(Ex.17,8-13) (2 Tim.3,14–4,2) (Luc 18,1-8)
Pendant des siècles les hommes ont prié des dieux, tout puissants, mais insaisissables et imprévisibles. On ne savait pas quel genre de prière, quelle espèce de sacrifice les toucherait et les amènerait à s’intéresser un peu à nous. Yahvé, le Dieu des Juifs était aussi un être tout puissant, mystérieux et redoutable, mais, au contraire des autres dieux, il était foncièrement bon et miséricordieux. En outre, le Christ est venu nous révéler que, ce Dieu là n’était pas seulement bon et miséricordieux mais qu’il était d’abord et avant tout un Dieu Amour, en qui la toute puissance obéissait à l’amour, qu’il était pour nous comme un père qui aime ses enfants et veille sans cesse sur eux. C’est pourquoi le Christ nous invite à prier dans nous décourager : Quand vous priez ne rabâchez pas comme les païens, ils s’imaginent que c’est à force de paroles qu’ils se feront exaucer. Ne leur ressemblez pas car votre Père sait ce dont vous avez besoin avant que vous le lui demandiez (Mt.6,7,8) Demandez et vous recevrez. (Jean 16,24)
Pourtant, nous avons quand même des raisons de nous décourager. Par expérience, nous savons bien que Dieu n’exauce pas toujours nos prières, et puis il laisse le mal, les violences, les guerres, les injustices s’étaler partout dans le monde malgré nos prières. Nous en venons à douter… Si notre Dieu était vraiment un Dieu Amour, un Père qui veille sur nous, il ne permettrait pas que tout cela se passe…. et notre foi vacille.
D’où cela vient-il que le Seigneur n’écoute pas nos prières et ne nous donne pas toujours les choses bonnes que nous lui demandons. Est-ce que cela vient de lui ? Est-ce lui qui ne voudrait pas ? Impensable. Il a dit demandez et vous recevrez. Mais attention ! Il n’a jamais dit vous recevrez ce que vous avez demandé, Toutefois, il a quand même insisté Frappez,on vous ouvrira, quiconque demande reçoit, qui cherche trouve. (Luc 11,9,10). Alors si nos prières ne sont pas exaucées, cela doit venir de nous, parce que nos prières sont inappropriées. Par exemple, il peut arriver que ce que nous demandons et qui nous paraît bon, en fait, ne l’est pas, et c’est pourquoi le Seigneur ne nous l’accorde pas. Exactement comme une maman ne donne pas à son enfant le couteau tranchant avec lequel il veut jouer. Par conséquent avant même de prier et de demander quelque chose au Seigneur, il faudrait peut-être nous assurer que cette demande n’est pas inappropriée. C’est ce que le Christ nous explique en St Luc Après avoir fait remarquer que les Pères de la terre lorsque leur enfant leur demande un œuf ne leur donnent pas un scorpion, il conclut : Si vous, qui êtes mauvais savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père céleste donnera-t-il l’Esprit St à ceux qui le lui demandent. (Luc 11,13) Il ne dit pas combien plus le Père céleste vous donnera-t-il ce que vous lui demandez Mais combien plus le Père céleste donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent. Parce que l’Esprit Saint nous guidera en vous empêchant de demander des choses mauvaises et en vous faisant demander uniquement des choses bonnes.
Il y a quand même des cas où, alors que nous demandons des choses incontestablement bonnes, le Seigneur n’exauce pas nos prières. Un petit enfant est gravement malade, tout le monde prie pour sa guérison. Et il meurt. Comment Dieu qui est bon peut-il permettre cela ? Comment Dieu qui est bon, peut-il permettre de pareils malheurs ?.
