32° Dimanche du temps ordinaire – année C – Luc 20,27.34-38
« Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. »
Avant de commenter la discussion de Jésus avec les Saducéens à propos de la résurrection, j’aimerais faire une remarque cocasse. Beaucoup, aujourd’hui disent ne pas croire à la résurrection. Mais croit-on à la mort ? On peut se le demander quand on constate que tout le monde a peur des morts. Si on croyait qu’ils sont vraiment morts,…….en aurait-on encore peur ?
Les Saducéens étaient un groupe de Juifs pratiquants. très conservateurs, adeptes d’une interprétation littérale de la Loi de Moïse. Ils estimaient que la résurrection n’est pas fondée dans cette Loi. Ils la considéraient donc comme une innovation. Pour eux, Jésus est un dangereux novateur qui met en péril la vraie foi. Ils s’efforcent donc de l’attaquer sur ce point précis de la résurrection, en présentant le cas de sept frères qui épouseraient successivement la femme de leur aîné mort sans enfant, ainsi que l’exigeait la loi du lévirat. A la résurrection, demandent-ils à Jésus, duquel des sept frères la malheureuse femme sera-t-elle l’épouse ? Jésus leur rétorque aussitôt que dans la vie nouvelle de la résurrection, la vie est différente de la vie présente, on ne prend ni femme ni mari et en ce qui concerne la foi en la résurrection, il leur cite un passage de l’Exode auquel ils prétendent être fidèles, qui présente le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob comme le Dieu des vivants et non pas le Dieu des morts. (Ex.3,6)
__Nous aujourd’hui, pourquoi croyons-nous en la Résurrection ?
__ Que savons nous de cette vie nouvelle ressuscitée à laquelle nous croyons ?
__Que faut-il faire pour avoir part à cette vie nouvelle ressuscitée avec le Christ ?
Pourquoi croyons-nous en la résurrection ? Principalement pour deux raisons ; d’abord le Christ nous a dit on ne peut plus clairement : Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. (Jean11,25,26) et d’autre part, nous croyons en la résurrection parce qu’il est lui-même ressuscité. Et ce n’est pas seulement Jésus Christ vrai Dieu qui est ressuscité mais Jésus Christ vrai Dieu et vrai homme . Donc quelqu’un comme nous, semblable à nous, l’un de nous, est assis à la droite du Père. Il est arrivé quelque chose à la mort, on n’en meurt plus.
Que savons nous de cette vie nouvelle ressuscitée qui sera la nôtre, un jour ? Ni plus ni moins que ce que nous savons de la vie nouvelle du Christ ressuscité. C’est-à-dire trois choses : Elle sera éternelle. Elle sera différente de la vie présente.Les ressuscités auront un vrai corps mais différent de leur corps d’ici-bas.
D’abord la vie du Christ ressuscité est une vie éternelle, qui n’a pas de fin. Nous ressusciterons donc nous aussi pour une vie éternelle qui n’aura pas de fin.
Ensuite la vie du Christ ressuscité est une vie autre, différente de sa vie d’avant le Vendredi Saint, ce n’est pas une simple prolongation de sa vie d’avant sa mort sur la croix. A quoi repère-t-on que cette vie est nouvelle, autre, différente ? Par exemple au fait que, lorsqu’il apparaît à ses apôtres, il apparaît et disparaît soudainement. S’ils sont dans une salle il apparaît et disparaît tout-à-coup sans entrer ni sortir en passant par la porte. Le soir de Pâques et huit jours après, les apôtres étant réunis dans une maison et, nous dit St Jean, alors que toutes les portes étaient verrouillées, Jésus vint et se tint au milieu d’eux (Jean20,19 et 26) De même, il disparaît soudainement sans passer par la porte de l’auberge lors de son apparition aux disciples d’Emmaüs. Il prit le pain , le bénit, le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent, puis il leur devint invisible. (Luc 24,31) nous rapporte St Luc. La vie du Christ ressuscité est donc bien une vie autre, différente de sa vie d’avant la Passion.Par conséquent notre vie de ressuscités sera comme la vie du Christ ressuscité, une vie autre, différente de la vie présente.
