29° Dimanche du temps ordinaire – année C – Luc 18,1-8
« Dieu fera justice à ses élus qui crient vers lui »
Dans cette parabole le Seigneur nous invite à la confiance, à prier sans nous décourager : si un juge injuste comme celui de la parabole, qui se moque de la Loi divine et des lois humaines en vient à céder aux prières instantes d’une veuve, combien plus le juste juge écoutera-t-il les supplications incessantes des élus. Le Dieu que les Juifs appelaient Yahvé et qu’ils voyaient comme un être tout puissant, mystérieux et redoutable, le Christ est venu révéler qu’il était en fait un Dieu Amour, un Père qui aime les hommes ses enfants et veut leur bonheur. Donc quand on prie, on ne s’adresse pas à un Dieu indifférent ou hostile qu’il faudrait convaincre de s’intéresser un peu à nous, à coups d’interminables supplications. Désormais on s’adresse à un Dieu attentif,qui veille sur nous sans cesse. Par conséquent, »quand vous priez ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent que c’est à force de paroles qu’ils se feront exaucer. Ne leur ressemblez pas car votre Père sait ce dont vous avez besoin avant que vous le lui demandiez. » (Mt. 6,7,8)
N’empêche qu’il reste des raisons de se décourager. Comment cela ? D’abord, comme le Seigneur n’exauce pas toujours nos prières, par moments nous sommes tentés de nous demander s’il y a vraiment un Dieu qui nous écoute. Et puis, comme malgré toutes les prières des justes, les violences les guerres,les injustices ne cessent de s’étaler partout dans le monde, nous en venons à penser que s’il y avait un Dieu il ne permettrait pas que tout cela se passe. Notre foi vacille.
D’où cela vient-il que le Seigneur n’écoute pas nos prières et ne nous donne pas toujours ce que nous lui demandons ? Est-ce que c’est lui qui ne veut pas ? Impensable. Dans l’évangile de St Mt et de St Jean, même s’il ne dit jamais : demandez et vous recevrez ce que vouss demandez, le Seigneur a quand même promis : « Demandez et vous recevrez, frappez on vous ouvrira. Quiconque demande reçoit, qui cherche trouve, à qui frappe on ouvrira (Mt.7,7) Alors, si le Seigneur n’exauce pas nos prières, cela doit venir de nous, de nos prières qui sont inappropriées. Il peut arriver que ce que nous demandons et que nous pensons être bon pour nous, en fait ne l’est pas. C’est pourquoi le Seigneur ne nous l’accorde pas. Exactement comme une maman ne donne pas à son enfant le couteau avec lequel il veut jouer. Cela, nous pouvons le comprendre…………………….. Mais parfois le refus de Dieu d’écouter notre prière est vraiment incompréhensible. Un petit enfant est gravement malade. Tout le monde prie pour qu’il guérisse. Et il meurt. Nous ne pouvons pas comprendre. Impossible. Nous sommes au bord du désespoir, notre foi ne parvient pas à nous réconforter. D’un autre côté, il faut bien nous rendre compte que dans ce cas précis, une partie des chose nous échappe. Nous ne savons pas comment ce petit enfant a été reçu dans le royaume et quel avenir lui est réservé. Nous restons seulement anéantis devant le petit cercueil blanc. Nous ne pouvons pas comprendre. Comme un petit enfant que sa maman a conduit au dispensaire pour être vacciné. L’enfant hurle, la piqûre lui a fait mal, mais surtout il hurle de désespoir : sa maman qui l’aime bien, en qui il avait entière confiance, c’est elle qui l’a conduit au dispensaire où on l’a fait souffrir. Il ne peut absolument pas comprendre que la souffrance causée par le vaccin douloureux auquel le soumet sa maman, est quelque chose de bon pour lui. Il comprendra plus tard.
Et puis, autre raison de nous décourager : quand on voit tout ce qui se passe dans le monde, les injustices, les violences, les guerres actuellement en Ukraine, en Ethiopie, au Moyen Orient, tous ces peuples victimes de dictateurs paranoïaques en Asie, ou des cartels de la drogue en Amérique Latine, on se demande comment Dieu qui est bon peut tolérer tout cela, pourquoi il n’intervient pas. C’est vrai que Dieu qui est Amour respecte la liberté des hommes. En amour, on ne force pas. Mais quand même…Nous ne comprenons pas. Notre foi vacille. Oui, à certains
moments, découragés, nous sommes tentés de penser : ce n’est pas possible, il n’y a pas de Dieu. S’il y avait un Dieu il ne permettrait pas que tous ces malheurs se produisent. Le Christ avait pressenti la possibilité de tels reniements. C’est ce qui lui fait dire : Le Fils de l’homme quand il reviendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ?
