François Battez

Dimanche 20 Avril 2025 Pâques

Joie et soulagement. Tels sont nos sentiments en ce matin de Pâques. Il nous est insupportable de voir un juste persécuté et mis à mort. A plus forte raison lorsqu’il s’agit du Christ, lui qui est passé en faisant le bien, soulageant toutes les misères physiques aussi bien que morales, plein de miséricorde pour n’importe quel pécheur dévoyé, que ce soit un fonctionnaire douteux comme Zachée, une malheureuse femme adultère ou même les bourreaux qui l’ont crucifié et pour qui il implore la miséricorde du Père : Pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. (Luc 23,34). Penser aux souffrances de sa passion et de sa mort sur la croix nous est intolérable. D’autant que tout cela est arrivé à cause de nos péchés. Nous sommes donc heureux et soulagés de le voir ressuscité en ce matin de Pâques, victorieux et triomphant du mal, du péché et de la mort. Mais cette résurrection du Christ n’est pas une sorte de « happy end », une histoire qui se termine bien, marquant la fin de la mission du Seigneur sur la terre et la réconciliation de l’humanité pécheresse avec le Père. C’est au contraire le début d’une histoire nouvelle pour toute l’humanité. Car la résurrection du Christ n’est pas un évènement qui ne touche que lui, elle nous concerne tous. Ce Jésus Christ qui ressuscite, c’est Jésus Christ vrai Dieu et vrai homme. Ce n’est pas seulement sa divinité qui triomphe de la mort. Son humanité aussi a triomphé de la mort. En Jésus Christ vrai Dieu et vrai homme ressuscité, un homme comme nous est ressuscité, le premier, à la tête d’une foule innombrable d’hommes, promis comme lui à ressusciter et à entrer dans une vie nouvelle ainsi qu’il l’affirme solennellement et à plusieurs reprises dans l’évangile : Je suis la Résurrection et la Vie, celui qui croit en moi, même s’il meurt vivra et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. (Jean 11,25,26)Mais qu’est-ce que c’est que cette résurrection à laquelle nous sommes tous promis ? Cela reste quelque chose de mystérieux, mais l’évangile nous donne trois certitudes. D’abord il nous dit que nous allons ressusciter comme le Christ, pour une vie nouvelle, qui ne finit pas, éternelle et non pas pour une simple prolongation de notre vie terrestre comme ce fut le cas pour la résurrection de Lazare et de la fille de Jaïre qui après avoir ressuscité moururent de nouveau.Ensuite, et c’est la deuxième information sûre que l’évangile nous donne sur notre résurrection à venir, comme le Christ nous ressusciterons avec notre corps. Les apôtres ont vu de leurs yeux et touché de leurs mains le corps du Christ ressuscité. Il a mangé avec eux un morceau de poisson grillé (Luc 23,42,43) Il n’avait rien d’un fantôme ou d’un esprit quelconque. Mais le corps du Christ ressuscité est un corps nouveau, pas exactement semblable à son corps d’avant la Passion. Le Christ ressuscité apparaissant à ses disciples, mange avec eux exactement comme avant sa Passion, oui, mais il apparait soudainement au milieu d’eux sans passer par la porte. Et dans toutes ses apparitions le Seigneur apparaît et disparait soudainement. C’est pourquoi on dit que le corps du Christ ressuscité est un corps spirituel. Nous ressusciterons avec ce genre de corps, un corps spirituel, comme le Christ, c’est la troisième et dernière information sûre que l’évangile nous donne sur notre résurrection. Pour le reste, ………………. nous verrons quand nous y serons !Mais ce n’est pas seulement après notre mort que nous tirons parti, si j’ose dire, de la résurrection du Christ. Dès le jour de notre baptême, nous avons reçu la vie du Christ, non pas la vie du petit Jésus, ni la vie du Christ parcourant la Palestine en prêchant l’évangile, c’est la vie du Christ ressuscité que nous avons reçu. Cela veut dire que dès maintenant nous avons en nous la vie et la force du Christ ressuscité, vainqueur du mal, du péché et de la mort. Nous sommes armés pour lutter au milieu des difficultés, des épreuves et des tentations. A nous de développer cette vie jour après jour jusqu’à notre mort. A ce moment là, le Seigneur rendra à chacun selon sa conduite. (Mt.16,27) Ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour une résurrection qui mène à la vie, ceux qui auront fait le mal pour une résurrection qui mène au jugement. (Jean 5,29) Le Christ ressuscité n’est pas seulement au ciel, là-haut seulement. Il est aussi avec nous et en nous tous les jours.Que retenir de tout cela ?Le Christ est ressuscité ! Pâques, c’est le triomphe absolu du Christ sur le mal, le péché et la mort. Lui qui est passé en faisant le bien, soulageant les souffrances physiques aussi bien que morales, s’approchant de tous, ne laissant personne de côté, nous sommes infiniment heureux qu’il soit sorti vainqueur de sa Passion et de sa mort sur la croix ! Mais Pâques n’est pas seulement la célébration d’un triomphe personnel du Christ. Par sa résurrection, Jésus Christ, vrai Dieu et vrai homme a bouleversé notre destin : il est arrivé quelque chose à la mort, on n’en meurt plus.En Jésus Christ le premier homme comme nous est ressuscité et il veut nous entraîner avec lui dans son existence ressuscitée. Je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi. (Jean 17,24) Nous savons désormais que notre vie ne se limite pas à nos années sur la terre. Comme le Christ ressuscité nous entrerons après notre mort dans une vie nouvelle, éternelle. Comme le Christ ressuscité nous entrerons dans cette vie nouvelle avec notre corps mais un corps nouveau, spirituel.Mais ce n’est pas après notre mort seulement que nous sommes rattrapés par la résurrection du Christ. Déjà, depuis le jour de notre baptême, nous sommes greffés sur le Christ ressuscité, vainqueur du mal, du péché et de la mort. Nous pouvons compter sur lui dans les épreuves et les tentations qui jalonnent notre route. Le Christ ressuscité, il est avec nous et en nous tous les jours.Nous avons donc d’excellentes raisons de chanter alleluia !Mais cela ne pourrait nous faire oublier tous ceux qui, trop éprouvés par la vie, n’osent plus croire en la résurrection. Cela leur parait trop beau pour être vrai. Ces nouveaux disciples d’Emmaüs qui avancent accablés sans voir le Seigneur marchant à leurs côtés, puisse notre manière de vivre leur apporter la lumière et la chaleur dont ils ont tant besoin dans les ténèbres où ils sont enfermés.

