Dans cette parabole, le Seigneur nous raconte l’histoire d’un groupe de jeunes filles invitées à un mariage. Belle image de l’invitation à entrer dans le Royaume des Cieux dont nous faisons l’objet. Elles attendent l’arrivée de l’époux pour entrer avec lui dans la salle des noces. La nuit est tombée. Tout le monde est assoupi. Le marié est en retard. Sa brusque arrivée réveille tout le monde et le cortège s’apprête. Mais catastrophe ! Quelques-unes des jeunes filles du groupe s’aperçoivent qu’elles n’ont pas emmené suffisamment d’huile pour leurs lampes. Vite, elles vont en acheter. Mais quand elles reviennent, il est trop tard, la porte de la salle de noces est fermée, elles ne participeront pas à la fête. Jésus conclut. Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure.
De quelle heure et de quel jour s’agit-il ? De l’heure et du jour de notre entrée définitive dans le royaume, c’est-à-dire de l’heure et du jour de notre mort. C’est à ce moment-là que nous sortirons de la vie terrestre pour entrer à demeure dans la vie éternelle. Or ce moment-là, nous ne savons pas quand il viendra. Nous ne connaissons ni le jour ni l’heure. Aussi le Christ nous demande de veiller de façon à être prêts. En même temps il nous envoie deux signaux contradictoires : l’un, menaçant : Attention, ! tout le monde ne rentrera pas, ceux qui ne se sont pas prêts ne rentreront pas ; l’autre tout-à-fait réconfortant et réjouissant : entrer dans le royaume, c’est participer à une fête, c’est comme être invité à une noce ! Raison de plus pour nous y préparer soigneusement.
Quelle faute commettent les jeunes filles imprévoyantes de la parabole ? Elles se laissent prendre par leurs désirs et leurs besoins immédiats : elles ont envie de dormir, alors elles se laissent aller au sommeil, oubliant complètement qu’elles doivent veiller pour aller au-devant du marié. Pour nous, c’est la même chose. Pourquoi est-ce que nous ne nous soucions guère de veiller pour nous préparer à l’entrée dans le royaume ? Tout simplement parce que trop pris par les nécessités immédiates de la vie courante, nous n’avons plus le temps d’y penser. Le travail de chaque jour, les soucis personnels, familiaux, professionnels nous assaillent sans répit. Nous n’arrivons même pas à faire face à tout. Les urgences de la vie présente accaparent toute notre attention, mobilisent toute notre énergie, comment voulez-vous qu’on pense encore à la vie éternelle ?
Le travail et les soucis de toutes sortes constituent le tissu de notre vie. Nous ne pouvons pas les éliminer. Mais en nous enfermant dans les urgences du présent immédiat, ils accaparent toute notre attention, mobilisent toute notre énergie, ils sont donc des obstacles qui nous empêchent de penser à préparer notre avenir, notre entrée dans le Royaume. Alors que faire ? Arrêter de travailler, cesser de nous occuper de nos soucis, nous réfugier dans le spirituel et faire des prières ? Impensable ! D’ailleurs, les propos de Jésus sur le jugement dernier dans l’évangile sont très clairs : Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui a été préparé pour vous depuis la fondation du monde, dit le Christ, car vous êtes allés à la messe tous les dimanches ? car vous avez fait plein de prières ? Non, pas du tout, mais venez, entrez dans le royaume parce que j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger (un migrant) et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité, en prison et vous êtes venus à moi. (Mt.25,31-46)…….En vérité je vous le déclare, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’ est à moi que vous l’avez fait!
Mais alors, cela veut dire que nos gestes que nous pensons être profanes, le travail, tous nos soucis personnels, familiaux, professionnels, qui sont plus d’une fois, des obstacles nous empêchant de
penser à préparer notre entrée définitive dans la vie éternelle, ils pourraient être, quand même, les pierres du chemin qui nous conduit à la porte du Royaume ? Comment cela ? Le technicien d’EDF qui remet en état les lignes électriques après la tempête, perché dans sa nacelle à cinq mètres du sol, la femme au foyer qui prépare le repas de midi, pris par leur travail, ne peuvent pas en même temps penser à se préparer à entrer dans le royaume quand le moment sera venu, Apparemment leur travail peut les éloigner de toute préoccupation du royaume. C’est vrai. Mais il peut aussi être le moyen par lequel ils construisent le royaume, sans même qu’ils s’en rendent compte car, malgré les apparences, ce travail qui les absorbe complètement, n’est pas quelque chose qui coupe tout lien avec le spirituel. Le technicien d’EDF en rétablissant le courant, redonne la lumière à tous les foyers plongés dans le noir et le Seigneur nous dit : ce que vous aurez fait pour le plus petit d’entre les miens, c’est pour moi que vous l’aurez fait. Notre technicien d’EDF par son travail restaure la création endommagée par la tempête. Le Seigneur lui dira Viens recevoir en héritage le royaume qui a été préparé pour toi depuis la fondation du monde, parce que j’étais dans le noir et tu m’as rendu la lumière. De même la femme au foyer qui prépare le repas de la famille, le Seigneur lui dira Viens, entre dans le Royaume préparé pour toi depuis la fondation du monde parce que j’avais faim et tu m’as donné à manger. Mais nous avons du mal à croire cela. Nous sommes comme les justes dans l’évangile répondant à Jésus qui les invite à rentrer dans le royaume Quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te donner à boire ? Si je vais dire au technicien de l’EDF : “Monsieur, vous êtes en train de restaurer le monde du Bon Dieu abimé par les intempéries, vous faites que le monde du du Bon Dieu tourne plus rond, vous êtes en train de construire un petit bout du Royaume de Dieu“ il va appeler le SAMU, me prenant pour un fou ! Et pourtant c’est la vérité, il est bien en train de restaurer le monde du Bon Dieu endommagé par la tempête.
Que retenir de tout cela ?
Nous sommes tous invités à entrer dans son Royaume pour vivre auprès du Christ d’une vie nouvelle dans un royaume sans haine, sans injustices, sans guerres où règnent la paix, la justice et la charité. Comme nous ne connaissons ni le jour ni l’heure où le Seigneur viendra nous chercher, il nous donne un sérieux avertissement. Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. Ce n’est donc pas le moment de dormir. Veillons à ce que nos occupations quotidiennes, le travail, les soucis et préoccupations de toutes sortes ne soient pas trop souvent des obstacles qui nous éloignent de tout souci du royaume.
Mais comme nos occupations de chaque jour, le travail, les soucis, les préoccupations de toutes sortes sont aussi des occasions où le Seigneur nous rend capables de construire le Royaume, veillons aussi à bien repérer toutes les fois où le Seigneur nous a inspirés Soyons honnêtes. Même si nous ne sommes pas des saints il nous arrive de faire des choses bien. Or il n’y a qu’une source de bien dans le monde, c’est Dieu. Donc chaque fois que nous faisons quelque chose de bien, le Seigneur y a mis les mains comme disait ma mère. Je vous propose donc de faire souvent votre examen de conscience sur le bien que vous avez fait, pour repérer toutes les fois où, dans ce que nous avons fait, le Seigneur y a mis les mains. Cela nous permettra d’abord de remercier le Seigneur de nous avoir inspiré, cela nous donnera ensuite de l’élan pour faire mieux le lendemain et cela nous permettra , le jour où le Seigneur nous dira : Venez par ici recevoir l’héritage que je vous ai préparé parce que vous avez fait ça et ça et encore ça de bien, de ne pas avoir l’air trop idiot en demandant : Moi ? mais quand est-ce que j’ai fait tout ça ?