Dimanche 4 décembre

2e dimanche de l’Avent – Année A – Mt 3,1-12

« Convertissez vous car le Royaume des Cieux est tout proche »

Les foules attendaient le Messie. Elles étaient sur le qui vive. Déjà deux ou trois faux messies s’étaient présentés mais leur supercherie avait été rapidement dévoilée. Jean Baptiste surgit qui annonce comme imminente l’arrivée du Messie. On se précipite pour l’écouter. Il faisait sérieux. Son apparence et son comportement étaient ceux d’un vrai prophète. Il portait un vêtement de poils de chameau et une ceinture autour des reins, comme le font traditionnellement les prophètes et il se nourrissait comme eux de miel sauvage et de sauterelles . D’autre part il ne se mettait pas en avant. Aux prêtres et aux lévites qui lui demandent Qui es-tu ? il répond clair e net : Je ne suis pas le Messie, précisant bien, citant Isaïe : Je suis celui qui crie dans le désert Aplanissez le chemin du Seigneur. (Jean 1,21-23) Et, avec humilité il explique Celui qui vient après moi est plus fort que moi, je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales.Enfin et surtout , la vigueur de son enseignement et sa franchise plaisaient à ses auditeurs. Il osait attaquer de front les Pharisiens et les Saducéens qui se prenaient pour des modèles et regardaient les autres de haut : Engeance de vipères, repentez vous Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres; tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu. Evidemment les foules, très contentes de voir Jean Baptiste remettre durement en place ceux qui d’ordinaire les méprisent, sont d’autant mieux disposés à son égard et accueillent volontiers son message de conversion, même s’il est exigeant et sévère.

Ses instructions sont claires : Convertissez vous, car le Royaume de Dieu est tout proche et même menaçantes : le bon grain sera ramassé et la paille brûlée au feu qui ne s’éteint pas. En d’autres termes, il tape du poing sur la table exigeant : il faut que ça change. Le changement, c’est d’ailleurs très exactement le sens du mot conversion qui vient du grec métanoïa lequel signifie changement de mentalité (repentir) et retour vers Dieu. Pourquoi faut-il que les auditeurs de Jean Baptiste se convertissent ? Parce qu’ils sont orgueilleux. Surtout les Pharisiens, les Saducéens et le milieu clérical en général, dont beaucoup de membres croient que leur observance pointilleuse de la Loi, a fait d’eux des justes. Dieu, ils en arrivent presque à traiter avec lui d’égal à égal, persuadés que il leur doit quelque chose en retour de leur pratiques minutieuses. Les autres qui ne font pas comme eux, ils les méprisent. C’est pourquoi Jean Baptiste et Jésus sont si sévères à leur égard.

Jean Baptiste invite tout le monde à se convertir. Et nombreux sont ses auditeurs qui s’avancent pour faire le geste de conversion auquel il les invite : se plonger dans l’eau, signifiant par là symboliquement leur volonté d’être purifiés de leurs fautes.Ce baptême, bien sûr, n’a rien à voir avec le sacrement de baptême. Les sacrements n ‘existent pas encore et en outre, à cette époque, le mot baptême signifie simplement plonger; et au sens figuré s’engager. La baptême de Jean c’est un engagement de pénitence en vue d’obtenir le pardon des péchés. Et Jean Baptiste explique clairement que le Messie qui va venir invitera à un engagement beaucoup plus important : Moi je vous baptise dans l’eau en vue de la conversion. Celui qui vient derrière moi… vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Ce baptême là sera le sacrement de baptême qui est un engagement en vue d’être fait enfant de Dieu.

Pour nous aujourd’hui, quel est le message de cet évangile ? Le même que celui que Jean adresse à ses auditeurs : Convertissez vous car le Royaume de Dieu est tout proche. Quelle conversion devons nous faire ? Il y a certainement des choses à changer dans notre vie. En ce moment où nous nous réparons à fêter Noël, la venue du Seigneur parmi nous, voyons ce qui nous empêche de l’accueillir comme il faut. Personne ne veut le laisser à la porte de chez lui. Le triste constat dressé par St Jean il y a deux mille ans : il est venu chez lui et les siens ne l’ont pas reçu (Jean 1,11)

nous reste en travers de la gorge. Nous avons envie de faire mieux cette année.Que faut-il donc changer dans nos habitudes pour mieux accueillir le Seigneur dans notre vie quotidienne ? Peut-être y a-t-il tel ou tel domaine de ma vie personnelle, familiale ou professionnelle où je veux en faire à ma tête et où je ne veux pas trop qu’il mette le nez ? A chacun de voir.