Dimanche  des Rameaux   13  Avril  2025

Après le récit de l’entrée à Jérusalem

Pourquoi le Seigneur a-t-il accepté d’entrer triomphalement à Jérusalem, monté sur un ânon, lui qui, d’ordinaire est extrêmement discret ? C’est que l’heure est venue pour celui qui aimait apparaître comme un humble charpentier de village, de se révéler aux yeux de tous comme le Messie annoncé par le prophète Zacharie : Voici ton roi qui vient vers toi, juste et victorieux, plein de douceur, monté sur une ânesse et un petit âne…il proclamera la paix parmi les nations. (Zach.9,30) Il n’avance pas monté sur un cheval, monture guerrière, mais sur un ânon, symbole de paix  et de simplicité. C’est Jésus, doux et humble de cœur (Mt.11,29), mais c’est aussi le véritable Messie envoyé par le Père et annoncé par les prophètes.

Après la lecture de la Passion

Le récit de la Passion que nous venons d’entendre nous plonge dans des sentiments contradictoires. D’un côté, nous sommes submergés par un profond sentiment de tristesse et de honte, parce que c’est à cause de nos péchés qu’il a souffert tout cela. Mais d’un autre côté, voyant comment les forces du mal ne peuvent venir à bout de l’amour infini de N.S. : alors qu’on est en train de le tuer il prie encore pour ses bourreaux : Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. ( Luc 23,34), c’est-à-dire : vous pouvez me tuer si vous voulez, mais moi je vous aime encore, nous somme émerveillés et remplis d’action de grâces envoyant la puissance de l’amour de Dieu l’emporter sur les forces du mal

Qu’un juste soit persécuté, un innocent persécuté et mis à mort, nous ne pouvons pas le supporter. Notre gêne et notre malaise sont d’autant plus grands que, nous le savons bien, nous avons notre part de responsabilité dans ce crime. Jésus pourrait dire à chacun d’entre nous : j’ai versé telle goutte de mon sang à cause de toi. C’est bien pourquoi nous ne pouvons pas en rester à des regrets sincères, peut-être, mais stériles. Après avoir entendu le récit de tout ce que le Christ a souffert à cause de nous, nous ne pouvons pas ne pas nous décider à changer de vie pour suivre le Christ plus fidèlement à partir de maintenant.

