Dimanche 27 novembre

1er dimanche de l’Avent – Année A – Mt 24,37-44

« Veillez pour être prêts »

Nous entrons aujourd’hui dans le temps de l’Avent qui nous prépare à la fête de Noël. Les textes de la messe des quatre dimanches qui viennent nous invitent à nous préparer à accueillir le Seigneur lors de sa venue. Mais on ne voit pas très bien de quelle venue il s’agit. Tantôt ils parlent de sa venue à la fin des temps, tantôt de sa venue à Noël ou encore de sa présence chaque jour au milieu de nous, car Il nous l’a bien dit : je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. ? (Mt.28,20) Aujourd’hui dans l’évangile le Christ nous presse vivement d’être prêts pour sa venue à la fin des temps : Tenez vous prêts, c’est à l’heure où vous n’y pensez pas que le Fils de l’homme viendra. C’est vrai que cela peut arriver n’importe quand et qu’il faut être prêts. Mais très vraisemblablement personne d’entre nous ne verra ce jour. C’est pourquoi je vous propose de laisser de côté la venue du Seigneur à la fin des temps et de réfléchir quelques instants sur deux questions plus urgentes: comment nous préparer à la venue du Seigneur à Noël c’est dans un mois, et comment mieux l’accueillir chaque jour.

Comment préparer sa venue à Noël ? Noël c’est Dieu qui se fait homme pour que l’homme soit fait Dieu, comme l’exprime très justement St Irénée. Attention à ne pas en rester au niveau d’une sentimentalité superficielle qui nous ferait voir Noël seulement comme l’histoire touchante d’un petit poupon bien mignon dormant paisiblement entre Marie et Joseph. Non, Noël ce n’est pas seulement le mystère de Dieu qui se fait homme mais le mystère de Dieu qui se fait homme pour que l’homme soit fait Dieu. Ce jour là, dans l’extrême discrétion de la naissance d’un petit enfant se produit un extraordinaire rebondissement dans l’histoire de la création de l’homme. Jusque là les hommes créés à l’image de Dieu étaient encore comme en face de lui ; il y avait encore une certaine distance entre lui et nous. Mais quand Jésus se fait homme, il n’y a plus de distance entre Dieu et l’homme, la divinité est entrée dans l’humanité. Dieu entre dans l’homme. Mais l’humanité n’ est pas pour autant entrée en Dieu, les hommes ne sont pas pour autant devenus automatiquement uns avec Dieu. C’est seulement s’ils le reçoivent qu’il leur est donné de pouvoir devenir uns avec lui. A tous ceux qui le reçoivent etqui croient en son nom est donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, ainsi que le dit l’évangile de St Jean (1,12)

Malheureusement quand il est venu il y a 2.000 ans on ne l’a pas reçu. Il est venu chez lui et les siens ne l’ont pas reçu nous dit St Jean (Jean 1,10) nous dit l’évangile. Seuls quelques bergers itinérants l’ont accueilli, des gens assez mal vus, qu’on soupçonnait de voler des poules dans les villages qu’ils traversaient. Nous aimerions que cette année cela se passe mieux. Mais les choses ne se présentent pas tellement bien. Certes on parle énormément de Noël, des fêtes de Noël, du réveillon de Noël, des cadeaux de Noël, des vacances de Noël, du marché de Noël, du Père Noël mais on ne parle guère de la naissance du Sauveur à Bethléem. Le Seigneur est le grand absent de cette fête de Noël qui devient une fête profane pour ne pas dire profanée. Que pourrions nous faire pour mieux accueillir le Seigneur à Noël, pour qu’il soit davantage présent dans nos coeurs et dans nos vies ? A Noël, on s’offre des cadeaux. Qu’est-ce que nous pourrions offrir au Seigneur pour son Noël ?

Peut-être que le plus beau cadeau que nous puissions lui offrir serait de mieux l’accueillir lorsqu’il vient nous rejoindre dans notre vie de chaque jour. Mais nous avons bien du mal à repérer sa venue. Que faut-il faire pour ne pas le rater ? D’abord il faut croire en sa venue ainsi qu’il nous l’a promis Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. Ensuite, il faut le chercher, l’attendre, non pas tel que nous l’imaginons, tel que nous le rêvons, mais tel qu’il est en réalité et c’est cela qui est difficile. Les Juifs attendaient le Messie avec impatience et ferveur. Pourtant ils l’ont manqué. Pourquoi ? Parce qu’ils l’attendaient selon leurs idées. Ils attendaient un Messie venant en gloire, ils n’ont pas pu le reconnaître dans le petit bébé de Bethléem Ils attendaient un Messie conquérant venant restaurer la grandeur d’Israël, ils n’ont pas pu le reconnaître dans un charpentier de village. Ils l’attendaient comme un justicier vengeur venant punir les pécheurs, ils n’ont pas pu le reconnaître dans celui qui venait sauver les pécheurs. Ils cherchaient un Messie là où il n’était pas et ne le voyaient pas là où il était.

