Nous célébrons aujourd’hui la descente de l’Esprit Saint sur les apôtres cinquante jours après Pâques. J’ai peur que nos idées sur le St Esprit soient un peu floues. Dieu Père, cela nous parle. Un père, nous savons ce que c’est. Jésus Christ, c’est encore plus clair, il s’est fait homme comme nous. Mais le Saint Esprit… On le représente d’habitude sous la forme d’une colombe dont le modeste roucoulement est censé évoquer la voix discrète de l’Esprit, mais cela ne nous dit pas grand-chose. En revanche, on pourrait le comparer au vent. Le vent, on ne le voit pas, par contre, on peut très bien en constater les effets : on l’entend souffler, on voit les feuilles des arbres bouger et la poussière s’envoler à son passage. De même l’Esprit Saint, on ne le voit pas, mais on en perçoit très bien les effets.
Les apôtres qui, jusque-là, peureux, demeuraient enfermés au cénacle par crainte des Juifs, après la Pentecôte, ils sortent pleins d’audace proclamer partout la Bonne Nouvelle. Sans broncher ils vont affronter l’opposition violente des Juifs orthodoxes, les persécutions et même le martyr. D’autre part, ils annoncent avec autorité l’évangile dont ils ont maintenant la pleine intelligence, eux qui, jusque-là, avaient bien du mal à comprendre les enseignements de Jésus et la vraie nature de sa mission. Pour ne citer qu’un exemple, le jour de l’Ascension, alors qu’ils ont été trois ans avec lui, ils n’ont toujours pas compris le sens ni l’importance de sa mission du Messie, ils en sont encore à lui demander si c’est maintenant qu’il va rétablir l’indépendance d’Israël (Actes1,6 ). Jésus, qui se rendait compte de tous ces malentendus, leur avait déjà confié, au soir du Jeudi Saint : J’ai encore bien des choses à vous dire, mais vous n’êtes pas à même de les supporter ; lorsque viendra l’Esprit de Vérité, il vous fera accéder à la vérité tout entière. (Jean16,13). Enfin et surtout, outre le bruit violent et les langues de feu qui se manifestent lors de la venue de l’Esprit Saint, le prodige le plus spectaculaire qui marque cette venue, c’est que des gens venant de partout, parlant toutes sortes de langues entendent chacun dans sa propre langue, la parole de Dieu annoncée par des Galiléens, ainsi que nous le rapporte la première lecture de la messe aujourd’hui C’est là le début de la mondialisation de l’évangile annoncée par le Christ le jour de l’Ascension : Vous allez recevoir la puissance de l’Esprit Saint…Vous serez lors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités du monde. (Actes 1,8). Le christianisme jusque là limité au monde juif devient catholique, du grec kat’olèn tèn gen, c’est-à-dire qu’il commence à se répandre par toute la terre.
Et sur nous aujourd’hui, quels sont les effets de l’Esprit Saint ? Les mêmes que sur les apôtres. D’abord il éclaire notre intelligence, par exemple en nous permettant de comprendre tout le sens d’une parole de Dieu que nous avions entendu bien souvent, mais qui, jusqu’alors, ne nous avait pas frappés. Voici qu’aujourd’hui, l’Esprit Saint nous faisant accéder à la vérité tout entière, nous en comprenons tout le sens.Mais il ne touche pas seulement notre intelligence. La connaissance qu’il nous donne de la parole de Dieu nous touche profondément, pas seulement comme un savoir nouveau à ranger dans notre cerveau entre les tables de multiplication et les règles d’accord du participe passé, mais aussi comme quelque chose qui nous réchauffe le cœur et va nous amener à changer nos façons de faire. Savoir que Tokyo est la capitale du Japon ne change rien à ma manière de vivre. Tandis que la connaissance de la parabole du bon Samaritain m’amène à changer mes relations avec les autres. Autrement dit, l’Esprit Saint, qu’est-ce qu’il fait ? Il agit en chacun au niveau de l’intelligence qu’il éclaire, du cœur qu’il transforme et finalement au niveau de la vie quotidienne en donnant à chacun la force et le courage de modifier sa manière de vivre. Ce qui n’est pas étonnant puisque la parole de Dieu que l’Esprit Saint nous fait comprendre est une parole de vie, une parole à vivre. Dès que l’Esprit Saint nous fait comprendre quelque chose de Dieu, nous découvrons qu’il est bon et miséricordieux, nous commençons à l’aimer et comme nous l’aimons nous nous mettons à suivre ses lois et commandements. Le Seigneur nous avait déjà annoncé à travers le prophète Ezéchiel cette transformation qu’il opérerait en nous : Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau………… ………………….et je ferai que vous marchiez selon mes lois et que vous observiez mes coutumes.