Il faut nous rendre compte qu’une partie de la réalité nous échappe. Nous ne savons pas comment le Seigneur reçoit ce petit enfant … quel avenir il lui réserve ? Nous n’en avons aucune idée. Dans des cas pareils nous ne pouvons que réaffirmer quand même notre confiance : « Seigneur nous ne comprenons pas que tu puisses laisser une telle épreuve nous frapper. Mais si tu permets qu’il en soit ainsi, c’est qu’il y a quelque part, d’une manière que nous ne voyons pas, un bien pour nous. Renforce notre confiance en Toi et aide nous à affronter cette épreuve.» Et nous restons hébétés, désorientés, devant le petit cercueil blanc. Mais je crois que le Seigneur comprend notre peine et notre désarroi. Souvenons nous que devant le tombeau de Lazare, alors qu’il savait très bien que dans les minutes qui suivaient, il allait le ramener à la vie, en voyant le chagrin des sœurs et des amis de Lazare, il a craqué, il n’a pas pu retenir ses larmes.
Et puis autre raison de nous décourager : quand on voit tout ce qui se passe dans le monde, la violence, les injustices, les guerres, tous ces peuples victimes de dictateurs fous ou des cartels de la drogue, on se demande pourquoi Dieu n’intervient pas. C’est vrai que Dieu qui est Amour, respecte la liberté des hommes. En amour on ne force pas. Mais, nous ne comprenons pas. Nous trouvons que devant de tels maux, il devrait agir..et devant son absence de réaction notre foi vacille. Nous sommes tentés de penser : S’il y avait un Dieu, il ne permettrait pas que tous ces malheurs arrivent. Le Christ avait pressenti la possibilité de tels reniements. C’est ce qui lui fait dire : le Fils de l’homme, quand il reviendra trouvera-t-il la foi sur la terre ?
On peut comprendre que devant tout le mal qu’il y a dans le monde nous soyons troublés, en voyant que Dieu ne réagit pas pour frapper les méchants, mais il faudrait quand même nous rappeler que le créateur nous a confié la tâche de gérer sa création Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez la. (Gen.1,28) Le Christ en venant parmi nous, nous a donné sa paix pour que à notre tour, nous l’apportions au monde qui nous entoure. S’il convient tout à fait d’implorer le Seigneur d’accorder la paix à notre monde, il ne faut pas lui mettre tout sur le dos !!! N’oublions pas qu’il nous a confié la tâche d’apporter sa paix dans le monde. . . D’un côté, nous savons bien que par nous-mêmes tout seuls nous en sommes bien incapables, mais d’un autre côté nous savons tout aussi clairement que le Seigneur ne veut pas faire les choses tout seul, mais veut nous donner sa grâce pour que unis à lui, nous arrivions à faire progresser la paix autour de nous. Donc inutile de psalmodier Seigneur ! Seigneur ! mais retroussons nos manches pour faire sa volonté Appliquons nous donc à lutter de toutes nos forces demandant au Seigneur de bénir nos efforts pour faire régner la paix et la justice chez nous d’abord, dans nos familles, dans nos milieux, et dans la partie du monde qui nous entoure, confiants que le Seigneur veille.
Que retenir de tout cela ?
Dans l’évangile d’aujourd’hui, le Seigneur nous presse de toujours prier sans nous décourager. Or, c’est un fait qu’il ne nous donne pas toujours ce que nous lui demandons. Comment alors ne pas succomber au découragement ?
Il faudrait que nous arrivions à admettre que notre jugement n’est pas toujours bon. Parfois nous demandons des choses que nous croyons bonnes pour nous alors qu’elles ne le sont pas : comme un enfant qui demande qu’on lui donne un couteau pour s’amuser. Parfois aussi nous ne pouvons pas comprendre la situation dans sa totalité. Un petit enfant meurt. Nous restons hébétés et désorientés face au petit cercueil blanc sous nos yeux mais nous ne voyons pas comment Dieu reçoit ce petit et nous ne pouvons pas savoir l’avenir qu’il lui réserve. Parfois encore nous n’arrivons pas à admettre que Dieu étant Amour, il ne peut pas, sans se renier agir en force. Incapables de comprendre, nous pouvons être tentés de croire que Dieu nous abandonne. Pourtant une certaine assurance demeure au fond de nous qui nous fait dire avec St Paul : Oui, j’en ai l’assurance, ni la mort, ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni le présent, ni l’avenir, ni les forces des hauteurs, ni celles des profondeurs, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ. (Rom.8,38,39)Celui qui est mort sur la croix par amour pour nous ne peut pas nous lâcher.