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Dimanche 21 Juillet 2024
Les douze reviennent de leur toute première tournée missionnaire et retrouvent Jésus. Ils racontent comment les choses se sont passées. Ils ont probablement, guéri des malades, délivré des possédés, mais surtout ils ont annoncé un évangile, une bonne nouvelle. A cette époque, évangile était un mot communément utilisé pour parler de n’importe quel heureux évènement. Une naissance, un mariage, une bonne récolte, une victoire contre les ennemis, la guérison d’un malade étaient des évangiles, des bonnes nouvelles. Jésus et les apôtres annonçent une bonne nouvelle très spéciale : l’arrivée du règne de Dieu. Les prophètes en particulier Isaïe l’avaient annoncé : quand le règne de Dieu arrivera, les aveugles retrouveront la vue, les boiteux marcheront droit, les lépreux seront purifiés, les sourds entendront, les morts ressusciteront, la bonne nouvelle sera annoncée aux pauvres (Isaïe 26,19 ;29,18 ; 35,5,6 ; 61,1….cité en Mt.11,3-6). Or tout cela se réalise avec Jésus. Les douze avaient été heureux de le proclamer au cours de leur première tournée apostolique et Jésus s’en réjouissait avec eux. Ils avaient envie de fêter cela ensemble. Mais le va et vient des gens qui se pressent nombreux autour de Jésus rend la chose impossible. Jésus invite alors les apôtres à s’en aller dans un endroit tranquille un peu à l’écart pour se reposer et fêter ça. Ils s’embarquent donc pour se rendre de l’autre côté du lac. Mais les gens devinant leur destination font le tour du lac à pied et en débarquant, Jésus et les douze trouvent une foule qui les attend.
Jésus bouleversé devant cette masse de gens qui cherche absolument un Maître qui pourrait les guider renonce au moment de détente qu’il voulait prendre avec les douze et se remet à enseigner la foule. Il souffre de voir tous ces braves gens trompés par les chefs de la synagogue, les prêtres et les pharisiens qui, poussés par l’orgueil, cherchent dans la religion un moyen de dominer les masses peu instruites. Au lieu de les conduire vers un Dieu d’amour, ils les enferment dans une multiplicité de rites minutieux dont ils se proclament les gardiens intransigeants, s’assurant ainsi prestige et autorité. Jésus s’efforce donc de remettre les choses en place. Reprenant l’authentique tradition des prophètes, il prêche l’amour et non les sacrifices (Osée 6,6) et substitue à une multiplicité de rites minutieux et compliqués, deux commandements : l’amour de Dieu et l’amour du prochain et rien de plus. A ces deux commandements se rattachent toute la Loi ainsi que les prophètes. (Mt.22,40) explique-t-il à ses auditeurs
Et cela reste vrai pour nous aujourd’hui. Inutile de compliquer les affaires et de multiplier les rubriques et les subtilités. Notre Dieu est Amour. Ceux qui se réclament de Dieu, ceux qui veulent être chrétiens doivent respecter le commandement d’amour. Et il n’y a rien à ajouter. Mais nous savons tous que ce n’est pas facile d’aimer et surtout de durer dans une disposition où on aime avec constance, jour après jour et pendant des années. Et puis, c’est quoi aimer ? On peut aimer une chose ou une personne sans l’aimer d’amour. C’est ainsi qu’on peut aimer les haricots verts, un joueur de foot, ou tel ou tel écrivain. Mais aimer quelqu’un d’amour, c’est quoi ? C’est, en plus d’apprécier ses qualités, l’aimer à un point tel qu’on le fait passer avant soi, qu’on le met au-dessus de soi. Or ceci est contraire à la psychologie humaine la plus élémentaire : regardez un enfant dans son berceau, il essaie d’attraper tout ce qui est à sa portée et le porte à sa bouche, même son pied. C’est un fait, l’amour n’est pas un sentiment humain. Et on ne le trouve pas dans la nature.
Il vient d’ailleurs, d’au-delà de nous. C’est un don de Dieu qui est Amour et seule source d’amour. Comme nous sommes créés à l’image de Dieu qui est Amour, nous arrivons à aimer d’amour. Grâce à Dieu, c’est le cas de le dire, partout on peut voir des époux qui s’aiment, des parents qui aiment leurs enfants et des enfants qui aiment leurs parents et des gens qui aiment leur prochain, parfois jusqu’à donner leur vie pour lui. Tout le monde connait l’histoire de Maximilien Kolbe. Mais ce n’est pas facile de se maintenir au niveau de l’amour, parce que l’égoïsme, nous pousse sans cesse à nous replier sur nous-mêmes.
