Moi je suis le pain vivant descendu du ciel. Il y a là deux énormités inacceptables pour ses auditeurs. Comment Jésus peut-il dire je suis descendu du ciel ? Tout le monde connait sa famille, sa mère, son père, Joseph, un charpentier sans histoires. Ils sont de Nazareth Et comment peut-il dire : Je suis le pain vivant… si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ? C’est du délire. On comprend que les gens trouvent cela totalement absurde! Jésus n’est pas surpris de leur réaction, il s’y attendait. Mais il s’explique : Personne ne peut venir à moi si mon Père ne l’attire. C’est-à-dire : ceux qui ont perçu cette attirance viennent à moi. Comment comprendre ces propos ?
Jésus est Dieu. Aucun homme ne peut comprendre Dieu ni l’approcher, si Dieu lui-même ne s’approche de lui et ne se fait comprendre de lui. Vos pensées ne sont pas mes pensées et vos voies ne sont pas mes voies. Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes pensées sont élevées au-dessus de vos pensées. (Isaïe 55,9) dit-il en Isaïe. Mais il dit aussi en Jérémie : Je me laisserai trouver par vous. Quand vous me chercherez, vous me trouverez pour m’avoir cherché de tout votre cœur. (Jer.29,13,14) En d’autres termes, même si pour nous, le Seigneur est totalement hors de portée, comme il veut se laisser trouver par nous, il n’y a plus de problèmes, mais encore faut-il que nous le cherchions de tout notre cœur. Comment se laisse-t-il trouver par nous ? Et chercher Dieu de tout son cœur, c’est quoi ?
Comment se laisse-t-il trouver dans le quotidien de nos journées ? A travers les idées qui nous passent par la tête et touchent notre cœur. Car il y a trois sortes d’idées en nous : des idées qui viennent de nous : par exemple je réfléchis à ce que je vais faire cet après-midi, qu’est-ce qui est le plus urgent et qu’est-ce qui peut attendre ? Il y a des pensées qui nous viennent et qui nous poussent au mal . Ce sont des tentations qui viennent du démon. Et il y a aussi des pensées qui viennent de Dieu. Ce sont des pensées qui nous poussent à faire quelque chose de bien, ou qui nous rapprochent de Dieu, Et c’est là que Dieu se laisse trouver. Malheureusement le plus souvent, par fausse humilité, nous n’osons pas reconnaître : Dieu est en train de me parler, de m’enseigner, de se laisser trouver par moi. Nous pensons trop vite : Dieu a d’autres choses à faire qu’à s’intéresser à quelqu’un d’ordinaire comme moi. Pourtant il se laisse découvrir à travers une pensée qui me touche quand je prie, une réflexion que je me fais en écoutant une homélie et qui me fait découvrir quelque chose sur Dieu à quoi je n’avais jamais pensé, ou en regardant un documentaire à la télé : je m’émerveille de l’extraordinaire fantaisie de la création ou encore au cours d’une conversation avec un ami.
Mais Dieu se laisse trouver aussi à travers tout ce qui se dit ou se fait de bien par nous ou autour de nous dans l’ordinaire de nos journées Car il n’y a qu’une seule source de bien dans le monde, c’est Dieu. Or même si nous sommes tous des pécheurs, orgueilleux, égoïstes, envieux, etc, il nous arrive à tous de dire ou de faire des choses bien. Donc chaque fois que nous disons ou que nous faisons quelque chose de bien, c’est Dieu qui nous inspire, même si nous ne nous en rendons pas
compte. Rappelez vous ce que nous dit le Christ dans l’évangile à propos des élus lors du jugement dernier. Le Seigneur les ayant invités : Venez, les bénis de mon Père recevez en partage le Royaume qui a été préparé pour vous votre récompense car j’avais faim et vous m’avez donné à manger, j’avais soif et vous m’avez donné à boire, qu’est-ce qu’ils disent ? quand est-ce que nous t’avons donné à manger ? (Mt.25,34,37) et Jésus est obligé de leur expliquer : Ce que vous aurez fait au plus petit d’entre les mines, c’est à moi que vous l’aurez fait. (Mt.25,40)
