29 juin 2025 St Jean Baptiste
(Actes 12,1-11) (2Tim.4,6-8.17-18) (Mt.16,13-19)Jésus intriguait. On se demandait qui il était vraiment. Un prophète ? Peut-être ! Sa prédication faisait penser à celle d’Elie qui s’adressait lui aussi aux étrangers. Parfois aussi il répétait mot pour mot des paroles de Jean Baptiste, et comme Jérémie, il annonçait la ruine du Temple. Certains se demandaient même s’il ne serait pas le Messie. En général, il était bien vu, mais les prêtres, les docteurs de la Loi et l’ensemble du milieu clérical lui étaient profondément hostiles. Ils lui reprochaient de s’opposer à la Loi et aux traditions, d’introduire des nouveautés, et de changer la religion. D’après eux, il fallait respecter la Loi jusque dans les moindres détails et surtout, il ne fallait rien changer. Jésus critiquait cette interprétation légaliste de la religion. Pour lui, l’important était d’aimer Dieu et son prochain et l’amour devait inspirer toute la vie. Il était bon et miséricordieux même envers les pécheurs. Au contraire, les prêtres, les docteurs de la Loi et les Pharisiens étaient stricts et passaient leur temps à juger, condamner et mépriser les petites gens, lesquels étaient heureux d’entendre Jésus remettre à leur place tous ces notables arrogants. Si bien que l’opinion publique était de plus en plus favorable à Jésus, tandis que la réputation des prêtres et des Pharisiens s’effondrait. Vexés et jaloux, ils voulaient à tout prix faire passer Jésus pour un révolutionnaire et un impie.C’est dans ce contexte troublé que Jésus demande à ses disciples : Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? Pierre, toujours le premier à réagir, répond : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. Christ, c’est-à-dire celui qui a reçu l’onction, la consécration, l’investiture. Le Christ avait reçu cette investiture le jour de son baptême. L’Esprit Saint était descendu sur lui tandis qu’une voix venue du ciel disait : Tu es mon Fils bien-aimé (Mt.5,17). Tous les assistants en avaient été témoins. Pierre affirme donc ici : Tu es Christ, c’est-à-dire consacré, mais pas comme un simple prophète, tu es Fils de Dieu. Jésus reprend alors la parole pour le féliciter et souligner qu’il n’a pas trouvé cela tout seul : Ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela mais mon Père qui est aux cieux. Personne ne peut connaître Dieu. Notre intelligence est trop courte pour l’atteindre et notre cœur trop étroit pour le comprendre. Lui, l’au-delà de tout…Lui, l’indicible car tout ce qui se dit est sorti de lui…lui, l’inconnaissable comme dit l’hymne de St Grégoire de Naziance. Si quelqu’un croit que le Christ est Dieu, c’est parce que l’Esprit l’éclaire. St Paul .l’écrit aux Corinthiens :Nul ne peut dire : Jésus est Seigneur, si ce n’est par l’Esprit Saint (1Cor.12,3) Mais encore faut-il avoir le cœur et l’esprit ouverts pour recevoir la révélation. Combien ont vu le Christ de leurs yeux et entendu de leurs oreilles, mais ne l’ont pas reconnu ? Alors, moi, aujourd’hui, est-ce que je le reconnais ? Et je le reconnais comme quoi ? Peut-être que je le reconnais comme un Dieu un peu lointain, je crois qu’il est Dieu, comme je crois que Tokyo est la capitale du Japon, mais cela ne change rien à ma vie de tous les jours …. Peut-être que je le reconnais, c’est déjà mieux, comme tenant une certaine place dans ma vie, à certains moments. En cas de difficulté ou d’épreuve, je me tourne vers lui, j’ai confiance que, dans sa bonté, il va me venir en aide, mais le reste du temps, quand tout2 / 3va bien, il n’est guère présent dans ma vie. C’est un peu comme s’il était une sorte de roue de secours. On y tient à sa roue de secours. Elle est toujours dans le coffre de la voiture, mais on ne s’en sert pas tous les jours et même on espère qu’on n’aura pas à s’en servir ! ……..Ou bien alors, ce serait l’idéal, peut-être que je regarde le Christ comme celui qui m’a donné la vie, l’intelligence et tous les talents que je possède. Je le vois comme celui qui est à l’origine de tout ce qu’il y a de bien en