqu’il les a appelés. Aujourd’hui encore, comme il l’a fait avec les apôtres, le Seigneur nous demande parfois de faire des choses qui dépassent nos capacités. Mais, avec son aide, nous pouvons y parvenir.

Et puis l’évangile se termine par la consigne que donne Jésus à ses apôtres de ne dire à personne qu’il était le Messie Pourquoi cette consigne ? Parce qu’il ne veut pas qu’on le reconnaisse comme Messie pour de mauvaises raisons, parce qu’il parle bien ou parce qu’il fait des miracles étonnants. Il est venu parmi nous pour révéler que Dieu était Amour et la seule chose qui puisse vraiment le prouver, c’est sa passion et sa résurrection, parce que c’est là, quand il donne sa vie pour nous, que se manifeste de la manière la plus éclatante, l’infini de son amour.

Que retenir de tout cela ? 

L’évangile d’aujourd’hui nous invite à faire le point : Pour moi aujourd’hui, qui est le Christ ? Est-ce que je crois que le Christ est Dieu comme je crois que Tokyo est la capitale du Japon, mais cela n’a aucune incidence sur ma vie ? Est-ce que pour moi, le Christ c’est celui qui vient à ma rescousse quand je suis en difficulté, mais le reste du temps, quand tout va bien, je l’ignore ? Ou bien, ce serait l’idéal, est-ce que le Christ et son évangile sont pour moi une référence constante, je ne fais rien sans lui demander comme St François d’Assise « Seigneur, que veux -tu que je fasse « ?

D’autre part l’évangile d’aujourd’hui nous invite à mettre notre confiance dans la grâce de Dieu qui nous permet de faire par nous-même ce que nous ne pouvons pas faire par nos propres forces Tu es le Messie, Fils de Dieu » dit St Pierre alors que c’est impossible à une intelligence d’homme de reconnaître une vérité de cet ordre. Appelé par Jésus à être chef de l’Eglise, alors qu’il est loin d’avoir les capacités nécessaires, il y parviendra malgré tout Alors n’ayons pas peur si parfois le Seigneur nous demande des choses impossibles. Comme Il sait que nous sommes incapables tout seuls de faire ce qu’il nous demande, il comblera nos insuffisances.

Et puis dans cet évangile le Christ nous dit : la preuve que je suis le Christ, c’est bien plus que la profondeur de mes paroles ou les merveilles de mes miracles c’est l’Amour qu’il y a dans mes paroles, dans mes miracles et surtout dans ma mort et ma résurrection. Pour nous aaujourd’hui, Cela veut dire que la preuve qu’un chrétien est chrétien ce n’est pas qu’il aille à la messe le dimanche ou qu’il fasse un peu de bien autour de lui de temps en temps, c’est que l’amour inspire tout dans sa vie. Puisse Dieu, seule source d’amour combler nos manques,« lui dont la puissance agissant en nous, dit StPaul, peut faire bien plus, infiniment plus que tout ce que nous pouvons désirer ou imaginer. » (Eph.3,20).