Devant le refus de Dieu d’exaucer certaines prières qui nous paraissent indiscutablement bonnes, comme une prière pour obtenir la guérison d’un petit enfant gravement malade ou devant l’apparent manque de réaction de Dieu face au mal qui prolifère dans le monde, oui, découragés, nous sommes fortement tentés de douter. Nous ne comprenons pas. Nous comprendrons plus tard.Comme le petit enfant qui sort du dispensaire en hurlant de désespoir parce que c’est sa maman en qui il avait toute confiance qui l’a emmené au dispensaire où on l’a fait souffrir. Il doute de sa maman. il ne croit plus en sa maman. Pourtant sa maman l’aime encore et elle est bouleversée de voir son petit sangloter.Comme le Christ est bouleversé de voir les foules errant sans pasteur. Il pleure sur Jérusalem promise à la destruction (Luc 19,41) Et nous avons toutes les raisons de croire qu’il pleure actuellement sur les malheurs des Ukrainiens, des Yénénites, des Ethiopiens, de toutes les victimes de violence ou d’injustice dans notre monde. Touché par la souffrance des malades, il les guérissait. Au tombeau de Lazare, même s’il savait que dans quelques instants il allait le ramener à la vie, devant la tristesse et les pleurs de sa famille et de ses amis, il a craqué et n’a pas pu retenir ses larmes. Alors on peut prier un Dieu comme ça. Nos peines, nos souffrances, nos tristesses, il sait ce que c’est, il est passé par là avant nous. On peut avoir confiance en lui. Notre foi peut vaciller à certains moments, mais elle ne saurait s’effondrer. Oui, c’est vrai, parfois, il ne nous donne pas ce que nous lui demandons. Mais qui sait le mieux, quel est le meilleur pour nous? Lui ou nous ? Si c’est lui, alors il faut lui laisser le choix de nous donner ce qu’il veut nous donner, et de nous refuser ce qu’il veut nous refuser.
Que retenir de tout cela ?
Dans l’évangile d’aujourd’hui le Christ nous presse de toujours prier sans nous décourager. Nous sommes tentés de nous décourager quand nous voyons que le Seigneur ne nous donne pas ce que nous lui demandons et quand nous voyons que le Seigneur n’intervient pas pour faire cesser les crimes, les violences et les injustices dans notre monde. Nous ne pouvons pas comprendre. Exactement comme le petit enfant ne peut pas comprendre que sa maman lui fasse subir une vaccination douloureuse. Il comprendra plus tard. Nous aussi, ce que nous ne pouvons pas comprendre maintenant, nous le comprendrons plus tard.
En attendant, quoi faire ? Faire comme le petit enfant qui pleure après la vaccination douloureuse. Il est désespéré. La cause de son chagrin, plus que le vaccin douloureux, c’est le fait que c’est sa maman qui l’a amené au dispensaire où elle l’a laissé souffrir. Mais comment réagit-il ? Qu’est-ce qu’il fait ? Il se serre plus fort contre sa maman. Il ne s’éloigne pas de sa maman, il s’accroche plus fort à son cou. Eh bien nous aussi, quand, découragés, notre foi vacille, comme le petit enfant qui s’accroche plus fort au cou de sa maman,raccrochons nous plus fort à notre foi qui nous dit que notre Dieu est un Père qui nous aime et veut ce qu’il y a de meilleur pour nous, même si ce que sa Providence nous envoie n’ a pas l’air si bon que ça. Qui donc sait le mieux quel est le meilleur pour nous ? Lui ou nous ? Si c’est lui qui sait quel est le meilleur pour nous, laissons lui le choix de nous donner ce qu’il veut nous donner et de nous refuser ce qu’il veut nous refuser. Peut-être qu’un jour nous aurons suffisamment confiance en lui pour dire comme Ste Thérèse de Lisieux : « C’est ce qu’il veut que j’aime le mieux »