Dimanche  21  Septembre   2025

(Amos 8,4-7)  (1Tim. 2,1-8)  (Luc 16, 1-13) ; Englos  Ennetières

Le gérant malhonnête de cette parabole, apprenant qu’il est renvoyé, ne reste pas sans réagir.  Il convoque aussitôt les acheteurs qui doivent de l’argent à son maître et leur accorde d’importantes remises en truquant les factures. C’est du vol. Mais il espère que ces acheteurs, reconnaissants, l’aideront à se trouver une nouvelle situation, maintenant qu’il se trouve à la rue.  Le Christ, sans faire le moins du monde l’éloge de sa malhonnêteté, le propose en exemple pour sa débrouillardise.

Par ailleurs, le Christ regrette d’avoir à le constater, les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière. Qu’est-ce que le Christ reproche aux fils de la lumière ? Il leur reproche, me semble-t-il, un certain immobilisme. Les prêtres, les lévites, les docteurs de la Loi et les Pharisiens, mettent en avant un souci légitime de prudence pour refuser toute évolution,   ou  tout changement qui selon eux ne pourraient qu’introduire des hérésies. En réalité, comme  leur   manière de pratiquer la religion leur vaut prestige et autorité dans la société, ils n’ont pas envie que ça change et s’accrochent à leurs habitudes. Pour eux il faut figer et fixer la religion. C’est cela qu’ils veulent par-dessus tout. Au contraire, Jésus veut faire avancer les choses. A six reprises dans le Sermon sur la Montagne que l’on peut regarder comme son discours inaugural, sans jamais aller contre la Loi, mais en la renforçant au contraire, il répète :Vous avez appris qu’il a été dit… et moi je vous dis. Par exemple, à propos de l’adultère, Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras pas d’adultère. Et moi je vous dis quiconque regarde une femme avec convoitise a déjà, dans son coeur, commis l’adultère. Et quand on veut le retenir quelque part, il refuse : Il faut que j’aille annoncer l’Evangile  aux autres villes d’Israël (Luc 4,43) dit-il par exemple aux habitants de Capharnaüm. Jésus veut toujours faire avancer les croyants dans leur connaissance et leur amour de Dieu. En face de lui les prêtres les docteurs de la Loi, toute l’Eglise établie, s’efforcent de freiner  tout changement et d’empêcher toute innovation par crainte des déviations et des hérésies Mais  derrière cette préoccupation respectable se cache le cléricalisme de tous ceux qui veulent préserver leur autorité et  leur prestige. C’était vrai du temps de Jésus et c’est encore vrai aujourd’hui.

 Aujourd’hui encore le Christ pourrait nous reprocher sinon l’immobilisme qui régnait dans l’Eglise de son temps, du moins une certaine lenteur excessive à réaliser les ajustements nécessaires. Dans notre société où tout change et de plus en plus rapidement, l’Eglise elle aussi change mais beaucoup trop lentement, handicapée par l’inertie entraînée par la lourdeur des coutumes établies. Certes des avancées spectaculaires ont été faites. Aujourd’hui, notre participation à la messe du dimanche n’a plus rien à voir avec ce qui se passait il y a 60 ou70 ans ! Les laïcs prennent une place toujours plus grande dans la préparation aux sacrements, baptêmes, premières communions, mariages, ou dans la célébration des funérailles. Les diacres et les comités paroissiaux dynamisent avec bonheur la réforme liturgique et l’élan donné par le concile Vatican II. Mais il reste des progrès à faire. Notre Eglise en France reste en retard par rapport à l’Eglise des pays de mission

