Dimanche 2  Février  2025

Présentation de Jésus au Temple

(Malachie 3, 1-4) (Hébreux 2,14-18) (Luc 2, 22-40)

Selon le livre de l’Exode :  Tout garçon premier-né sera consacré au Seigneur  à qui il appartient.(Ex.13,1) C’est pourquoi Marie et Joseph sont montés  à Jérusalem présenter l’enfant au Temple et offrir, selon l’usage, deux colombes pour le racheter. C’était  la démarche privée d’une famille de croyants.

 Mais la réaction et les propos de Syméon vont donner une résonance publique et solennelle à un évènement qui se voulait discret. L’Esprit Saint avait révélé à Syméon qu’il verrait le Messie avant de mourir. Avec Anne, sa femme, il vivait dans l’attente de cette venue. En cela Anne et Syméon sont des modèles pour nous. Car nous aussi nous avons à vivre dans l’attente du Seigneur. Car depuis sa première venue à Bethléem, le Seigneur ne cesse de venir parmi  nous. Il l’a confié aux apôtres  le jour de l’Ascension Moi, Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps.(Mt.28,20) Même s’il n’est plus visible par nos yeux, il reste présent par son Esprit qui nous guide chaque jour. Encore faut-il que nous demeurions dans une attitude d’attente et d’écoute. Il ne faudrait pas que, découragés par les difficultés ou démoralisés par le triste état du monde qui nous entoure nous nous refermions sur nous-mêmes. Dans son homélie du 2 Février de l’année dernière, le pape François nous mettait en garde : La pire chose qui puisse nous arriver serait de tomber dans le sommeil de l’esprit, l’endormissement du cœur, l’anesthésie de l’âme, le rangement de l’espérance dans les coins sombres de la déception et de la résignation. D’autre part, accaparés  par l’urgence de faire face aux nécessités immédiates de l’existence, il ne faudrait pas que nous nous enfermions dans le présent toujours plus étriqué  d’une existence qui n’a  plus ni sens ni but.

 En voyant l’enfant, Syméon reconnaît en lui celui qui est venu apporter le salut à tous les peuples, et la lumière à toutes les nations, mais en même temps il prédit 1°) que cet enfant sera la cause de relèvement et de chute, et 2°) qu’un glaive de douleurs transpercera le cœur de sa mère. Nous avons ici une des premières affirmations de l’universalité du salut. Dès l’Ancien Testament, on croit que Dieu accorde son salut à tous ceux qui le prient, d’où qu’ils viennent, donc en principe à toutes les nations, mais pratiquement comme les Juifs étaient  persuadés d’être les seuls à prier Dieu comme il faut et comme ils pouvaient constater combien souvent au long de leur histoire le Seigneur était venu au secours de leur petite nation menacée par ses voisins beaucoup plus puissants, Perses, Babyloniens ou Égyptiens, la plupart d’entre eux en était venu à penser que le salut était réservé aux seuls descendants d’Abraham. Ils s’étonnaient de voir Jésus  parler à tout le monde, même aux étrangers ou guérir des païens comme le serviteur du centurion romain ou la fille d’une Cananéenne ; il ne ratait d’ailleurs aucune occasion pour louer la foi de ces étrangers allant même jusqu’à dire que beaucoup viendraient du levant et du couchant prendre place au festin dans le royaume de cieux, tandis que les héritiers du royaume, (c’est-à-dire eux, les Juifs) seront jetés dans les ténèbres du dehors  (Mt.8,11,12) ce qui heurtait les croyants traditionalistes étroits. Mais pour les croyants éclairés comme Syméon, le Messie venait apporter le salut à tous les hommes.

