Dans la parabole du grain qui pousse sans que l’homme qui l’a semé sache comment, le Seigneur nous explique que Dieu dans son amour et sa puissance agit pour faire naître et se développer son royaume, sans que les hommes y soient pour grand-chose, mais qu’ils doivent quand même s’y impliquer. Dans la parabole de la graine de moutarde, le Seigneur nous dit que malgré ses débuts fort modestes, le royaume est promis à une réussite exceptionnelle, à l’image de la minuscule graine de moutarde qui devient une plante imposante qui dépasse toutes les autres plantes potagères.
De même que la terre par elle-même toute seule ne produira jamais rien, s’il n’y pas quelque chose venu d’ailleurs, c’est-à-dire la semence, qui la féconde, de même il faut que quelque chose venu d’ailleurs entre en nous pour que nous arrivions à transformer le monde plein d’orgueil, d’égoïsme et d’injustice en un royaume où règnent l’amour, la paix et la justice. Et ce quelque chose, c’est la parole de Dieu.On le savait depuis toujours : Si le Seigneur ne bâtit la maison, en vain travaillent les maçons disait déjà le psaume (126,1) N’empêche, il faut que les maçons travaillent, que les laboureurs retournent la terre, mettent du fumier, de la semence etc. Mais ensuite la semence germe et grandit sans que le paysan sache trop comment cela se passe et son travail dans la boue et le froid de l’automne devient moisson dorée sous le soleil de l’été. Toutefois, pour arriver à ce résultat, deux erreurs sont à éviter. La première c’est de croire que le Seigneur se charge de tout et qu’il nous suffit de faire quelques prières pour que tout se passe bien, mais nous commettons très rarement cette erreur. Tandis que nous sommes beaucoup plus souvent victimes de la seconde qui consiste à croire que tout dépend de nous et que par nos propres forces, par notre travail et nos efforts, nous allons parvenir à faire régner la paix et la justice, le bonheur et la prospérité sur la terre .Surtout depuis le XVIII° siècle et la philosophie des Lumières, on pense volontiers que les religions ne sont qu’un amas de légendes obscurantistes dont il convient de se débarrasser et l’humanité désormais éclairée par la seule raison et la science amènera progrès et bonheur sur la terre. Une foule d’esprits sérieux, généreux, pleins d’idéal nous ont donc embarqué dans des idéologies matérialistes sans Dieu, comme le capitalisme, ou des doctrines clairement athées, comme le communisme, qui, selon eux, devraient apporter infailliblement à l’humanité, le bonheur et la prospérité. Le résultat s’est révélé largement catastrophique, malgré des succès extraordinaires et impressionnants.
Car des progrès fascinants ont été réalisés. Avec l’arrivée des voitures, du téléphone, de la télévision, des robots ménagers, des ordinateurs et d’internet, la vie de tous les jours est devenue bien plus facile qu’autrefois. Des pays comme la Chine sont devenus en quelques décennies des grandes puissances mondiales. Oui, mais à quel prix : pour la Chine, 50 millions de victimes. On est parvenu à éliminer les régimes brutaux de colonisation, mais dans la plupart des cas les gouvernements corrompus qui lui ont succédé n’ont fait qu’accroître la souffrance des masses. L’intelligence des hommes, la science, la technique aboutissent à des progrès surprenants : Peut-être que nos enfants ou nos petits enfants iront passer leurs week-ends dans la lune ou sur Mars ! Mais en même temps on dérive dans l’extravagant : On envisage sérieusement de mettre au monde des enfants sans père en toute légalité, tandis que grâce à de savants bricolages biologiques les hommes peuvent devenir des femmes et les femmes des hommes, le tout remboursé par la sécurité sociale. Ne dramatisons pas, Cela n’est pas encore obligatoire !!!