Mais assez parlé de nous, de nos péchés et de notre responsabilité dans la passion de Notre Seigneur. Voyons comment lui a abordé ces heures tragiques. Ce n’est pas quelque chose qu’il a subi, qui lui a été imposé, c’est quelque chose qu’il a voulu. Car ce ne sont pas ses ennemis qui se sont emparés de lui pour le tuer, c’est lui qui a donné sa vie. Il l’a bien précisé à ses apôtres le soir du Jeudi Saint : Ma vie, on ne me l’ôte pas, je la donne de moi-même. (Jean 10,18) Il a voulu en donnant librement sa vie, montrer comment la puissance de son amour, en dominant les forces du mal, allait manifester sa gloire. C’est pourquoi, ce même Jeudi Saint , il dit encore aux apôtres, parlant de sa passion et de sa mort imminentes : L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. (Jean 12,23). Il a laissé déferler sur lui les forces du mal, du péché et de la mort, mais, tel un tsunami, les forces de son amour infini ont recouvert toute la puissance du mal, du péché et de la mort qui ont été balayées et vaincues définitivement. Ce qui inspirera à St Paul son hymne à l’amour de Dieu : Qui nous séparera de l’amour du Christ ? ………J’en ai l’assurance, ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni le présent ni l’avenir, ni les puissances, ni les forces des hauteurs ni celles des profondeurs, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu, manifesté en Jésus Christ Notre Seigneur. (Rom.8,35,38,39)

En ce jour des Rameaux,  nous voyons le Seigneur face à deux genres de triomphe : le triomphe humain de l’entrée à Jérusalem et le triomphe divin de son amour infini dominant les forces du mal, de péché et de la mort, dans la Passion.

Le revirement de la foule qui exige la mort du Christ cinq jours seulement après l’avoir acclamé comme roi, trahit l’extrême fragilité des triomphes humains. Cinq jours seulement après son entrée triomphale dans Jérusalem, il ne reste rien de ce triomphe.

Par contre, le triomphe divin du Seigneur dont l’amour infini est venu à bout des forces du mal, du péché et de la mort dans sa Passion, rien ne peut le détruire. Rien ne peut venir à bout de la toute puissance de son amour, comme nous le rappelait St Paul, il y a un instant.

Eh bien, aujourd’hui, nous autres, quel genre de triomphes, quel genre de succès allons-nous rechercher? Les triomphes et les succès humains sont tentants. Allons-nous nous laisser séduire ? Ou allons-nous nous décider à rechercher les succès et les triomphes aux côtés du Seigneur, dont la puissance agissant en nous, nous dit St Paul, peut faire bien plus, infiniment plus que tout ce que nous pouvons désirer ou imaginer ? (Eph 3,20)

Dimanche  6  Avril  2025

5e dimanche de carême année C (Isaïe 43,16-21)  (Phil.3,8-14)  (Jean 8,1-11)

Les Pharisiens amènent à Jésus une femme surprise en situation d’adultère et l’interrogent : la Loi de Moïse dit qu’il faut lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? La démarche des Pharisiens relève d’un souci de justice : il convient de respecter la Loi. Il n’y a plus de vie possible en société si on ne respecte plus les lois. Personne ne le conteste et Jésus non plus. Seulement il évalue différemment les choses. Pour les Pharisiens, ce qui compte, c’est la Loi, qu’elle soit respectée. Pour Jésus, ce qui compte, ce sont les personnes, qu’elles soient sauvées, restaurées dans une vie digne et honnête. Pour lui, dans le cas présent, ce ne serait  pas assez de venger la Loi bafouée en imposant une sanction, Il veut aller jusqu’à relancer la femme adultère, dans une vie droite en lui accordant le pardon. Pour les Pharisiens, il n’y a pas d’autre solution que la sanction. C’est pourquoi ils posent la question à Jésus : la Loi de Moïse dit qu’il faut lapider les femmes adultères. Et toi, que dis-tu ? Mais derrière leur souci légitime du respect de la Loi, se cache un piège. Si Jésus répond : Non il ne faut pas lapider ces femmes-là, alors il ne respecte pas la Loi de Moïse et se range parmi les impies, s’il dit oui, il faut lapider ces femmes là comme le prescrit la Loi de Moïse, alors il doit cesser de prêcher un enseignement nouveau qui sème le trouble parmi les croyants. Apparemment le dilemme est imparable.

