17° Dimanche du temps ordinaire – année C – Luc 11,1-13
« Demandez, on vous donnera. »
La plupart du temps, nos prières sont des prières de demande. Cela se comprend. Nous avons besoin de l’aide de Dieu, surtout au plan moral et spirituel : nous n’arrivons pas à faire le bien que nous aimons et nous faisons le mal que nous n’aimons pas. Nous sommes donc condamnés à demander tous les jours l’aide de Dieu. D’ailleurs le Christ lui-même nous encourage à le faire : Demandez et on vous donnera… Quiconque demande reçoitLuc 11,9,10) Demandez et vous recevrez (Jean 16,24) Pourtant chacun sait que nos demandes ne sont pas toujours exaucées. D’où la requête des Apôtres à Jésus : Apprends nous à prier.
Et le Seigneur répond en proposant cette prière que nous appelons le Notre Père. Ce qui frappe d’abord dans cette prière, c’est que c’est une prière à l’envers : d’habitude nous commençons nos prières en demandant tout de suite des choses pour nous : la santé, le courage, sortir d’un moment difficile et.c.. tandis que dans la prière qu’il nous enseigne, le Seigneur place en premier des demandes pour Dieu : que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite et refoule vers la fin les demandes pour nous : Donne nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour, pardonne nous nos péchés. Nos prières à nous sont d’habitude centrées sur nous et nos besoins immédiats. La prière que le Seigneur nous enseigne est d’abord orientée vers le Père et centrée sur lui.
Si cette prière est une prière à l’envers, c’est que notre Dieu aussi est un Dieu à l’envers, à l’envers du dieu des païens. 1°) Le dieu des païens est d’abord tout puissant ,notre Dieu lui, est d’abord un Père aimant, en lui la toute puissance obéit à l’amour. 2°) Le dieu des païens est un dieu lointain, mystérieux, inaccessible. Notre Dieu lui, même s’il demeure mystérieux est un Dieu qui s’approche, qui se révèle Vous me trouverez pour m’avoir cherché de tout votre coeur, je me laisserai trouver par vous, nous dit-t-il en Jérémie (Jer.29,14) Il vient au milieu de nous, en nous, nous laisse son Evangile et nous communique son Esprit. 3°) Le dieu des païens est un dieu effrayant qui inspire la crainte, tandis que notre Dieu, lui, par sa bonté et sa miséricorde infinies inspire l’amour, la paix, la joie. Il ferme les yeux sur leurs péchés et leur donne du temps pour se repentir (Sag11,23 ).Quand il vient au milieu de nous, ce n’est pas pour juger le monde mais pour que tout le monde soit sauvé . 4°) Enfin et surtout le dieu des païens est insensible aux besoins des hommes, il faut le forcer à faire attention à nous à coups de prières longues, insistantes, répétées et de sacrifices onéreux : il faut lui offrir la plus belle bête du troupeau et parfois des sacrifices humains, tandis que notre Dieu, lui, veille sur nous avec une attention telle que le Christ va jusqu’à dire : Quand vous priez, ne rabâchez pas comme les païens ; ils s’imaginent que c’est à force de paroles qu’ils se feront écouter, votre Père sait de quoi vous avez besoin avant que vous le lui demandiez.(Mt.6,7)
Du coup, on comprend pourquoi la prière que le Christ nous enseigne est une prière à l’envers des prières que nous faisons d’habitude et où nous nous précipitons pour présenter tout de suite notre liste de demandes. Si vraiment notre Dieu est un Père aimant, qui n’a pas d’autre chose en tête que notre bonheur, ce serait offensant et absurde de le harceler: donne moi ceci ou cela. Est-ce que nous harcelons le médecin qui nous soigne pour qu’il nous prescrive tel ou tel médicament ? Nous le laissons rédiger son ordonnance, il sait de quoi nous avons besoin.Si vraiment nous croyons que Dieu est un Père qui nous aime, qui sait de quoi nous avons besoin, alors nous commencerons notre prière en disant : Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite, parce que nous croyons que si son nom est sanctifié, si son règne arrive et si sa volonté est faite, alors tout ira bien pour nous. Et c’est ensuite seulement, que nous présenterons nos demandes Donne nous notre pain quotidien, pardonne nous nos offenses, ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre nous du mal. Et nous demanderons tout cela non pas dans l’anxiété, mais avec pleine confiance. Nous pouvons être tranquilles,le Père veille. Ne soyez inquiets de rien, écrit St Paul aux Philippiens mais en toute occasion, par la prière et la supplication, accompagnées d’actionde grâces , faites connaître vos demandes à Dieu. (Phil.4,6 ) Voyez comment St Paul nous invite à dire merci avant même d’avoir reçu une réponse à nos prières, tellement il a confiance que Dieu nous entendra.