Pour moi qui ai été 36 ans à Madagascar, ce retard me peine et me choque beaucoup. Par exemple, dans notre paroisse de Ste Thérèse en Weppes qui compte je crois 10 clochers, chaque dimanche une église est ouverte où on célèbre la messe et les 9 autres sont fermées. Dans le district dont j’avais la charge à Madagascar et qui comptait 32 clochers, comme dans tous les districts  de brousse de tous les diocèses, en mission, toutes les églises étaient   ouvertes tous les dimanches. Dans chaque église où le prêtre n’était pas présent,  un  catéchiste, le plus souvent un homme, mais quelquefois une femme présidait la prière dominicale de l’assemblée et faisait  l’homélie. Parfois il avait étudié un an dans une école de catéchistes, mais dans la plupart des cas,  c’est le curé du district qui assurait la formation théologique et spirituelle des catéchistes  Or leur niveau comme le niveau des membres des comités paroissiaux là-bas  était  certainement  inférieur au niveau des membres des EAP d’ici. Pourquoi ici, reste-t-on en-deça de ce qui se fait couramment en pays de mission et qui a fait ses preuves depuis des générations ? Il ne s’agit pas de faire n’importe quoi, n’importe comment, c’est vrai. Et il revient aux prêtres et spécialement à la hiérarchie de veiller à ce que la doctrine de l’Eglise soit partout respectée. Les déviations que l’on constate dans les sectes nous invitent à la prudence. Mais  la prudence est parfois aussi source de maladresses et de catastrophes. Au XVII° siècle, lors de la querelle des rites,  par prudence, le Vatican a condamné le culte des ancêtres en Chine comme une superstition. Nous savons aujourd’hui que c’était une erreur. Cela a définitivement stoppé l’évangélisation de la Chine. Sans cette condamnation, la Chine serait chrétienne aujourd’hui. Et nous avons encore tous en mémoire l’arrêt malencontreux,  décidé par la hiérarchie, de l’expérience des prêtres ouvriers et des ADAP.  Le Christ a-t-il toujours été prudent ? Il ne faut pas que, par peur de tomber, on renonce à aller de l’avant. On a parfois l’impression que l’Eglise avance  à reculons, le dos tourné à l’avenir, les yeux fixés sur ce qui se faisait il y a  50 ou 60 ans,  que l’on considère comme la seule Tradition respectable et qu’il faut  observer sous peine de péché mortel !!!

Au cours des premiers siècles, avant qu’il y ait des prêtres, l’Eucharistie était célébrée  et présidée par un laïc, un ancien, le presbuteros. Des femmes occupaient des rôles importants  à la tête des communautés chrétiennes. (Voyez  la fin de l’épitre aux Romains) Cela aussi c’est la Tradition de l’Eglise. Pourquoi l’ignorer systématiquement ? Pendant des siècles, les assemblées chrétiennes étaient surtout composées de personnes ne sachant ni lire ni écrire, les clercs  étant les seuls instruits ont pris toute la place. On ne pouvait pas faire autrement. Mais aujourd’hui non  seulement tout le monde sait lire et écrire mais on peut trouver ici ou là des laïcs plus diplômés en théologie et en ecclésiologie que leur curé !  Il est temps de rendre aux laïcs la place qui leur revient. La liturgie du baptême le dit explicitement Tout baptisé est membre du Christ prêtre, prophète et roi. Tout baptisé participe au sacerdoce du Christ qui nous envoie tous à travers le monde. Allez, enseignez toutes les nations. (Mt.28,19) pour répandre l’évangile, avec, si possible, autant de dynamisme et d’esprit d’entreprise que les fils de ce monde, les industriels pour répandre leurs produits sur tous les marchés du monde.

Que retenir de tout cela ?

Dans cette page d’évangile, le Seigneur nous invite à être aussi dynamiques et entreprenants que les fils de ce monde dans la gestion de leurs affaires, sans pour autant faire de l’argent notre Dieu.  Il nous invite à ne pas rester figés dans nos pratiques et nos habitudes, même bonnes, mais à toujours chercher à mieux  le connaître et l’aimer  afin de pouvoir entraîner à sa suite tous les braves gens qui nous entourent et qui ne le connaissent pas. Un chrétien doit toujours être sur une voie de progrès. Pour un chrétien , partout et toujours, la consigne,  c’est « Stationnement interdit » !!!

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