Tous les textes de la messe d’aujourd’hui nous parlent de joie. Dans l’évangile Jean Baptiste nous annonce la venue du Seigneur. Dans la première lecture, Isaïe explique que ce messie vient annoncer la bonne nouvelle aux humbles, autrement dit même les petites gens, Dieu s’en occupe, qu’il vient guérir ceux qui ont le coeur brisé, pour ceux qui sont dans la peine, c’est un réconfort de savoir qu’ils ne sont pas oubliés, qu’il il vient proclamer aux captifs leur délivrance et aux prisonniers leur libération, pour nous qui sommes bien souvent enfermés dans nos soucis, emmurés dans nos inquiétudes, le Seigneur ouvre des issues. Et dans la deuxième lecture St Paul conclut : mais soyez donc dans la joie.
D’un autre côté, c’est l’hiver, c’est vrai, il fait froid, il fait gris, nous avons des soucis parfois très graves, et notre monde est loin d’être en paix : la guerre en Ukraine et au Moyen Orient pourrait dégénérer en conflit mondial, en Afrique, comme si la misère ne suffisait pas, des rivalités ethniques ou religieuses sèment un peu partout la ruine et la mort. Quelquefois nous sommes prêts de perdre coeur en voyant notre monde dans un tel état, tandis que la fête de Noël elle-même est devenue une fête largement païenne, avec des illuminations, des guirlandes de papier doré, des Pères Noël dans les vitrines des magasins et des sapins dans les rues. On parle cadeaux, vacances, sports d’hiver, réveillons avec huîtres et vin blanc. Il est question de tout sauf de la venue du Sauveur. Mais malgré tout cela le Seigneur s’approche. Rien ne saurait venir à bout de son parti pris absolu, inconditionnel, de venir nous sauver. Vous tous qui portez des charges très lourdes,et qui êtes fatigués, venez à moi et je vous soulagerai. (Mt.11,28)
Du temps de Jésus aussi, il y avait des virus nocifs répandus dans l’air ambiant. On attendait ardemment la venue du Messie, mais à condition qu’il ne dérange pas trop, à condition qu’il vienne combler les désirs de chacun surtout ceux des prêtres, des pharisiens et de l’ensemble du milieu clérical qui tenaient le haut du pavé et prétendaient imposer au reste de la population ses règles de conduite. Or voici que J.B sans demander aucune permission à personne se met à proclamer qu’il vient ouvrir la voie au Messie. Inquiets, l’ensemble du milieu clérical et les Pharisiens, confinés dans leurs préjugés envoient quelques représentants voir ce qui se passe : pour qui se prend-il ? Qui lui a donné autorité pour prêcher et baptiser ?
Il est embarrassant ce J.B. : il ne se met pas en avant. Ceux qui l’interrogent auraient préféré qu’il prétende être le Messie. Ils l’auraient fait taire, leur prestige aurait été sauf, ils auraient gardé leur place prépondérante dans la société. Ce n’était pas la première fois que des illuminés se présentaient comme le Messie et causaient des troubles avant que les autorités ne les arrêtent et ramènent le calme… Mais J.B.ne se met pas en avant, il s’efface derrière le Messie dont il n’est pas digne de dénouer la courroie de la sandale. Il se contente de prêcher tout simplement : Aplanissez le chemin du Seigneur, laissez le aller son chemin, ne lui imposez pas votre itinéraire. .Ne lui demandez pas de faire ce que vous, vous voulez qu’il fasse. Ne lui demandez pas de dire ce que vous, vous voulez qu’il dise Laissez le d’abord dire ce qu’il veut vous dire, faire ce qu’il veut faire. Après, s’il reste du temps, vous pourrez dire ce que vous avez à dire. Comme dans le Notre Père. On dit d’abord : que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite. Et puis ensuite, mais ensuite seulement : Donne nous aujourd’hui notre pain quotidien, pardonne nous nos offenses, ne nous laisse pas entrer en tentation. Etc. ETC,c’est à dire demandez tout ce que vous voudrez,car il est dit Demandez et vous recevrez. (Jean 16,24) Avant même que vous lui demandiez, votre Père sait de quoi vous avez besoin (Mt.6,8) mais d’abord laissez le dire, laissez le faire .Nous ne pouvons pas prétendre être ses disciples et lui imposer nos volontés, Nous ne pouvons pas prétendre accueillir le Seigneur et lui imposer nos volontés. Sommes-nous prêts à accueillir le Seigneur, à le laisser nous emmener là où il veut nous emmener ? Qu’est-ce qui fait que nous ne sommes pas capables de dire comme Notre Dame à l’ange de l’annonciation : Qu’il me soit fait selon ta parole (Luc1,38)) ou comme Ste Thérèse de Lisieux : C’est ce qu’il veut que j’aime le mieux ? Je ne pense pas que délibérément nous ayons des projets opposés à la volonté de Dieu, mais peut-être que tout simplement nous ne croyons pas vraiment que le Seigneur a des projets pour chacun d’entre nous, qu’il appelle chacun d’entre nous à une vocation spéciale . D’ailleurs presque toujours quand on parle de vocations, on pense que cela ne concerne que les prêtres, les religieux et les religieuses . .Donc par conséquent, avec une entière bonne conscience, nous élaborons nos projets de vie tout seuls, comme s’il n’y avait pas de Dieu, comme s’il n’avait pas lui aussi des projets pour nous. Et si nous ne croyons pas que Dieu a des projets pour nous, si nous ne croyons pas vraiment que le Seigneur qui s’approche de nous à Noël veut nous faire avancer, nous emmener plus avant dans une vie meilleure avec lui, comment voulez vous que nous l’accueillions tout heureux de le laisser nous emmener là où il veut nous emmener ?
C’est là que nous avons à nous convertir, à nous demander : qu’est-ce que le Seigneur attend de moi ? Qu’est-ce qu’il voudrait que je fasse de ma vie ? Cessons de nous prendre pour des électrons libres, dérivant n’importe où et n’importe comment, dans l’univers. C’est Dieu qui nous a donné la vie. Il sait ce qu’il fait et il sait ce qu’il veut. Il sait bien mieux que nous ce qui est le meilleur pour nous.Dans ce temps de Noël, où il s’approche de nous pour nous guider et nous remettre sur le bon chemin, ayons le bon sens de lui demander très simplement, comme st François d’Assise :Seigneur que veux-tu que je fasse ?afin de profiter le mieux possible de tout ce qu’il vient nous donner.
Que retenir de tout cela ?
Soyons dans la joie parce que le Seigneur, jamais découragé de notre médiocrité et de nos fautes vient encore parmi nous pour nous relancer sur la bonne trajectoire. Alors aplanissons le chemin du Seigneur, aplanissons les trous et les bosses de nos projets et de nos désirs. maladroits. Oserons nous raser tout cela et lui laisser l’initiative ? Oserons nous lui dire : Seigneur, venez, entrez chez nous ? Vous avez carte blanche !!!