15ème dimanche du temps ordinaire – Année A – Mt 13, 1-9
« Le semeur sortit pour semer »
L’évangile d’aujourd’hui nous rapporte d’abord la parabole du semeur et ensuite une longue discussion où Jésus répond aux apôtres qui lui demandent d’expliquer pourquoi il parle en paraboles. Je partirai de cette discussion pour revenir ensuite à la parabole du semeur.
Les apôtres demandent à Jésus « Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? » Celui-ci leurrépond « Si je leur parle en paraboles, c’est parce qu’ils regardent sans regarder, qu’ils écoutent sans écouter et sans comprendre ». Autrement dit : ce n’est pas moi qui parle par énigmes, ce sont eux qui orientent mal leur attention. Jésus propose un enseignement, il ne l’impose jamais. Il a devant lui un certain nombre d’auditeurs. Ceux qui cherchent trouvent « Qui me cherche me trouve » (Prov,8,17) « Je me laisserai trouver par vous » (Jer.29,14), lit-on dans l’Ecriture. « A vous il est donné de connaître les mystères du Royaume »dit encore Jésus à ses disciples, tandis qu’il constate « mais ce n’est pas donné à ceux-là » . Pourquoi ? Parce qu’ils ne cherchent pas à comprendre. Le Christ s’adresse à tous, il ne met personne de côté, mais un certain nombre de ses auditeurs sont indifférents ou hostiles à sa parole. Ce sont eux dont il dit qu’ils regardent sans regarder, et qu’ils écoutent sans écouter ni comprendre.
A plusieurs reprises dans l’évangile le Seigneur évoque ces auditeurs inattentifs : « Pourquoi ne comprenez-vous pas mon langage ? » s’interroge-t-il. Et il répond : « Parce que vous n’êtes pas capables d’écouter ma parole »(Jean8,43) Et pourquoi ne sont-ils pas capables d’écouter la parole ? Parce qu’ils ne sont pas ouverts, ils se sont sont fermés sur eux-mêmes. Le Seigneur est sévère avec ceux là. « Si je n’étais pas venu, si je ne leur avais pas adressé la parole, ils n’auraient pas de péché; mais à présent leur péché est sans excuse » (Jean15,22) Voilà qui nous invite à voir où nous en sommes. Est-ce que nous écoutons ? Et si nous écoutons, quel genre d’auditeurs sommes-nous ? Des auditeurs qui cherchent vraiment à comprendre ou des auditeurs distraits qui ne sont pas vraiment intéressés ?
Est-ce que nous écoutons ? Pour écouter, il faut croire que le Seigneur parle. Il devrait être clair pour chacun qu’ il y a trois sortes de pensées en nous, celles qui viennent de nous, celles qui viennent du démon (on appelle ça des tentations et généralement nous savons les reconnaître) et puis il y a des idées qui viennent de Dieu. Malheureusement nous ne sommes pas très habiles à les identifier. Comment se présentent-elles ? Par exemple, quand nous prions, quand nous assistons à la messe, quand nous écoutons une homélie, parfois il nous arrive de comprendre quelque chose sur Dieu. Ou bien c’est en lisant le journal, en parlant avec quelqu’un, en regardant la télé, en voyant quelque chose dans la rue, quelque chose nous émeut et nous rapproche de Dieu. J’ai peur que nous ne soyons pas toujours très attentif à repérer toutes ces « paroles » que le Seigneur nous adresse, le plus souvent peut-être parce que nous ne croyons pas vraiment que le Seigneur parle à tout le monde et à chacun sans mettre personne de côté. Une fausse humilité nous conduit à penser que le Seigneur ne peut pas se permettre de perdre son temps à communiquer avec des chrétiens aussi médiocres que nous. Et par suite, nous n’écoutons plus et la parole ne peut plus entrer dans nos coeurs tout comme le grain ne peut pas pénétrer dans de mauvais terrains comme l’explique la parabole du semeur.
A propos de cette parabole, inutile de nous demander quel genre de terrain nous sommes. Suivant nos dispositions du moment, nous pouvons être successivement tous les genres de terrain.