Cela ne veut pas dire que le Christ ressuscité est un espèce de fantôme Il a un corps. C’est la troisième chose que nous savons de façon sûre, à propos de la vie nouvelle du Christ ressuscité. Il a un corps qu’il invite les apôtres à toucher : Regardez mes mains et mes pieds; c‘est bien moi. Touchez moi, regardez, un esprit n’a ni chair ni os comme vous voyez que j’en ai. Comme ils étaient encore incrédules, il leur demanda à manger. Ils lui offrirent du poisson grillé ; il le prit et le mangea sous leurs yeux. (Luc 24, 39 et 43) Donc comme le Christ ressuscité nous ressusciterons pas à l’état de fantômes, mais avec un corps mais un corps différent de notre corps actuel.
Que faut-il faire pour avoir part à la vie nouvelle ressuscitée avec le Christ ? Le Seigneur veut que tous nous soyons avec lui. Je veux que là où je suis, mes disciples soient eux aussi avec moi (Jean14,6) Mais il ne nous entraîne pas de force. Il n ‘a jamais dit que tous nous serions avec lui obligatoirement et nécessairement. Il a dit au contraire qu’il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus (Mt.22,14) et que le Seigneur rendra à chacun selon sa conduite (Mt.16,27) ceux qui ont fait le bien, ressusciteront d’une résurrection qui mène à la vie, ceux qui auront fait le mal pour une résurrection qui mène au jugement (Jean 5,29) les uns pour la vie éternelle, les autres pour le châtiment éternel. (Mt.25,46).Pas de quoi nous plonger dans la frayeur ou l’angoisse. Rappelons nous que le premier homme dont nous sommes sûrs qu’il soit sauvé, c’est un gangster, le bon larron, auquel le Christ a dit Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis (Luc 23,43) Dès lors, nous qui ne sommes tout de même pas des gangsters, nous pouvons raisonnablement estimer que nous avons nos chances!!! Mais pratiquement, qu’est-ce qu’il faut faire ? Tout simplement garder Dieu devant les yeux Ne pas nous noyer dans le détail de nos occupations présentes, comme ces malheureux travailleurs d’un chantier naval dont parle Antoine de Saint-Exupery :le charpentier te parle de ses planche, le cloutier te parle de ses clous, le voilier te parle de ses voiles et tous oublient la mer. Ne pas nous noyer dans l’immédiat mais nous maintenir la tête hors de l’eau,. Ne pas perdre de vue le Seigneur, lui demander en toute occasion dans notre prière : Seigneur, que veux-tu que je fasse, comment veux-tu que je réagisse ? Et lui qui est La Voie, la Vérité, la Vie (Jean 14,6)nous mènera à bon port.
Que retenir de tout cela ?
Pourquoi croyons nous en la résurrection ? Parce que le Christ nous dit dans l’Evangile Je suis la Résurrection et la Vie.Celui qui croit en moi, même s’il meurt vivra (Jean 11,25). Je veux que là où je suis, vous soyez, vous aussi, avec moi (Jean 17,24 ) Ne confondons pas la résurrection avec une simple réanimation, comme dans le cas de Lazare ou de la fille de Jaïre que le Christ a ramenés à leur vie précédente mais qui sont morts quelque temps après.
Qu’est-ce que nous savons de notre résurrection ? Trois choses. D’abord, comme celle du Christ, notre résurrection marque l’entrée dans une vie qui n’aura pas de fin. Ce sera une vie différente de notre vie présente. Nous ressusciterons avec un corps différent de notre corps actuel.
Personne n’échappera à la résurrection ni à la vie éternelle. Mais pour les justes, cette vie éternelle sera une éternité de bonheur et pour les autres une éternité de châtiment. Que faut-il donc faire pour entrer dans une éternité de bonheur ? Le Seigneur, de son côté, nous y appelle tous, il ne met personne à l’écart. Mais encore faut-il que, de notre côté, nous répondions à cette invitation en marchant chaque jour dans la bonne direction. On ne peut pas dire : la résurrection, la vie éternelle, on verra ça plus tard. Non, c’est maintenant que cela se joue. La perspective de la résurrection et de la vie éternelle, c’est ce qui doit inspirer notre manière de vivre chaque jour. Ne nous laissons pas abrutir dans les planches, les clous, les voiles,… en oubliant la mer …Ne nous laissons pas abrutir dans le quotidien immédiat étriqué …en oubliant le Seigneur qui nous attend au bout du chemin,pour nous accueillir au seuil d’un bonheur éternel qu’il a préparé pour nous.