Mais Jésus ne se laisse pas enfermer dans ce dilemme. Pour lui la solution, ce n’est pas la sanction, mais la conversion, fruit du pardon accordé à un vrai repentir.  Pourquoi la solution n’est-elle pas la sanction ? Parce que, même si la crainte de la sanction peut retenir celui qui est tenté d’enfreindre la loi, cela ne résout pas le problème, cela ne fait que le repousser. Dès que les représentants de l’autorité ne sont plus là, les adultères, les voleurs, et les malfaiteurs en tout genre récidivent. La vraie solution c’est que les adultères, les voleurs et les malfaiteurs en tous genres se convertissent. Or qu’est-ce qui peut amener à la conversion ? D’abord et avant  tout, le repentir. Prenant conscience  du mal commis, on le regrette et on décide de changer de conduite. On voit très bien les deux temps du repentir chez le fils prodigue quand il dit : J’irai vers mon père et je lui dirai : père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Par ces paroles il reconnaît sa faute et exprime le regret de sa conduite passée. Et il ajoute : Traite-moi comme un de tes ouvriers. Il exprime là sa volonté de changer de conduite. Désormais, il veut cesser de mener une vie de plaisir et se remettre au travail sous les ordres de son père. Du simple repentir, il passe à la vraie conversion. En plus de la contrition et du regret du passé, il y a la décision de changer et de faire autrement à l’avenir.

Mais plus encore que le repentir, ce qui permet d’arriver à la conversion, c’est le pardon accordé par le Seigneur au pécheur. Car, ainsi qu’il est dit en Ézéchiel, le pardon donné par le Seigneur, en plus d’effacer le péché, donne un cœur nouveau au pécheur et lui donne la force de changer de vie :  Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau……je mettrai mon esprit en vous et JE FERAI QUE vous marchiez selon mes lois et que vous observiez mes coutumes. (Ez.36,2-,27)Le pécheur pardonné est dynamisé. En nous donnant son pardon le Seigneur transfère son cœur dans le nôtre. Nous avons désormais la force de changer de vie.

Les scribes et les pharisiens, un peu dépités de voir que Jésus ne répond pas à leur question le relancent pour qu’il se prononce. Apparemment le Seigneur avait laissé tomber l’affaire et écrivait

sur le sol avec son doigt. Finalement  il se redresse et leur répond en les renvoyant à leur conscience d’une phrase devenue une expression proverbiale  Que celui qui est sans péché,  lui jette  la première pierre, puis il  se remet à écrire sur le sol.Complètement désarçonnés, un par un les scribes et les  pharisiens quittent le terrain. Aucun d’entre eux n’ose condamner la femme qui reste seule avec Jésus. Ce dernier conclut le débat : Moi non plus, je ne te condamne pas. Va et désormais ne pèche plus. En même temps qu’il l’acquitte, Jésus invite  la femme à la conversion. Il n’est pas venu pour juger mais pour sauver ce qui était perdu. Nous qui lisons cet évangile aujourd’hui nous sommes invités, comme la femme, à ne pas nous enfermer dans le passé même pour regretter le mal qu’il pourrait abriter, mais à marcher désormais vers l’avant, dans l’avenir, avec le Christ. D’ailleurs, Isaïe dans la première lecture nous donnait la même consigne : ne vous souvenez plus d’autrefois, ne songez plus au passé Et St Paul dans la deuxième lecture insistait lui aussi Oubliant ce qui est en arrière,   c’est-à-dire mon passé de pharisien, et lancé vers l’avant je cours vers le but…auquel Dieu nous appelle …dans le Christ Jésus.

Pour nous aujourd’hui, l’objectif est clair : en ce temps de carême, il s’agit de regarder le Christ, afin de mieux le connaître, l’aimer et le servir et non pas nous tourner vers nous et perdre notre temps à ressasser nos faiblesses et nos péchés, même pour les regretter Le carême n’est pas un moment où il faut lutter contre nos défauts et ses péchés en vue d’améliorer notre standing spirituel, c’est un moment où il faut lutter contre ses défauts et nos péchés  en vue d’être plus comme le Christ, davantage en communion avec lui. Le but, ce n’est pas moi, mon standing spirituel, c’est le Christ,  ma communion avec lui.

Que retenir de tout cela ?

Devant la femme adultère qui a transgressé la Loi, les scribes et les Pharisiens veulent sauver la Loi. Le Christ lui, veut sauver la femme. La justice des pharisiens est une justice de règlement de comptes, qui fonctionne à coups de sanctions et tournée vers le passé. La justice de Jésus est une justice de miséricorde qui fonctionne à coups de pardon et tournée vers l’avenir.

