Sainte Marie, mère de Dieu – Lc 2,16-21
« Ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né. Quand fut arrivé le huitième jour, l’enfant reçut le nom de Jésus. »
Nous fêtons aujourd’hui Marie, mère de Dieu, qui nous a donné le Messie Sauveur. Mais, chose curieuse, les textes liturgiques de ce jour parlent étonnamment peu de Marie L’évangile est centré sur le personnage de l’enfant nouveau-né, il rapporte la réaction des bergers qui repartent en louant et en glorifiant Dieu pour ce qu’ils ont vu et entendu, mais il fait peu de place à Notre Dame dont il fait mention sans s’y attarder. Elle reste au second plan. Pourtant lorsqu’il y a une naissance dans une famille, on se réjouit avec les parents, on les félicite et c’est surtout la maman que l’on met à l’honneur. Comment se fait-il que le jour où on fête la maternité de Marie tout soit centré sur l’enfant nouveau-né ?
C’est que Notre Dame est tellement toute donnée à Dieu qu’elle est comme inséparable et inséparée de lui . Lorsqu’elle parle d’elle-même, elle se présente toujours comme étroitement en lien avec Dieu. Elle se définit comme étant « du Seigneur » « Je suis la servante du Seigneur »(Luc 1,38) dit elle à l’Annonciation. Exprimant sa joie dans le Magnificat elle ne dit pas : « je suis contente » mais je suis contente en Dieu. Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon sauveur (Luc1,46,47). Toute donnée à Dieu, sa vie, c’est de faire ce qu’il attend d’elle. Sa présence est très discrète dans l’évangile qui nous rapporte très peu de paroles de la Vierge. Même son Magnificat est truffé de citations des psaumes et des prophètes. Elle est rarement au premier plan. Mais elle est toujours là, comme en filigrane, discrète mais efficace. A Cana elle est la première à se rendre compte de ce qui se passe et à réagir. Au calvaire, alors que presque tous les apôtres se sont enfuis, elle est là, ferme, au pied de la croix. Toute sa vie est pour le Seigneur et toutes ses paroles conduisent au Seigneur.
Aujourd’hui nous ne fêtons pas seulement Marie, parce qu’elle est la mère de Jésus, celle qui nous a donné Jésus, nous la fêtons également parce qu’elle est notre mère à nous depuis le jour où du haut de la croix Jésus l’a donnée comme mère à Jean et à travers lui à tous ses disciples. Elle est celle qui nous conduit à Jésus. Nous ne saurions trouver un meilleur guide. Etant sa mère, elle le connaît mieux que personne. Elle sait combien et comment il nous aime, son désir passionné de nous voir en communion avec lui. Mais elle sait également combien c’est difficile pour nous d’y parvenir. Avant nous, elle a expérimenté la distance qui demeure entre lui et nous et la difficulté de le comprendre. Lorsque, après trois jours d’angoisse, elle le retrouve au milieu des docteurs et comme elle lui reproche :« Mon enfant pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois, ton père et moi nous te cherchons tout angoissés. » il leur répond :« Ne saviez vous pas que je me dois aux affaires de mon Père ? » EtSt Luc nous rapporte que Joseph et Marie « ne comprirent pas la parole qu’il venait de leur dire. » (Luc 2,48-50) Aujourd’hui nous qui avons si souvent des difficultés à discerner quelle peut être la volonté du Seigneur, c’est auprès de Notre Dame que nous pouvons trouver le meilleur appui.
Et son intervention à Cana nous montre combien elle a le souci de nous venir en aide dans nos difficultés. Voyant l’embarras des parents des mariés, avant même que quiconque lui demande quoi que ce soit, elle intervient auprès de son fils pour qu’il fasse quelque chose. Et même si Jésus n’a pas l’air décidé à intervenir parce que son heure n’est pas encore venue, alors même qu’elle ne sait pas ce qu’il va faire, mais sûre qu’il fera ce qu’il faut faire, elle dit aux serviteurs « Quoi qu’il vous dise, faites le » (Jean 2,1….) Aujourd’hui, voyant les difficultés dans lesquelles nous nous débattons, sûrement qu’elle intervient auprès de son fils pour qu’il nous vienne en aide. Raison de plus pour la prier avec confiance. Nous pouvons compter sur la puissance de son intercession.
Les problèmes que nous rencontrons aujourd’hui, elle a eu à les affronter avant nous. Elle a eu à subir les pressions d’un milieu hostile au Seigneur et à sa prédication. Sa famille elle-même disait : « il a perdu la tête » (Marc 3,2) et cherchait à la persuader d’intervenir auprès de Jésus pour qu’il arrête sa prédication. Aujourd’hui lorsque nous subissons les poussées de l’esprit antireligieux de notre société, lorsque nous entendons tant de voix critiques de l’Eglise et de son chef, c’est auprès de Marie que nous pouvons trouver le meilleur soutien et le meilleur modèle de fermeté. Elle ne s’est pas laissé détourner par le tapage qui l’entourait. Attentive à tout ce qui se passait, elle poursuivait sa route, discrète mais inébranlable, fidèle et sûre de son Seigneur.
En ce premier jour de la nouvelle année, confions nous à Marie, qu’elle nous conforte dans notre foi toujours trop courte pour comprendre l’amour infini de Dieu qui nous dépasse.
Demandons lui de veiller sur nous, de soutenir l’Eglise dans l’opposition voire le mépris et la haine qu’elle rencontre trop souvent.
Qu’elle nous garde dans une humilité confiante et une fermeté tranquille afin que sans nous laisser prendre par le clinquant des illusions à la mode, nous avancions chaque jour de cette année vers Celui qui seul est la Voie, la Vérité, la Vie.