Cependant l’annonce joyeuse  de l’arrivée d’un salut offert à toutes les nations par Syméon s’accompagne d’une autre annonce, inquiétante celle-là, lorsque Syméon dit à Marie : cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël, et toi, ton âme sera percée d’un glaive de douleur. Qu’un glaive de douleur doive transpercer le glaive de Marie, c’est clair. Notre Dame souffrira de voir son fils rejeté par les siens, elle sera avec lui dans ses épreuves, jusqu’au calvaire où elle assistera, debout au pied de la croix, à la mort de son fils.

 Par contre, ce qui est moins clair c’est l’oracle menaçant de Syméon :  cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Qu’est-ce que cela veut dire exactement ? Ceux qui accueilleront le Seigneur et son Evangile seront sauvés, ce sera pour eux un relèvement, cela, c’est encore assez clair.  Mais le reste : cet enfant provoquera la chute de beaucoup, l’est nettement moins. Est-ce que cela veut dire que ceux qui n’accueilleront pas Jésus et son évangile seront irrémédiablement perdus ? Certaines déclarations de Jésus dans l’évangile donnent de bonnes raisons de le penser. Par exemple lorsqu’il dit au soir du Jeudi Saint : Si je n’étais pas venu, si je ne leur avais pas adressé la parole, ils n’auraient pas de péché, mais maintenant, ils n’ont pas d’excuse. (Jean 15,22) ou encore à la fin de la parabole des vignerons homicides qui après avoir malmené les envoyés du maître de la vigne tuent son fils, lorsque Jésus conclut : Que leur fera donc le maître de la vigne ? Il viendra et fera périr ces vignerons. (Luc 20,16). Jésus dans son amour pour nous, nous offre le salut, oui, mais en amour on ne force pas. Depuis toujours, l’Écriture en témoigne, le Seigneur nous presse de faire le bon choix : Vois je te propose aujourd’hui vie et bonheur, mort et malheur…Je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie. (Dt 30,15…) Si nous refusons le salut qui nous est offert, alors, c’est la chute, sans aucune possibilité de salut. Ce n’est pas le Seigneur qui nous jette en enfer, c’est nous qui choisissons d’y aller.

A moins que, encore une fois, il ne prie en notre faveur comme il l’a fait pour ses bourreaux : Père pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. (Luc 23,34) Que fera-t-il ? Nous n’en savons rien. Qu’est ce qui attend tous ceux autour de nous qui sont parfois nos amis ou nos proches parents qui ont choisi d’ignorer le Seigneur et son évangile ? Seront-ils irrémédiablement perdus ? Ou seront-il rescapés in extremis parce qu’ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient ? Pour nous aujourd’hui, l’Esprit Saint  nous a été donné pour nous guider sur la bonne route et pour que nous puissions guider les autres vers le Seigneur. Alors veillons à rester connectés car, comme le dit l’Écriture, Il n’y a aucun  autre nom en qui nous devions être sauvés. (Actes 4,12)

Que retenir de tout cela ?

Conformément aux prescriptions de la Loi, Marie et Joseph sont montés au Temple pour présenter leur enfant au Seigneur. Cela devait être une démarche discrète. Mais Syméon, éclairé par l’Esprit proclame que l’on est en train d’assister à l’arrivée du salut accordé par le Seigneur à toutes les nations. Du coup ce qui devait être une cérémonie privée devient une proclamation solennelle de l’universalité du salut et de la révélation de la lumière offerte par le Seigneur à tous les hommes.

                   Mais cet enfant provoquera le relèvement et la chute de beaucoup en Israël.  Ceux qui accueilleront ce salut et cette lumière seront sauvés, les autres seront ils irrémédiablement perdus ? L’évangile nous donne des raisons de le penser, à moins qu’in extremis ils ne soient rescapés parce que le Seigneur dans sa miséricorde aura pensé qu’ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient ? Nous n’en savons rien. Quoi qu’il en soit l’évangile nous invite à saisir notre chance d’avoir l’Esprit Saint avec nous pour nous guider et pour que nous puissions aider les autres à trouver le bon chemin. Il n’y a pas de meilleur GPS.

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