Le pardon du Seigneur n’est pas une simple décision par laquelle  le Seigneur déciderait d’oublier nos fautes et d’effacer  nos péchés passés. En plus de cela, en nous pardonnant, Christ transforme notre cœur, il  nous donne un cœur nouveau, un esprit nouveau, il transfère son cœur dans le nôtre. Forts de la force du Christ, nous pouvons repartir dans un avenir nouveau. Le pardon du Seigneur, c’est un geste d’amour qui nous ré-unifie avec lui, sans que nous l’ayons mérité, par conséquent en toute injustice. Le pardon, c’est l’injustice de l’amour.

Mais nous ne pouvons pas nous contenter  d’applaudir le Seigneur qui nous pardonne encore et toujours sans jamais se décourager devant nos rechutes. Nous aussi nous devons pardonner à ceux qui nous font du tort. Le Seigneur est clair sur ce point. Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera à vous aussi, mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne vous pardonnera pas vos fautes. (Mt.6,14)

Dimanche  30  mars  2025

4e dimanche de carême année C (Josué 5, 9a, 1-41)  (2Cor.5,17-21)  (Luc 15,1-3. 11-32)

Les pharisiens et les scribes avaient de bonnes raisons de récriminer. Ils trouvaient les manières de faire de Jésus choquantes. Il adressait la parole à des dissidents comme les Samaritains, il s’approchait d’intouchables comme les lépreux, il fréquentait les pécheurs et mangeait à leur table. Par contre, il critiquait durement les prêtres, et s’en prenait souvent aux docteurs de la Loi et aux  pharisiens, pourtant observateurs minutieux des moindres prescriptions de la Loi. Un tel non-conformisme ne pouvait que   provoquer des réactions de méfiance sinon d’hostilité.

De plus on en était resté à la prédication de Jean Baptiste qui annonçait la venue du Messie comme celle d’un justicier sévère. Il apostrophait ses auditeurs sans ménagements : Bande de vipères repentez-vous, déjà la cognée est à la racine des arbres, tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu. (Luc 3,7,9) Jésus au contraire délivrait un message de miséricorde et de réconciliation. Il enseignait que Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. (Jean 3,17), il expliquait  que le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. (Luc 19,10) et qu’il y avait plus de joie au ciel pour un pécheur qui se convertit que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de conversion. (Luc 15,7) Avec la parabole de l’enfant prodigue, il va essayer, une fois encore, de faire comprendre qu’il n’est pas venu pour condamner mais pour sauver et rattraper ce qui était perdu.

Le fils prodigue ne vole rien à personne. Il demande à son père la part d’héritage qui lui revient. Son père la lui remet. Tout cela est légal. Mais sa démarche du fils prodigue n’en est pas moins profondément choquante. Emporté par un égoïsme sans retenue, il ne pense qu’à lui, il ne pense qu’à satisfaire tous ses désirs, à s’accorder tous les plaisirs dont il a envie, en toute indépendance, sans s’occuper de personne. Il se moque pas mal de laisser tout le travail de la ferme à son père et à son frère, il n’a pas une pensée pour sa mère dont l’évangile ne nous parle pas mais qui devait être bien malheureuse de voir son enfant quitter la maison. Une fois parti, il dépense tout ce qu’il a à faire la fête, et son argent épuisé, il se retrouve dans une misère noire, réduit à garder les cochons, ce qui pour les  Juifs est le comble de la déchéance, le porc étant pour eux un animal impur. Alors  il décida de rentrer chez lui et de  demander pardon à son père : je dirai à mon père : j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils …et St Luc explique il rentra en lui-même et se dit les ouvriers de mon père on du pain à satiété et moi je meurs de faim.

Qu’est-ce ce que cela veut dire exactement il rentra en lui- même ? je trouve le texte de l’évangile en malgache plus clair qui dit : izay vao nody ny sainy c’est-à-dire mot à mot  à ce moment là, son intelligence lui est revenue, autrement dit : il retrouve ses esprits. Ce qui laisse entendre que lorsqu’on se laisse emporter par la tentation, on n’est plus soi-même, on a perdu son bon sens et son jugement, on est hors de soi, le démon nous plonge dans un monde d’illusions et quand on se convertit on revient dans le monde réel. C’est bien ce qui est arrivé au fils prodigue. Le démon l’a trompé, lui faisant miroiter la perspective d’une vie de plaisir, bien plus attirante que de labourer les champs ou de nettoyer les étables, mais en lui cachant la grossièreté de sa conduite, la peine qu’il cause aux siens en les quittant et surtout le fait que sa vie de plaisir n’aura qu’un temps et qu’une fois qu’il aura dépensé tout son argent  il se retrouvera dans la misère Il a réussi à lui faire perdre son bon sens et son jugement. Mais quand il se convertit, le prodigue retrouve ses esprits et rejoint le monde réel.