Dieu se laisse trouver par tout le monde et dans l’ordinaire de notre vie, à travers tout ce qui se dit ou se fait de bien, c’est lui qui est là devant nous, mais nous ne le voyons pas. Peut-être parce que nous n’osons pas croire qu’il est toujours avec nous, jusqu’à la fin des temps (Mt.28,20) dans l’ordinaire de nos vies. Devant moi dans le métro les gens s’écartent pour laisser passer une personne handicapée, Dieu est là qui les inspire, même si personne ne s’en rend compte. Les choses n’ont guère avancé depuis le temps où Ezechiel se lamentait : ils ont des yeux pour voir et ne voient pas (12,2)Si Jésus était apparu à Jérusalem, sur le parvis du Temple, revêtu des ornements des grands prêtres et entouré d’anges en grande tenue, avec chacun de grandes ailes dans le dos, tout le monde aurait cru en lui. Mais comme il est apparu comme un charpentier de village, on ne l’a pas reconnu. Aujourd’hui, si on nous disait que le Seigneur vient d’apparaître dans le village voisin, une auréole dorée autour de la tête,entouré d’une douzaine d’anges en grande tenue, tout le monde se précipiterait là-bas. Mais personne ne se précipite pour venir à la messe où le Seigneur, il est là, à travers les feuilles que l’EAP s’est donnée la peine d’imprimer, à travers les personnes de la chorale qui ont préparé les chants, à travers l’organiste, le prêtre qui célèbre. Le Seigneur se laisse trouver par nous, pas dans des manifestations extraordinaires mais dans le très ordinaire de la vie, dans des paroles prononcées par des gens très ordinaires, par des n’importe qui, vous ou moi compris. Il se sert de nous pour se faire connaître et il nous envoie vers les autres pour que nous les aidions à le reconnaître. Pourquoi croyez-vous que je prépare et prononce des homélies ? Parce que le Seigneur m’a appelé et envoyé. Comme St Paul le disait aux Corinthiens : Ce n’est pas à cause d’une capacité personnelle que nous pourrions mettre à notre compte, c’est de Dieu que vient notre capacité. (2Cor. 3,5) A part mon bac, je n’ai aucun diplôme, (si j’en ai un : moniteur de colonies de vacances de la République Malgache !) Par nous-mêmes nous ne pouvons pas arriver à connaître Dieu, à comprendre Dieu, et encore moins à l’expliquer aux autres, et aucune étude même les études du séminaire ne peuvent nous donner cette connaissance, mais comme Lui prend l’initiative de se faire reconnaitre par nous, nous sommes tirés d’affaire. Mais encore faut-il que nous soyons toujours en train de chercher sa présence au milieu de nous. Il faut d’autant plus faire attention qu’il ne se met pas en dimanche, il vient en habits de tous les jours, dans l’ordinaire. Comme disait le P. Duval dans une de ses chansons :vous qui cherchez le Bon Dieu dans les nuages vous allez rater son passage.
Que retenir de tout cela ?
Personne ne peut venir à moi si mon Père ne l’attire Personne ne peut connaître ni rejoindre Dieu par lui-même. Heureusement le Seigneur l’a promis : Je me laisserai trouver par vous
Comment se laisse-t-il trouver ? A travers certaines de nos pensées qui nous éclairent et nous permettent d’avancer dans la connaissance de Dieu. Ces pensées peuvent se présenter n’importe quand et n’importe où, à l’église, chez nous, dans la rue, devant la télé, au cours d’une prière ou d’une conversation, en travaillant ou en me promenant. Mais surtout le Seigneur se laisse trouver à travers ce que nous disons ou faisons de bien, car c’est lui qui est à la racine de tout bien.
Quand vous me chercherez, vous me trouverez pour m’avoir cherché de tout votre cœur Comment le chercher de tout son cœur ? Il faut tout simplement être convaincu qu’il n’y a qu’une source de bien dans le monde, Dieu. C’est pourquoi, Dieu, on le trouve dans tout ce qui se dit ou se fait de bien, même dans l’ordinaire de nos vies. Car aussi incroyable que cela puisse paraître, jamais dégoûté de nos médiocrités, obstinément, sans cesse, il est à nos côtés pour nous inspirer même et y compris dans la banalité de notre quotidien. Mais quand cesserons nous de le chercher dans les nuages ? Quand cesserons nous d’être de ces gens qui ont des yeux mais ne voient pas ?
Je me dis par exemple. Je vais dégager mes outils de l’entrée du garage, ma femme voudrait mettre là des affaires à elle, ce genre de pensées vient de dieu parce qu’il est la seule source de bien dans le monde. Mais par fausse humilité nous n’osons pas le reconnaître nous nous disons :le Bon Dieu ne s’occupe pas de quelqu’un d’insignifiant comme moi
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