Ce n’est donc pas étonnant si le Christ termine son enseignement en nous invitant à la confiance Si vous qui êtes mauvais savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père duciel vous donnera. jusque là, ça va, nous sommes d’accord.Mais il y a une suite à la phrase de Jésus. Et elle n’est pas celle que nous attendions. Il ne dit pas combien plus le Père du ciel vous donnera-t-il ce que vous lui demandez il dit combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent. Jamais dans l’Evangile le Seigneur ne nous dit que nous recevrons ce que nous demandons. Il dit Demandez et vous recevrez, Quiconque demande reçoit. Le Père sait de quoi vous avez besoin . Donc il vous ledonnera. Mais nous ne sommes pas toujours du même avis que lui sur ce dont nous avons besoin. Et il ne nous donne pas toujours ce que nous avons demandé. Alors ? Mais qui sait ce qui est le meilleur pour moi ? Dieu ou moi ? Si c’est Dieu, alors il faut lui laisser le choix de me donner ce qu’il veut , il faut lui laisser le choix aussi de refuser de me donner ce que je lui demande. Et parfois nous ne comprendrons pas ce refus : un petit enfant est gravement malade, nous prions pour sa guérison, mais il meurt… Nous ne pouvons pas comprendre. Nous ne voyons pas comment le Seigneur l’accueille… Cela me fait penser au petit enfant qui hurle dans les bras de sa mère, on vient de lui administrer un vaccin douloureux. Il pleure, il hurle son désespoir.Sa maman qui l’aime bien pourtant, c’est elle qui l’a emmené au dispensaire.Il ne peut pas comprendre que la souffrance causée par le vaccin douloureux est quelque chose de bon pour lui. De même nous ne pouvons pas comprendre que Dieu refuse d’écouter certaines de nos prières. Si c’est Dieu qui sait le mieux ce qui est le meilleur pour moi, alors il est urgent, essentiel, capital que j’aie une bonne dose d’Esprit Saint pour que les demandes de mes prières soient en accord avec la volonté du Père qui m’aime et qui sait mieux que moi quel est le meilleur pour moi.
Que retenir de tout cela ?
Au départ, avant tout, quand nous nous mettons à prier il s’agit de croire que notre Dieu est un Père qui nous aime et qui veut ce qu’il y a de mieux pour nous.Dans l’évangile, nous voyons le Christ multiplier les pains pour la foule qui après l’avoir suivi toute la journée se retrouve le soir dans un lieu isolé sans rien à manger. Touché par la souffrance des malades, il les guérit. Au tombeau de Lazare, même s’il sait que dans quelques instants il va le ramener à la vie,devant la tristesse et les pleurs de sa famille et de ses amis, il craque et ne peut retenir ses larmes. On peut prier un Dieu comme ça. Nos peines, nos souffrances, nos tristesses, il sait ce que c’est, il est passé par là avant nous….. Notre Dieu est un Dieu qui nous aime et et qui veut le mieux pour nous. Nous aussi quand nous prions nous voulons ce qui est le mieux pour nous. Mais quelquefois ce n’est pas le même mieux. Qui sait quel est le mieux pour moi ? Dieu ou moi ? Si c’est Dieu, alors il faut lui laisser le choix me donner ce qu’il veut me donner et lui laisser le choix de refuser de me donner ce que je veux. Mais avons nous vraiment confiance ? Sommes nous capables de dire, comme Ste Thérèse de Lisieux : C’est ce qu’il veut que j’aime le mieux ?