En tous cas, toutes ces performances sont loin d’apporter le bonheur escompté. Sans parler des millions de victimes des deux guerres mondiales, des camps de concentration et des goulags du siècle dernier, les pays du tiers monde stagnent toujours dans la misère, et dans les pays dits développés la pollution et d’autres effets secondaires d’un progrès qui s’emballe, menacent l’équilibre de la planète. Les apôtres de l’écologie tentent de limiter les dégâts mais ne peuvent rien contre un lourd sentiment d’insatisfaction qui tourmente la société cherchant désespérément autre chose, comme le montre, c’est très significatif, la consommation de stupéfiants en hausse constante. Dans notre pays où on a trop de tout : les poubelles sont pleines de nourriture, de vêtements, de chaussures qu’on jette, comment se fait-il il y ait une telle insatisfaction ? De plus en plus nombreux sont ceux qui cherchent un sens à leur vie. Partout on cherche à s’évader, à sortir d’un quotidien pesant. Il ne faut peut-être pas s’en désoler. Cela montre qu’au-delà de la satisfaction de ses besoins primaires tout-à-fait légitime d’ailleurs, l’humanité a soif d’autre chose. Le monde étonné assiste à un retour du spirituel. Un livre récent consacré à l’étude de ce phénomène s’est vendu en France à plus de 250.000 exemplaires. Tandis que beaucoup s’égarent encore malheureusement dans des paradis artificiels, certains plus heureux dans leur recherche, redécouvrent l’intuition de St Augustin qui écrivait, il y a quinze cents ans passés : Tu nous as faits Seigneur pour toi, et notre cœur est sans repos jusqu’à ce qu’il repose en toi.
Comme la terre a besoin de semence pour porter du fruit, nous avons besoin de recevoir la Parole de Dieu pour espérer porter du fruit et transformer notre monde en royaume de paix, de justice et de charité. Du côté de Dieu, pas de problème. Chaque jour il est prêt à ensemencer la terre stérile que nous sommes, pour qu’elle puisse produire des fruits. Il le dit et le répète depuis les prophètes de l’Ancien Testament Je vous donnerai un cœur nouveau, un esprit nouveau, je mettrai mon esprit en vous (Ez.36,26) Je ne cesserai pas de vous faire du bien. (Jer.32,40) Soyons donc extrêmement attentifs à repérer tout ce qui touche notre cœur et nous dit la présence de Dieu au milieu de nous, que ce soit à travers ce qui se dit ou se fait de bien autour de nous, que ce soit à travers une parole qui nous touche, entendue à l’église, dans la rue, devant la télé ou dans une conversation. N’attendons pas des apparitions ou des révélations spectaculaires, car la Parole de Dieu n’est pas hors d’atteinte, dans les cieux qu’il te faille dire : qui montera aux cieux pour nous la chercher ? Elle n’est pas au-delà des mers qu’il te faille dire qui ira pour nous au-delà des mers pour nous la chercher ? La Parole de Dieu est dans ta bouche et dans ton cœur pour que tu la mettes en pratique. (Deut.30,11….)
Que retenir de tout cela ?
La terre sans semence est stérile. Notre monde sans la parole de Dieu ne sera jamais un royaume de paix, de justice et de charité, même si la science, la technique et le travail des hommes peuvent réaliser des prodiges et nous emmener en week-end dans la lune.
Mais la semence sans une terre qui l’accueille est stérile elle aussi. La Parole de Dieu, sans des cœurs qui l’accueillent, est stérile elle aussi. Nous avons le pouvoir redoutable de bloquer la Parole de Dieu. L’expérience de l’histoire récente nous montre ce qu’il en coûte de vouloir remplacer la parole de Vérité par de idéologies prétentieuses, car il n’y a pas d’autre nom par lequel nous puissions être sauvés. (Actes,4,12) comme déclarait St Pierre devant le Sanhédrin. Il est donc urgent d’être constamment à l’écoute du Seigneur dont la Parole nous rejoint chaque jour. Toutes les fois où quelque chose nous touche, c’est lui qui est en train de nous parler et de nous rapprocher de lui. Et si nous ne sommes pas en ligne au moment où il est en communication avec nous, prenons un moment le soir pour revoir notre journée et relever les messages.
Cette homélie me fait comprendre qu’il est indispensable de faire chaque soir la relecture de ma journée, je fais une relecture de ma matinée tout en début d’après-midi , je m’aperçois souvent que Dieu est dans les gens que nous rencontrons , et pour tout cela je dois toujours avoir le souci de remercier le Seigneur
Il me semble que je dois faire l’effort de me demander chaque soir si j’ai répondu aux appels et invitations du Seigneur