Dimanche  10  Décembre  2023                                Fromelles

Commencement de l’évangile de Jésus-Christ, fils de Dieu écrit St Marc. Nous sommes alors entre 65 et 70 après la naissance du Christ. Avec St Pierre dont il est le secrétaire, St Marc annonce l’évangile à Rome. Il s’adresse spécialement à la communauté Juive composée surtout de commerçants. Ils avaient entendu parler du Christ, de son enseignement et de ses miracles et un certain nombre d’entre eux pensaient à devenir ses disciples. Mais ils hésitaient, craignant que le Christ ne prêche une religion nouvelle et ils ne voulaient pas renier la religion de leurs ancêtres. C’est pourquoi dès les premières lignes de son évangile, St Marc s’efforce de les rassurer. D’abord il nomme Jésus : Christ, c’est-à-dire Messie envoyé du Père. Il le présente donc comme étant bien plus qu’un simple prophète. Et dès le deuxième verset du premier chapitre de son évangile, il glisse une citation groupée d’un passage de l’Exode, du prophète Malachie et d’Isaïe annonçant l’arrivée de Jean Baptiste envoyé préparer la venue du Messie : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi pour ouvrir ton chemin. Voix de celui qui crie dans le désert : préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. (Ex.23,20—Mal.3,1—Isaïe40,3).

Voilà qui devrait tranquilliser et apaiser les scrupules des Juifs désireux de devenir chrétiens en leur montrant que le Christ, loin d’être opposé au judaïsme, est en réalité en continuité avec lui puisqu’il est le Messie annoncé par les prophètes et qui devait être précédé par un précurseur. Et ce précurseur c’est Jean Baptiste dont tout le monde connait la prédication vigoureuse et sa façon de s’adresser aux pharisiens et aux saducéens sans ménagement les traitant de  race de vipères (Mt.3,7) Pour achever de rassurer son public St. Marc dresse un portrait rapide de Jean Baptiste montrant qu’il n’est pas un novateur dangereux mais un prophète tout-à-fait classique: il était vêtu de poil de chameau,  avec une ceinture de cuir autour des reins,  ce qui était la tenue habituelle des prophètes dans l’A.T. Il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage, ce qui était la nourriture traditionnelle des prophètes dans le désert.

Et qu’est-ce que fait JB ? : il proclame un baptême de conversion pour la rémission des péchés.Ici, il faut faire très attention au sens des mots. Le mot baptême ne désigne pas le baptême-sacrement qui faitde nous des enfants de Dieu. Au moment où Jean Baptiste parle, les sacrements n’ont pas encore été institués. Il utilise le mot baptême dans le sens qu’il avait à l’époque, c’est-à-dire se plonger, s’engager dans quelque chose. Jean Baptiste demandait à ses disciples de s’engager dans une démarche de conversion en vue d’être délivrés de leurs péchés.Cette démarche de conversion consistait à se plonger dans les eaux du Jourdain, ce qui symbolisait la purification des péchés. Et que signifie exactement le mot français conversion ? Il exprime l’idée de changement d’opinion ou de comportement. Mais ce mot traduit mal le terme grec de métanoïa employé par St Marc  qui signifie deux choses : changement de mentalité  comme le mot conversion mais il signifie aussi  retour vers Dieu, ce que ne dit pas le mot conversion.

Changement de mentalité : on ne se contente pas de se repentir des fautes qu’on a commis dans le passé, on s’engage dans une nouvelle voie dès maintenant. On ne reste pas tourné vers le passé, on se tourne vers l’avenir. Retour vers Dieu  Jean Baptiste ne prêche pas une conversion morale où on se détournerait du mal pour faire le bien, il demande qu’on se rallie à Dieu.  Il ne s’agit pas de de se rallier à des idées ou à des valeurs, mais de se rallier à quelqu’un, le Christ, Fils de Dieu.