moi, comme celui qui me confie un petit bout de son royaume à édifier, afin que là où je suis, grâce à lui, il y ait un peu plus de paix, de justice, de charité. Alors là, le Christ n’est plus simplement un Dieu-roue de secours, précieux, certes, mais à qui on n’a recours qu’en cas de crevaison, il serait plutôt un Dieu-moteur qui à tout instant me permet d’avancer et en même temps un Dieu-GPS, qui me guide tout au long de ma route ! Cela suppose que je sois continuellement vigilant et attentif à suivre ses orientations mais sans tension ni inquiétude, parce que je sais qu’il m’aime et veut le meilleur pour moi…St Paul appelait cela : rester sur le qui-vive dans l’action de grâces.(Col.4,2) Jésus, tout heureux de voir que Pierre a été éclairé par le Père, reprend la parole et lui répond en l’instituant chef de l’Eglise : Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise…je te donnerai les clés du Royaume, l’instituant ainsi chef de l’Eglise. Pierre n’a pas les qualités requises pour cela, mais c’est sans importance. Le Seigneur sait bien que personne n’a jamais les qualités nécessaires pour répondre à la vocation à laquelle il l’appelle, aussi se charge-t-il lui-même de soutenir et de former ceux qu’il appelle. Je ferai de vous des pêcheurs d’hommes (Marc 1,17) dit-il à ses apôtres lorsqu’il les choisit. Aujourd’hui encore, comme il l’a fait avec ses apôtres, le Seigneur nous demande parfois des choses qui dépassent nos capacités. Mais la grâce, qui est le pouvoir donné aux hommes de faire par eux-mêmes ce qu’ils ne peuvent pas faire par leurs propres forces nous permet de nous en sortir.Et puis l’évangile d’aujourd’hui se termine par la consigne que donne Jésus aux apôtres de ne dire à personne qu’il était le Messie. Pourquoi cette consigne ? Il ne veut pas qu’on le reconnaisse comme Messie pour de mauvaises raisons, parce qu’il parle bien ou parce qu’il fait des miracles étonnants Il est venu parmi nous pour révéler que Dieu est Amour et la seule chose qui puisse vraiment le prouver, c’est sa passion et sa résurrection parce que c’est là ,quand il donne sa vie pour nous, que se manifeste de la manière la plus éclatante l’infini de son amour.Que retenir de tout cela ?L’évangile d’aujourd’hui nous invite à faire le point : Pour moi, qui est le Christ ? Est-ce que je crois que le Christ est Dieu, comme je crois que Tokyo est la capitale du Japon, mais cela n’a aucune incidence sur ma vie ? Est-ce que pour moi, le Christ c’est celui qui vient à ma rescousse quand je suis en difficulté, mais le reste du temps, quand tout va bien, je l’ignore ? Ou bien, ce serait l’idéal, est-ce que le Christ et son évangile sont pour moi une référence constante, je ne fais rien sans lui demander comme St François d’Assise : Seigneur, que veux-tu que je fasse ? D’autre part l’évangile d’aujourd’hui nous invite à avoir toute confiance dans la grâce de Dieu même s’il nous demande des choses qui dépassent nos capacités. A travers l’exemple de St Pierre nous voyons que la grâce nous permet de faire par nous-mêmes ce que nous sommes incapables de faire par nos propres forces. St Pierre proclame : Tu es le Messie Fils de Dieu, alors que l’intelligence humaine, trop courte ne peut affirmer une vérité de cet ordre. Appelé par Jésus à3 / 3être le chef de l’Eglise, alors qu’il n’a pas les qualités nécessaires, il y parviendra malgré tout. Et puis dans l’évangile d’aujourd’hui le Christ nous fait comprendre : la preuve que je suis le Christ, bien plus que la profondeur de mes paroles ou les merveilles de mes miracles, c’est l’amour qu’il y a dans tout ça, et surtout dans ma mort et ma résurrection. Pour nous aujourd’hui cela veut dire que la preuve qu’un chrétien est chrétien ce n’est pas qu’il aille à la messe le dimanche et fasse un peu de bien autour de lui de temps en temps, c’est que l’amour inspire toute sa vie. Impossible. C’est vrai. Mais, comme disait St Paul, il y a celui dont la puissance agissant en nous peut faire bien plus, infiniment plus que tout c que nous pouvons désirer ou imaginer. (Eph.3,20)