Il s’agit donc de nous laisser emporter par le courant d’amour que le Seigneur met en nous. Et d’abord pour aimer Dieu. Mais Pourquoi aimer Dieu ? Parce qu’il est la source de la vie. Sans lui, nous ne serions pas là, et le monde qui nous entoure non plus ! De plus, Il veut partager avec nous tout ce qu’il a et tout ce qu’il est. Et sa bonté, sa patience, sa miséricorde nous obligent à une profonde reconnaissance. Il est toujours prêt à pardonner à passer par-dessus nos errances. Quand on voit ce qui se passe dans le monde…Comment fait-il ? Un de mes amis aime à dire par manière de boutade: vous avez de la chance que ce n’est pas moi le Bon Dieu. A sa place, il y a longtemps que j’aurais fait la fin du monde. Le Seigneur, lui, a un parti pris d’amour et de miséricorde irrépressible. Rien ne le décourage. Oui, tu aimes tous les êtres dit l’auteur du livre de la Sagesse, et n’as de dégoût pour rien de ce que tu as fait ; car si tu avais haï quelque chose, tu ne l’aurais pas formé. Et comment une chose subsisterait-elle si tu ne l’avais voulue ? Et comment conserverait-elle l’existence si tu ne l’avais appelée ? Mais tu épargnes tout, parce que tout est à toi, Maître, ami de la vie…………Tu fermes les yeux sur les péchés des hommes pour qu’ils se repentent … Tu juges avec modération…pour nous apprendre quand nous jugeons à songer à ta bonté et quand nous sommes jugés, à compter sur ta miséricorde. (Sagesse 11,23-26 ;12,18,22)
Mais comme Dieu est un Dieu qui aime les hommes, tous les hommes, sans exclure personne, et ceci, n’est pas une qualité qu’il aurait parmi d’autres, c’est ce qu’il est, alors, si je me mets à aimer Dieu, du même coup, je m’engage à aimer les hommes, tous les hommes, comme lui, sans exclure personne, tout en sachant que j’en suis incapable par moi-même, Cependant puisque Dieu est en moi depuis mon baptême, puisqu’il me communique sa vie, je peux commencer à aimer les autres, je n’arriverai probablement jamais à les aimer comme Il les aime, mais je peux et je dois avancer dans cette voie, en essayant de ne pas mettre de barrière sociale ni raciale, puisque lui n’en met pas, en essayant de pardonner toujours puisque lui le fait, en essayant de veiller sur le pauvre et le malheureux sur la veuve et l’orphelin et de pratiquer la justice et le droit envers tous, puisque lui le fait.
Que retenir de tout cela ?
Jésus n’arrive pas à prendre un moment de repos et de détente avec ses apôtres qui rentrent de leur première tournée de prédication. La foule qui s’empresse autour de lui l’en empêche. Bouleversé en voyant la détermination et la ferveur de ces pauvres gens, Jésus, saisi de compassion, se mit à les enseigner pour les sortir du formalisme desséché des prêtres et des docteurs de la Loi. Il veut ramener ses auditeurs et nous aussi aujourd’hui à l’essentiel : l’amour… et aux deux commandements qui résument tout : Aimer Dieu et aimer son prochain.
Mais l’amour, c’est mettre la personne qu’on aime au-dessus de soi, la faire passer avant soi, chercher son bien, son bonheur. Or ceci nous est totalement impossible parce que contraire à la psychologie humaine où spontanément, chacun ramène tout à soi. Mais créés à l’image de Dieu-Amour et greffés sur de même Dieu-Amour par notre baptême, nous en devenons capables et l’Ecriture ose dire : On t’a fait savoir, homme, ce que Yahvé réclame de toi : rien d’autre que d’accomplir la justice, d’aimer avec tendresse et de marcher humblement avec le Seigneur ton Dieu. (Osée 6,9) Le Profitons de cette messe pour nous offrir au Seigneur. Avec le prêtre, dans la prière qui précède la consécration, demandons au Seigneur de sanctifier ces offrandes afin qu’elles deviennent, afin que nous devenions le corps et le sang de JCNS. Que cette messe nous christi-fie toujours davantage afin que nous soyons chaque jour davantage capables d’aimer comme lui.