L’ennui, c’est que le passage de l’Esprit Saint dans nos vies n’est pas facile à repérer. Il ne s’accompagne plus comme au jour de la Pentecôte de vent violent, de langues de feu, ni de parler en langue. Comment faire pour repérer le passage de l’Esprit Saint et entendre sa voix ? D’abord il faut avoir la volonté de le chercher, comme le psalmiste qui demandait à Dieu dans sa prière : Fais-moi comprendre et je vivrai (Ps.118,144 ). Ensuite, il faut être attentif à ce qui se passe en nous et autour de nous: chaque fois que quelque chose, un évènement dont nous sommes témoins, une parole entendue, nous touche le cœur et nous fait comprendre quelque chose sur Dieu, que ce soit dans une homélie ou une conversation, dans la rue, à la radio ou à la télé, c’est l’Esprit Saint qui nous instruit. En particulier, il convient d’être attentif à tout ce qui se dit ou se fait de bien autour de nous, parce qu’il n’y a qu’une source de bien dans le monde, c’est Dieu. Donc chaque fois que quelqu’un dit ou fait quelque chose de bien, c’est l’Esprit Saint qui l’a inspiré. Je pense à l’attention aux autres qu’on peut voir tous les jours dans les familles, au dévouement pour les malades dans les hôpitaux et les EPAHD, l’entraide, la solidarité qui se manifeste partout à l’égard des personnes âgées ou des migrants. Dans notre monde il n’y a pas que Gaza, l’Ukraine, la misère de pays sous-développés et le trafic de drogues.
Que retenir de tout cela
L’Esprit Saint, c’est comme le vent. On ne voit pas le vent, mais on l’entend souffler et on voit
la poussière s’envoler sur son passage. Le Saint Esprit, on ne le voit pas, mais on peut en constater les effets. Les apôtres, avant la Pentecôte, ils ne comprenaient pas grand-chose aux paroles du Christ, après avoir reçu l’Esprit Saint ils en ont la pleine intelligence et annoncent partout l’évangile avec autorité. Avant la Pentecôte, ils vivaient dans la peur des juifs. Après la Pentecôte, ils n’ont plus peur de rien et ils affronteront sans broncher les oppositions les plus violentes, les persécutions et le martyre. Après la Pentecôte, l’évangile n’est plus annoncé aux Juifs seulement mais à tous les hommes, de tous les pays et dans toutes les langues. C’est le début de la mondialisation, de la catholicité du Christianisme en vue de l’accomplissement du dessein de Dieu notre Sauveur qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité comme dira plus tard St Paul. (1Tm.2,4 )
Pour nous aujourd’hui, l’Esprit Saint nous fait entrer dans l’intimité de Dieu Il éclaire notre intelligence en nous faisant comprendre en profondeur toute la richesse de sa Parole, il enflamme notre coeur pour nous faire aimer cette parole et surtout il met en nous la force de vivre désormais selon cette parole, quelle que soit l’indifférence ou l’hostilité du monde qui nous entoure.
La difficulté, c’est de repérer son passage. Que faire pour y parvenir ? Commençons par l’appeler dans la prière, Pensons aussi à relever dans nos journées tout ce qui nous a touchés et rapprochés de Dieu mais surtout prenons l’habitude de repérer tout ce que nous ou les autres autour de nous disent ou font de bien. Car il n’y a qu’une source de bien dans le monde, c’est Dieu et chaque fois que quelqu’un pense, dit ou fait quelque chose de bien, l’Esprit de Dieu est là qui l’a inspiré. Il nous arrive de faire notre examen de conscience pour voir le mal que nous avons fait, le regretter et veiller à ne plus recommencer, c’est très bien. Mais est-ce que nous faisons quelquefois notre examen de conscience pour repérer la présence de l’Esprit Saint qui nous pousse à faire le bien ? Il faudrait être vraiment tordu pour passer plus de temps à chercher après le mal qu’à chercher après Dieu, vous ne croyez pas ?