                                                         Il s’attendait, bien sûr, à se faire accueillir fraîchement par son père qui lui ferait des reproches mérités. Mais les choses se passent tout autrement. Il est encore loin de sa maison lorsque son père, l’aperçoit et , pris de pitié, court se jeter à son cou. Le fils prodigue n’a même pas le temps de finir son petit discours d’excuses, à peine a-t-il commencé à demander pardon, que son père lui coupe la parole et l’embrasse, appelle ses serviteurs et le malheureux prodigue en haillons, pieds nus, misérable, se retrouve habillé de neuf, des sandales aux pieds, son père lui passe même un anneau au doigt, signe qu’il est réintégré dans la famille et restauré dans sa dignité de fils. Et tout le monde passe à table pour le festin des retrouvailles. Le message est clair. Jésus veut nous faire comprendre l’attitude de notre Père du ciel. Blessé par nos offenses, loin de ressasser sa rancœur et de guetter la première occasion pour nous punir,  il est malheureux de voir la misère dans laquelle nous plongent  nos errances. Il le disait déjà en Jérémie : Est-ce bien moi qu’ils blessent avec leurs péchés, n’est-ce pas plutôt eux-mêmes pour leur propre confusion ? C’est pourquoi, tel le père du prodigue  dans la parabole, il guette notre  premier mouvement de repentir  pour nous pardonner et nous faire rentrer à nouveau dans l’intimité familiale.

Mais la parabole ne s’arrête pas là. L’apparition du fils aîné vient troubler l’atmosphère euphorique et gâcher la fête. En entendant la musique et les danses célébrant le retour de son frère, il se laisse emporter par la colère et la jalousie. Il refuse de se joindre à la fête. Il trouve injuste qu’on fasse la fête pour le retour de son frère, alors que son père n’en a jamais fait autant pour lui qui a toujours été un fils obéissant et dévoué. C’est vrai qu’il s’est toujours conduit mieux que son frère. Mais est-ce que cela lui donne le droit d’exiger quoi que ce soit de son père ? Il n’a pas mérité d’être le fils de son père. Son père lui a donné la vie sans qu’il y soit pour quelque chose. Dans son amour et sa tendresse, son père l’a accueilli dans la chaleur du foyer et lui a toujours donné accès à tout. Avec raison il peut lui dire : Tout ce qui est à moi est à toi. Moi, ton père, je t’ai tout donné. Tout ce que tu as, tu l’as reçu de moi. Tu n’as aucun droit à exiger de moi quoi que ce soit. A travers le comportement du fils ainé, c’est celui des Pharisiens que le Christ condamne ici. Les Pharisiens estiment que compte tenu de leur observation scrupuleuse des moindres prescriptions de la Loi, ils ont le droit d’exiger de Dieu quelque chose en retour. Pour nous aujourd’hui, cela veut dire que nous non plus, nous ne pouvons jamais nous considérer comme des justes, ayant des droits et pouvant exiger du Seigneur quelque chose en retour. Si nous sommes des gens honnêtes et d’assez bons chrétiens, nous le devons surtout au Seigneur qui nous en rend capables. Rappelons-nous la parole de St Paul : Qu’avez-vous que vous n’ayez reçu ? Et si vous l’avez reçu, pourquoi vous enorgueillir comme si vous ne l’aviez pas reçu ? (1Cor.4,7)

Que retenir de tout cela ?

L’histoire de l’enfant prodigue nous permet de découvrir comment dans la tentation le démon, menteur et père du mensonge, comme dit st Jean (8,44) nous fait perdre notre bon et notre jugement et nous plonge dans l’illusion. tandis que  la conversion au contraire, nous ramène dans la vérité du réel.

Mais le  but principal de Jésus à travers cette parabole est de nous faire réaliser que notre Père du ciel nous aime d’un amour inconditionnel. Sans jamais se lasser, toujours, il est prêt à passer par-dessus nos manquements. Il n’a pas envoyé son Fils parmi nous pour mener une expédition punitive mais pour sauver ce qui était perdu Au moindre signe de repentir de notre part, comme le père de l’enfant prodigue qui guette le retour de son fils au bord du chemin, il vient au-devant de nous pour nous réintégrer dans la tendresse de l’intimité familiale. Nous sommes confus et émerveillés d’être aimés à ce point, malgré nos offenses et nos infidélités. Il demeure celui qui nous disait déjà dans Jérémie Je ne cesserai pas de vous faire du bien. Je trouverai ma joie à vous faire du bien. (Jr 32, 40,41)

dimanche 23 mars 2024

3e dimanche de carême année C

(Ex.3,1-8a.10,13-15) (1 Co 10,1-6.10-12) (Luc 13,1-9)

