33° Dimanche du temps ordinaire – année C – Luc 21,5-19
« C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. »
Jésus et ses disciples admirent le Temple. Il est comme neuf. Sa restauration commencée dans les annes19, 20 vient d’être achevée. Ce temple n’est pas une sorte de grande cathédrale, c’est un ensemble de 400m. sur 300 m. environ comprenant autour de l’autel des sacrifices situé en plein air, le Saint des Saints, l’Arche d’Alliance, le temple de Salomon et différents parvis, le tout entouré de hautes murailles. En contemplant cet édifice impressionnant,les apôtres ressentent un fort sentiment de sécurité et de puissance. Dieu est là. L’Arche d’Alliance est le symbole de sa présence au milieu d’eux. Le Seigneur a fait alliance avec leur ancêtre Abraham. Il ne peut rien leur arriver. Ils sont le peuple de Dieu. Mais le Seigneur refroidit leur enthousiasme en leur révélant que des jours viendront où il ne restera pas pierre sur pierre de la magnifique construction qu’ils ont sous les yeux : tout sera détruit. A quoi le Seigneur fait-il allusion ? A la destruction de Jérusalem par les Romains qui aura lieu en 70 ? Peut-être, mais il fait surtout allusion aux bouleversements qui marqueront son retour à la fin des temps. Stupéfaitsles apôtres lui demandent QUAND cela arrivera-t-il ?Le Christ ne répond pas la question des disciples. Sa réponse porte sur COMMENT attendre ce jour là et s’y préparer.
D’abord il les met en garde contre les fausses annonces d’un retour prochain du Seigneur. Beaucoup viendront et diront « c’est moi »ou « le moment est tout proche »Ne marchez pas derrière eux. De fait dans le premiers temps de l’Eglise, tout de suite après la Pentecôte, certains parmi les premiers chrétiens, persuadés que le retour du Seigneur est imminent, vont cesser de travailler et mener une existence désordonnée, d’où les remontrances de St Paul que nous avons entendues dans la deuxième lecture, par lesquelles il exhorte tous les croyants à travailler dans le calme pour manger le pain qu’ils auront gagné.
Ensuite le Seigneur annonce une série de malheurs guerres, famines, épidémies, tremblements de terre qui accompagneront son retour à la fin de ce monde, lequel sera précédé de violentes persécutions contre les croyants. Mais en même temps le Seigneur rassure : Vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense. C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer…Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. Et un peu plus loin, au verset 28, il va même jusqu’à dire : Quand ces évènements commenceront à se produire, redressez-vous et relevez la tête, car votre délivrance est proche.Ce qui veut dire que la fin de ce monde sera en même temps l’avènement d’un monde nouveau. D’ailleurs dans la première lecture nous avons entendu le prophète Malachie présenter le jour du Seigneur comme celui du jugement entraînant la ruine de ceux qui commettent l’impiété et le triomphe des justes : Pour vous qui craignez mon nom, le soleil de justice se lèvera, il apportera la guérison dans son rayonnement.
En d’autres termes, cet évangile nous fait savoir deux choses. D’abord que le monde présent, un jour viendra où il n’en restera rien. Ensuite que le retour du Seigneur à la fin de ce monde marquera en même temps pour les justes l’heure de la délivrance dans un monde nouveau. Il est donc inexact de parler de la fin du monde,comme si, après, il n’y avait plus rien. Il serait plus exact de parler de la fin de ceun monde qui marque l’avènement d’un monde nouveau délivré du mal, du péché et de la mort.
Le monde que nous avons sous les yeux disparaîtra un jour. Tout le monde en convient. Au point que ces temps ci les milieux scientifiques et écologistes tiennent des propos alarmants : des frontières auraient été franchies, notamment en matière de climat et de biodiversité, dans quelques dizaines d’années il n’y aurait plus de terres cultivables, des bouleversements semblables à ceux qui ont causé la disparition des dinosaures pourraient se produire. Peut-être… . En tous cas l’ Ecriture nous présente le dernier jour de ce monde comme le jour du jugement qui marquera l’entrée dans un monde nouveau où les pécheurs seront condamnés et où les justes triompheront, ainsi que le dit Malachie dans la première lecture. L’évangile de St Matthieu est plus clair encore : Alors deux hommes seront aux champs, l’un sera pris et l’autre laissé… Veillez donc car vous ne savez pas quel jour le Seigneur va venir. (MT.24,40-42) On comprend que le Christ ne réponde pas à la question des apôtres qui demandent quand est-ce que cela va arriver, mais qu’il leur indique, c’est plus urgent, comment attendre et se préparer à ce jour : Loin de les plonger dans l’angoisse, il les rassure :C’est par votre persévérance que vous serez sauvés.