Aujourd’hui si nous voulons nous rapprocher du Seigneur qui s’approche de nous à Noël, nous devons nous engager dans cette démarche de conversion avec ses deux composants : changement de mentalité, c’est à dire pas seulement regretter les fautes du passé, mais en plus s’engager à partir de maintenant et pour l’avenir dans une nouvelle manière d’agir. Retour vers Dieu, c’est-à-dire pas seulement revenir vers des bons principes, des bonnes idées, mais revenir vers quelqu’un, vers Dieu, vers le Christ qui nous montre dans l’évangile comment se comporter tous les jours. Car la parole de Dieu  ne nous communique pas un savoir à ranger dans notre tête entre le théorème de Pythagore et les règles d’accord du participe passé, c’est une parole de vie, une parole à vivre. L’évangile, ce n’est pas un livre qu’on pourrait se contenter de lire ou de méditer c’est un mode d’emploi à utiliser.  Un mode d’emploi, après l’avoir lu, il faut le mettre en pratique.

A quinze jours de Noël, il est temps de nous demander sérieusement ce qu’il faut changer dans notre vie pour revenir vers Dieu et pour l’accueillir vraiment sans réserve. Nous savons que Noël ce n’est pas LA venue du Seigneur parmi nous mais le jour du commencement de sa venue parmi nous et que, depuis ce jour-là, il n’a plus cessé de venir et de demeurer au milieu de nous.Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps nous dit-il dans l’évangile.(Mt.28,20)Mais un tas de préoccupations nous empêchent de le voir, de repérer sa présence et d’avancer avec lui jour après jour. Qu’est-ce qui fait obstacle ? Apparemment, c’est la multiplicité des choses que nous avons à faire chaque jour. Nous n’arrivons même pas à tout faire. Dans ces conditions, comment peut-on encore trouver le temps de s’occuper du Bon Dieu ?

Mais justement, il ne s’agit pas d’avoir, en plus, le temps de s’occuper du bon Dieu. Le Seigneur n’est pas en plus, en dehors des choses que nous faisons, il est dans ce que nous faisons….. Mardi dernier je suis allé donner la communion à un certain nombre de malades et de personnes âgées. J’ai été très impressionné de voir tout le dévouement et l’entraide qui entourent ces personnes handicapées tous les jours, du matin au soir et même la nuit. Est-ce que je vais dire à une femme qui veille jour et nuit sur son mari alité: dites donc madame, c’est très bien ce que vous faites,  mais en plus il faudrait que vous pensiez à accueillir le Seigneur qui est avec nous tous les jours ? Le Seigneur est déjà avec elle et elle est déjà avec le Seigneur dans le soin qu’elle prend de son mari alité. Parce  que ce vous aurez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’aurez fait (Mt.25,40), mais elle ne se rend pas compte. Peut-être même se fait elle des reproches : Avec tout ce que j’ai à faire, tous les soins que je dois donner à mon mari, je n’ai même plus le temps de me préparer à Noël ! Voilà la conversion que nous avons à faire pour bien accueillir le Seigneur en ce temps de préparation à Noël: apprendre à voir le Seigneur présent à nos côtés.

                                                   Parce que, en définitive, ce qui nous empêche d’accueillir le Seigneur, ce n’est pas la multiplicité des choses que nous avons à faire c’est notre aveuglement qui nous empêche de voir que le Seigneur est présent dans toutes ces choses que nous faisons. C’est là qu’il faut nous convertir. Comment faire, que faire pour arriver à prendre conscience qu’il est là avec nous ? Je dirai deux choses Quand je me mets à faire quelque chose, me demander est-ce que c’est comme ça qu’il aimerait que je fasse ?qu’est-ce qu’il ferait à ma place ? Ou bien après avoir fait quelque chose : Est-ce que c’est comme ça qu’il aurait voulu que je fasse ? Et ainsi on avance avec lui, on est présent à sa présence à nos côtés.

Que retenir de tout cela

A quinze jours de Noël, il est temps de nous demander ce que nous devons faire pour bien accueillir le Christ qui vient au milieu de nous. Il est là, mais nous ne le voyons pas Que faire pour nous convertir et prendre conscience de sa présence à nos côtés ? Chaque fois que nous nous mettons à faire quelque chose, nous demander : Est-ce que c’est comme ça qu’il aimerait que je fasse, qu’est-ce qu’il ferait à ma place ? Ou bien après avoir fait quelque chose : est-ce que c’est comme ça qu’il aurait voulu que je fasse. Tâchons d’être un peu moins souvent comme les disciples d’Emmaüs qui marchent tout tristes sur le chemin, soupirant Ah si seulement il était encore avec nous ! Et pendant ce temps là il est là. Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. (Luc24,16) Que notre prière soit donc celle des aveugles dans l’évangile : Seigneur, faites que je voie.