Dans le monde juif, on pensait qu’une maladie, un malheur ou une catastrophe était un châtiment infligé par Dieu à quelqu’un en raison d’une faute commise par lui ou par ses parents. C’est ainsi que St Jean nous rapporte qu’un jour, envoyant un aveugle né les apôtres demandèrent à Jésus : Rabbi qui a péché pour qu’il soit né aveugle, lui ou ses parents ? (Jean 9,2) Voilà pourquoi, on interroge Jésus sur l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer, dans le but de savoir quelle faute ils avaient bien pu commettre pour mériter un tel châtiment. Mais Jésus refuse d’entrer dans ce genre de discussion. Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que les autres ? Eh bien, je vous dis pas du tout, répond-il, avant d’ajouter Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. Autrement dit, quels sont les péchés que les uns ou les autres ont pu commettre, ça ne vous regarde pas. Mais mêlez-vous de vos affaires : si vous ne faites pas attention à mener une vie droite et à vous convertir chaque fois que vous déviez du droit chemin, vous périrez tous de la même manière. Il y a là un triple enseignement pour nous :

-1° Premier enseignement. On ne peut pas juger les autres, dire que telle personne est meilleure ou pire que les autres. Pourquoi ? Parce que nous ne connaissons jamais tous les éléments de la question. Le fond des choses nous échappe, nous ne voyons que ce qui apparaît en surface. Soit par exemple M. Durand, un honnête homme et un bon chrétien qui ne manque jamais la messe du dimanche tandis que son voisin M. Dupont a fait de la prison et c’est tout juste s’il rentre à l’église deux fois dans l’année, à Pâques et à Noël. On va dire : M. Durand est meilleur chrétien que M.Dupont. Apparemment, c’est évident. Mais en fait on n’en sait rien. M Durand a peut-être reçu une éducation chrétienne de qualité, vécu dans une famille et dans un milieu porteurs et reçu beaucoup plus de talents et de grâces que M. Dupont qui n’a même pas connu ses parents et a toujours vécu une existence précaire. Mais peut-être qu’il a fait fructifier le peu de grâces et de talents qu’il a reçus beaucoup mieux que M. Durand qui en a reçu en abondance et finalement M.Dupont devancera M.Durand dans le Royaume. C’est comme ça que Jésus pouvait dire aux grands prêtres et aux anciens qui, malgré leurs défauts, étaient quand même des gens honnêtes : Les prostituées passeront avant vous dans le Royaume des cieux. (Mt.21,31)

-2°) Deuxième enseignement. Le Christ nous interdit de penser que Dieu puisse être un Dieu vindicatif qui se vengerait des péchés des hommes en faisant venir sur eux des malheurs et des catastrophes. Dans l’évangile d’aujourd’hui, il compare Dieu au vigneron bienveillant qui accorde un répit au figuier stérile. Déjà l’Ancien Testament présentait Yahvé comme un Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, qui donne du temps au pécheur pour se repentir (Ex.34,6 ; Sag.12,20). Et dans l’évangile Jésus ne se présente pas comme un Messie vengeur venu rétablir la justice bafouée par les pécheurs et punir les méchants. A l’époque beaucoup attendaient un Messie de ce genre. Jean Baptiste lui-même avait des paroles très dures : Bande de vipères repentez vous …déjà la cognée est à la racine des arbres, tout arbre qui ne donne pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu. (Mt.3,7,10) Dans l’évangile au contraire, le Messie se montre bienveillant envers tous, il fréquente les publicains, des fonctionnaires plus ou moins corrompus et les pécheurs, il mange à leur table. Scandalisés, les pharisiens et un tas de bien-pensants le lui reprochaient. Ils n’ arrivaient pas à comprendre ce qu’il leur disait on ne peut plus clairement : je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs (Mt.9,13 ) et il ajoutait : je vous le dis , il y a plus de joie au ciel pour un pécheur qui se convertit que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de conversion. (Luc 15,7 ). Notre Dieu n’est pas un justicier à l’affût, cherchant à débusquer les pécheurs pour les abattre. Il est à l’affût oui, il cherche à débusquer les pécheurs, oui, mais c’est pour les relever et les ramener de l’autre côté du pardon dans la joie d’une vie nouvelle car Le Père n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde mais pour que le monde soit sauvé par lui nous dit l’évangile de St Jean, (Jean 3,17).