La question se pose pour nous aujourd’hui : comment attendre et se préparer à la venue du Seigneur à la fin des temps ? Mais ce n’est peut-être pas le plus pressant. Très probablement la fin des temps, ce n’est pas pour tout de suite. Par contre, la fin de mon temps, cela pourrait être aujourd’hui, je ne suis pas sûr et personne n’est sûr d’être encore là demain ! Alors quoi faire ? Pas question d’être inquiets ou angoissés. Ce serait insultant envers le Seigneur,Lui qui a donné sa vie pour nous, et dans quelles conditions ! Ce serait injurieux de le voir comme un flic en embuscade cherchant à appréhender des délinquants. Ce qu’il veut c’est que tous les hommes soient sauvés (1Tim.2,4) Sûrs que rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu, nous pouvons donc avancer à sa rencontre sereinement mais appliqués, chaque jour, avec sérieux, à accomplir sa volonté. J’en reviens toujours à ceci : lorsqu’on achète quelque chose, on l’utilise toujours dans la pensée de celui qui l’a fabriquée. Eh bien la vie il s’agit de l’utiliser aussi dans la pensée de celui qui l’a fabriquée ! Et j’aime me reporter à cette expression d’une des prières de la messe : Tu as créé l’homme à ton image et Tu lui as confié l’univers afin qu’en te servant Toi son créateur, il règne sur la création ce qui laisse entendre que si dans notre usage de la création nous cessons de servir Dieu, de suivre sa volonté, ça va coincer. Et en effet, nous le voyons tous les jours, lorsqu’on se laisse prendre par la passion de l’orgueil, de la volonté de puissance, de l’égoïsme, du profit, de l’argent, on tombe dans toutes sortes de désordres et de conflits économiques, sociaux, voire de guerres entre nations avec toutes les souffrances que cela entraîne. Quoi faire ? Etre attentif à la volonté du Seigneur. Il nous a placés chacun à un endroit donné en ce monde et nous a confié des responsabilités dans le cadre de notre famille, du quartier, du village ou de la ville où nous habitons. Nous avons tous quelque chose à faire pour que, là où nous sommes, s’établisse un petit coin de royaume de Dieu, avec davantage de paix, de justice et de charité.Chaque jour, dans notre prière, comme St François d’Assise, cherchons : Seigneur, que veux-tu que je fasse ?
Que retenir de tout cela ?
Le monde que nous avons sous les yeux et la vie présente, cela ne durera pas toujours. C’est certain. Mais l’évangile nous enseigne que la fin de ce monde marquera en même temps l’avènement du jour du Seigneur, jour de condamnation pour les pécheurs mais jour de joie et de libération définitive pour les justes dans un monde nouveau libéré du mal, du péché et de la mort. Il convient donc de nous préparer à ce jour là sereinement, sûrs de la bienveillance et de la miséricorde du Seigneur, mais sérieusement appliqués à accomplir sa volonté.
Cependant, il y a plus urgent et il y a mieux à faire qu’à nous préparer à la fin de ce monde. Très vraisemblablement aucun de nous ne verra ce jour là. Par contre chacun de nous verra la fin de son monde à lui,le jour de sa mort ! C’est surtout à ce jour là qu’il faut nous préparer. Sachons lever le nez au dessus du quotidien et garder Dieu devant les yeux pour accomplir, jour après jour, la tâche que le Seigneur nous a confiée de construire un petit bout de royaume de Dieu où règnent la paix la justice et la charité.En attendant de rencontrer le Christ qui nous attend au bout du chemin pour nous accueillir auprès de lui et nous réunir à nos parents, à nos amis, et à tous eux qui qui nous auront précédés auprès de lui.