Mais indépendamment de la conversion particulière que chacun doit faire, il y a me semble-t-il une conversion que tous nous devons faire, c’est d’accueillir le Seigneur de telle manière qu’il nous accompagne et que nous soyons avec lui tout au long de nos journées, et non pas à certains moments seulement. J’ai peur que trop souvent le Seigneur soit, sinon totalement en dehors de nos vies, du moins un peu à l’écart, bien rangé dans un coin et qu’on ne s’en occupe qu’en cas de besoin flagrant. J’ai peur que notre Dieu soit un peu comme une roue de secours. On y tient à sa roue de secours, on l’entretient, on ne partirait jamais nulle part sans l’emmener . Mais elle est bien rangée dans le coffre de la voiture, on ne s’en sert pas, elle ne sert à rien et même on espère bien qu’on n’aura pas à s’en servir. De même, Dieu, dans la vie courante, dans notre travail de chaque jour on n’en a pas besoin, il ne sert à rien, on ne s’en sert pas. Nous nous débrouillons tout seuls, avec bon sens, raisonnablement, intelligemment, honnêtement, en essayant de ne faire de tort à personne. En dehors de tout cela, il y a un peu de prière par ci par là et la messe du dimanche. Si une épreuve, une difficulté, des ennuis de santé surviennent, alors tout de suite, on se tourne vers le Seigneur, avec une confiance très sincère et très grande dans sa bonté. Mais dans la vie courante, on ne s’en occupe pas, il est absent.

Et puis nous oublions complètement qu’il nous a placés quelque part dans le monde avec une tâche à accomplir : construire un petit morceau de royaume de Dieu c’est à dire mettre un peu plus de justice de paix et d’amour dans notre vie personnelle, dans notre famille dans notre métier, dans notre village Si nous prétendons accueillir Dieu et faire un peu mieux que les Juifs qui l’ont laissé dehors quand il est arrivé, il faudrait tâcher de ne plus mettre Dieu, bien rangé dans un coin, comme une roue de secours dans un coffre de voiture, mais de garder Dieu devant les yeux de manière à faire jour après jour, avec lui qui est à nos côtés, ce qu’il attend de nous. J’ai envie de dire que notre conversion pourrait être de passer d’un Dieu roue de secours dont on ne se sert pas à un Dieu GPS qu’on garde constamment devant les yeux pour avancer sur la bonne route.

Que retenir de tout cela ? 

La consigne que nous donne l’évangile d’aujourd’hui est claire : Convertissez vous. Se convertir, du grec métanoïein, c’est changer sa manière de vivre et revenir vers Dieu. Pour nous, en ce temps de préparation à Noël, nous convertir c’est changer tout ce qui nous empêche d’accueillir le Seigneur et d’avancer avec lui au long de nos journées. Il est là avec nous. Mais nous ne le voyons pas. Pourtant, si nous sommes encore vivants aujourd’hui, c’est parce qu’il nous maintient dans l’existence. Si de temps en temps nous arrivons, nous et une foule de gens autour de nous, à mettre un peu plus de justice, de paix et d’amour autour de nous, c’est parce qu’il est là avec nous. Il n’y a qu’une seule source de bien dans le monde, c’est lui. Donc, chaque fois que quelqu’un dit ou fait quelque chose de bien, il est là, agissant à travers nous. Ce serait une bonne chose à faire que de nous exercer à le prendre en flagrant délit, quand nous faisons notre prière du soir, repensant à tout ce qui s’est passé dans la journée.

Le voici qui vient pour nous aider à faire plus. Ne le laissons pas dehors… Il y a encore bien des choses à améliorer en chacun de nous, dans nos familles, dans notre monde. C’est urgent de nous y mettre sérieusement. Ouvrons nos coeurs pour qu’il puisse les transformer et nous rendre capables de faire davantage.