Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur – Année A
Après le récit de l’entrée à Jérusalem
Pourquoi le Seigneur a-t-il accepté d’entrer triomphalement dans Jérusalem, monté sur un ânon, lui qui d’ordinaire est extrêmement discret ? C’est que l’heure est venue pour celui qui aimait apparaître comme un humble charpentier de village, de se révéler aux yeux de tous comme le Messie annoncé par le prophète Zacharie : « Voici ton roi qui vient vers toi, juste et victorieux, plein de douceur, monté sur une ânesse et un petit âne…il proclamera la paix parmi les nations.« (Zach.9,9,10 ) Il n’avance pas monté sur un chval, monture guerrière, mais sur un ânon, symbole de paix et de simplicité. C’est Jésus « doux et humble de coeur » (Mt11,29 ) mais c’est aussi le véritable Messie envoyé par le Père et annoncé par les prophètes.
Après la lecture de la Passion
Le récit de la Passion de Notre Seigneur que nous venons d’entendre nous plonge dans des sentiments contradictoires. D’un côté nous sommes submergés par un profond sentiment de tristesse et de honte, parce que c’est à cause de nos péchés qu’il a souffert tout cela. Mais d’un autre côté, voyant comment les forces du mal ne peuvent venir à bout de l’amour infini de Notre Seigneur : (alors qu’on est en train de le tuer, il prie encore pour ses bourreaux : « Père, pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc, 23,34), c’est-à-dire : Vous pouvez me tuer si vous voulez, moi je vous aime encore), nous sommes émerveillés et remplis d’action de grâces en voyant la puissance de l’amour de Dieu l’emporter sur les forces du mal.
Qu’un juste soit persécuté, un innocent persécuté et mis à mort, nous ne pouvons pas le supporter. Notre gêne et notre malaise sont d’autant plus grands que, nous le savons bien, nous avons notre part de responsabilité dans ce crime. Jésus pourrait dire à chacun d’entre nous : J’ai versé telle goutte de mon sang à cause de toi. C’est bien pourquoi nous ne pouvons pas en rester à des regrets sincères, peut-être mais stériles. Après avoir entendu le récit de tout ce que le Christ a souffert à cause de nous, nous ne pouvons pas ne pas nous décider à changer de vie pour suivre le Christ plus fidèlement à partir de maintenant.
Mais, assez parlé de nous, de nos péchés et de notre responsabilité dans la Passion de Notre Seigneur.Voyons comment lui a abordé ces heures tragiques. Ce n’est pas quelue chose qu’il a subi, qui lui a été imposé, c’est quelque chose qu’il a voulu. Car ce ne sont pas ses ennemis qui se sont emparés de lui pour le tuer, c’est lui qui a donné sa vie. Il l’a bien précisé à ses apôtres le soir du Jeudi Saint « Ma vie, on ne me l’ôte pas, je la donne de moi-même. » (Jean 10,10) Il a voulu, en donnant sa vie, montrer comment la puissance de son amour en dominant les forces du mal, allait manifester sa gloire. C’est pourquoi, ce même Jeudi Saint, il dit encore aux apôtres, parlant de sa
passion et de sa mort imminentes :« L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié » (Jean 12,23) Il a laissé déferler sur lui les forces du mal, du péché et de la mort, mais, tel un tsunami, les flots de son amour infini ont recouvert toute la puissance du mal du péché et de la mort qui ont été balayées et vaincues définitivement. Ce qui inspirera à St Paul son hymne à l’amour de Dieu :« Qui nous séparera de l’amour du Christ ?……………….J’en ai l’assurance, ni la mort, ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni le présent, ni l’avenir, ni les puissances, ni les forces des hauteurs, ni celles des profondeurs, ni aucune autre créature , rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ Notre Seigneur » (Rom.8,35,38,39)
Au cours de la célébration des Rameaux, nous voyons le Seigneur face à ces deux triomphes : le triomphe humain de l’entrée à Jérusalem et le triomphe divin de son amour infini dominant les forces du mal,du péchée et de la mort dans la Passion.
Le revirement de la foule qui exige la mort du Christ cinq jours seulement après l’avoir acclamé comme roi trahit l’extrême fragilité des triomphes humains. Cinq jours sulement après son entrée triompale dans Jérusalem, il ne reste rien de ce triomphe
Par contre le triomphe divin du Seigneur dont l’amour infini est venu à bout des forces du mal, du péché et de la mort dans sa Passion, rien ne peut le détruire. Rien ne peut venir à bout de la toute puissance de son amour comme nous le rappelait St Paul, il y a un instant.
Nous autres maintenant , quel genre de triompes, quel genre de succès allons-nous rechercher ? Les triomphes et les succès humains sont tentants. Allons-nous nous laisser séduire ? Ou allons nous nous décider à rechercher les succès et les triomphes aux côtés du Seigneur, « dont la puissance agissant en nous peut faire bien plus, infiniment plus que tout ce que nous pouvons désirer ou imaginer ? (Eph.3,20)