J’ai bien l’impression qu’aujourd’hui nous ne sommes pas plus malins. Nous cherchons le Seigneur là où il n’est pas dans de l’extraordinaire, du miraculeux, des apparitions spectaculaires.Si on nous disait qu’il vient d’apparaître à 100 km. d’ici, il y aurait des bouchons sur les routes ! Mais nous ne le voyons pas là où il est, c’est à dire là où se dit et se fait le bien. Car il n’y a qu’une seule source de bien dans le monde, c’est Dieu. Par conséquent chaque fois que quelque part dans le monde quelqu’un dit ou fait quelque chose de bien, Dieu est là, présent, qui agit. C’est lui qui l’ a inspiré. La présence réelle n’est pas seulement dans le tabernacle fermé à clef. Elle est aussi dans tout ce qui se fait de bien dans le monde.Est-ce que nous prenons le temps de remarquer ce que nous faisons et ce que les autres autour de nous font de bien ? Nous arrive-t-il de faire notre examen de conscience sur le bien que nous faisons ? C’est vrai que nous sommes tous pécheurs, égoïstes, orgueilleux etc ., mais il nous arrive quand même, parfois, de faire le bien. Nous n’y prêtons guère attention. Pourquoi ? Peut-être parce que nous désirons tellement que tout soit parfaitement réussi dans notre vie et dans le monde, ce qui accroche notre attention c’est ce qui ne va pas, ce qui est mauvais ou raté. Sans nous en rendre compte nous nous installons dans une culture du négatif, de l’échec et du malheur. S’il se produit un incendie important, un crime particulièrement horrible ou un tremblement de terre, quelque part dans le monde, nous y aurons droit en premier dans le prochain bulletin d’information de la radio ou de la télévision et ce sera en première page de tous les journaux.

Si nous voulons nous préparer à accueillir le Seigneur à Noël, commençons par l’accueillir chaque fois qu’il intervient au long de nos journées. Nous pourrions nous mettre à faire tous les jours notre examen de conscience sur le bien que nous faisons et le bien que les autres font autour de nous. Et puis, pensez à toutes les associations de type Secours Catholique, Restos du coeur, accueil des migrants qui sont à l’oeuvre un peu partout. Qui d’entre nous pense quelquefois à faire une litanie d’action de grâces pour le dévouement des personnels soignants dans les hôpitaux, les cliniques, les maisons de retraite ? Qui d’entre nous pense quelquefois à louer le Seigneur pour toute la délicatesse et l’amour qui se vivent chaque jour dans les familles. ? Vous ne croyez pas qu’avec tout ça, il y aurait de quoi faire un gros paquet-cadeau pour l’offrir à l’enfant Jésus pour son Noël ?

Que retenir de tout cela ? 

Que pouvons nous faire pour nous préparer à mieux accueillir le Seigneur à Noël ? Peut-être tout simplement mieux l’accueillir tous les jours quand il nous inspire de mettre un peu plus de paix, de bonne entente, de justice ou d’amour autour de nous. Sachons repérer ses interventions et le prendre en flagrant délit ! Et si nous n’avons pas réussi le prendre sur le fait dans le courant de nos journées, le soir dans notre prière, prenons un petit moment pour nous remémorer toutes les occasions où quelque chose de bien a été dit ou été fait.Il était là à chaque fois. Ne soyons pas de ceux dont l’Ecriture dit avec tristesse : Ils ont des yeux et ne voient pas (Ez.12,2) Et demandons à Notre Dame de nous aider à bien voir et bien accueillir son Fils présent au milieu de nous. Si vous voulez prenons ensemble ce beau chant à Marie (Refrain, 3°couplet, refrain)

Chercher avec toi dans nos vies, les pas de Dieu, Vierge Marie,
Par toi accueillir en nos vies le don de Dieu, Vierge Marie.