Parfois la parole du Seigneur tombe sur nous comme du grain qui tomberait sur le bord du chemin où il n’y a pas de terre du tout mais seulement des cailloux. C’est rare que nous soyons ce type de terrain. mais cela arrive. C’est lorsque nous considérons que la religion n’a rien à voir avec notre vie de chaque jour, qu’elle est comme un luxe superflu ou un loisir facultatif, qu’on peut pratiquer une religion comme on peut faire du sport ou de la musique. On n’est pas contre Dieu , mais on est quand même complètement fermé à l’évangile et la parole de Dieu ne peut pas pénétrer en nous, exactement comme le grain ne peut pas pénétrer dans une pierre.
Parfois la parole de Dieu tombe sur nous comme du grain sur un sol pierreux où il n’y a pas beaucoup de terre arable. Nous sommes souvent ce type de terrain. Nous accueillons avec joie sa parole qui apaise et comble notre coeur. mais comme celui-ci est déjà encombré d’un tas d’autres préoccupations, le bon grain n’arrive pas à trouver assez de terre pour pénétrer en profondeur. Nous voulons bien faire place au Seigneur dans notre vie, mais nous avons d’autres choses à faire que nous estimons plus urgentes. Ce n’est pas que nous ne voulions pas de lui, au contraire nous voudrions bien l’accueillir mais submergés par tout ce que nous avons à faire, nous sommes débordés et nous n’arrivons pas à lui donner la place que nous voudrions lui donner dans nos vies.
Parfois la parole de Dieu tombe sur nous comme le grain qui tombe dans les ronces, c’est lorsque nous sommes complètement prisonniers de nos soucis immédiats : la bonne marche du foyer, l’éducation des enfants, prévoir et organiser les vacances,trouver l’argent nécessaire pour faire face à toutes nos obligations, les problèmes de santé, les difficultés dans la vie professionnelle, et les imprévus de toutes sortes qui surgissent. Tout cela, c’est urgent, ça ne peut pas attendre Et nous décidons que nous ne pouvons plus nous consacrer à autre chose. Nous mettons alors délibérément le Seigneur de côté. Malheureusement il arrive que nous soyons parfois ce type de terrain. ……………………………………..Mais, grâce à Dieu nous sommes aussi quand même ,de temps en temps, la bonne terre qui reçoit le bon grain et donne du fruit à raison de trente, soixante ou cent pour un.
Ce qui est préoccupant, c’est que, trop souvent, nous sommes comme le terrain pierreux : nous voudrions bien accueillir la parole de Dieu mais débordés par toutes nos préoccupations,nous n’y arrivons pas ou comme le terrain plein de ronces : nous décidons de nous occuper de nos soucis immédiats, tant pis pour la parole de Dieu, nous n’avons plus de temps à lui consacrer. Dans un cas comme dans l’autre nos soucis immédiats, sont des obstacles à l’écoute de Dieu. Comment faire pour nous occuper de nos soucis sans négliger l’écoute de la parole de Dieu ? Peut-être tout simplement en intégrant le Seigneur à nos soucis. Par exemple, au lieu de me dire: comment faire devant telle difficulté dans mon métier, me dire : comment le Seigneur veut-il que je m’y prenne ? Car mon activité professionnelle, c’est le moyen par lequel je fais la volonté de Dieu qui est que je subvienne aux besoins de la famille que le Seigneur m’a confiée. En portant nos soucis devant le Seigneur dans la prière, au lieu d’être des obstacles qui nous empêchent d’écouter la parole de Dieu et de faire sa volonté, nos soucis deviennent le moyen et le chemin par lequel nous mettons en oeuvre la parole de Dieu et réalisons sa volonté .
Que retenir de tout cela ?
Le Seigneur sème sa parole dans le coeur de tous les hommes sans laisser personne de côté. Que faire pour l’entendre ? Etre attentif à tout ce qui touche notre coeur, nous rapproche de lui et nous pousse à agir selon sa volonté. Souvent nous faisons de nos soucis et nos travaux des obstacles qui nous empêchent d’être en communion avec Dieu. Pourtant en réalité,ils sont le moyen et le chemin que nous offre le Seigneur pour aller vers Lui. Car nos tâches quotidiennes, c’est le Seigneur lui-même qui nous les confie. C’est à travers nos travaux de chaque jour que nous pouvons transformer le monde en royaume de paix, de justice et de charité. Il ne suffit pas de dire chaque fois que nous récitons le Notre Père : « Que ton Règne vienne ». car c’est à travers nos travaux, nos combats et nos soucis que nous édifions le petit bout de royaume que le Seigneur nous donne à construire