-3°) Mais et c’est le troisième enseignement de cet évangile, le même Messie qui est bon, patient et miséricordieux nous met en garde sans ménagements : vous périrez tous si vous ne vous convertissez pas. Pourquoi faut-il se convertir ? Parce que l’orgueil et l’égoïsme nous poussent constamment à mettre Dieu de côté et à vouloir gérer notre vie tout seuls. La conversion consiste donc à changer de mentalité et à revenir vers Dieu. comme le dit très bien le mot grec métanoïa employé par St Luc. Changement de mentalité, c’est-à-dire abandonner notre manière de faire où souvent nous organisons notre vie sans Dieu, en vue de faire autrement. Et ce faire autrement, c’est quoi ? c’est revenir vers Dieu, c’est chercher Dieu, chercher quelle est sa volonté, se demander : qu’est-ce que ferait le Christ s’il était à ma place ?Il convient de remarquer que le Seigneur nous demande plus que de regretter le passé, il nous demande de changer de vie dès maintenant et dans l’avenir. Se convertir, ce n’est pas aller vers l’avenir en marchant à reculons les yeux fixés sur ses péchés passés qu’on essaie de laver à coups de regrets et de pénitence, c’est en plus du regret du passé et de la pénitence, changer sa manière de faire. La conversion nous oriente vers l’avenir. On avance avec le Seigneur, avec le souci d’agir selon sa volonté, comme Ste Thérèse de Lisieux qui disait : c’est ce qu’Il veut que j’aime le mieux.

Que retenir de tout cela ?

1°) On ne peut jamais juger et encore moins condamner quelqu’un parce qu’on ne connaît pas son histoire. On ne sait jamais ce que le Seigneur lui a donné comme grâces et comme talents et comment il les a faits fructifier.

2°) Notre Dieu n’est pas un justicier toujours à l’affût pour débusquer les pécheurs afin de les punir. Il est à l’affût, oui, pour débusquer les pécheurs, oui, mais c’est pour le ramener de l’autre côté du pardon dans la joie d’une vie nouvelle.

3°) Mais le Seigneur, même s’il est infiniment miséricordieux, nous rappelle quand même sans ménagements : Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous. Sans être d’affreux criminels et d’horribles pécheurs, il y a certainement des moments où nous nous écartons du droit chemin, nous oublions Dieu et faisons souffrir notre prochain. Profitons de ce temps de carême pour nous atteler sérieusement voir à changer ce qui doit l’être dans nos manières afin de revenir vers Dieu. Comme nous y invitait l’oraison de la messe dernièrement (6 Mars) :

Prions le Seigneur, pour que sa grâce inspire et précède nos pensées comme nos actions, qu’elle les précède et les accompagne,afin que toutes nos activités prennent leur source en lui et reçoivent de lui leur achèvement.

dimanche 16 mars 2025

2e dimanche de carême année C. (Gen. 15, 5-12, 17-18)  (Phil. 3,17- 4,10)  (Luc 9, 28b-36)

La scène de la Transfiguration est à l’opposé des autres manifestations du Christ dans l’évangile. D’habitude, il est très discret. Il cache sa divinité et ses pouvoirs divins. Il vient au monde à l’écart d’un petit village de rien du tout : Bethléem. Il grandit dans l’anonymat de Nazareth, une bourgade sans importance. Presque toujours quand il opère une guérison miraculeuse, il entraîne le malade à l’écart et interdit sévèrement aux gens d’en parler. Alors pourquoi aujourd’hui se prête-t-il à cette mise en scène spectaculaire où il apparaît transfiguré, à trois de ses disciples ?

C’est qu’il veut réconforter ses disciples profondément choqués par l’annonce qu’il venait de leur faire : il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit mis à mort et que le troisième jour il ressuscite. (Luc 9,22). En entendant cela, Pierre avait pris Jésus à part pour lui reprocher de tenir de tels propos, mais Jésus l’avait vertement remis en place, le traitant de Satan (Marc 8,33) alors que quelques jours auparavant, il l’avait mis à l’honneur, l’instituant chef de l’Eglise et lui confiant les clefs du Royaume. (MT.16,19). Les apôtres étaient désemparés, désorientés. C’est pourquoi, prenant avec lui Pierre, Jacques et Jean, les plus influents du groupe des douze, il les a emmenés avec lui dans la montagne pour les réconforter en se montrant  à eux dans sa gloire.

Que s’est-il passé ? Pendant que Jésus est en train de prier, tout-à-coup son visage et ses vêtements devinrent resplendissants, les apôtres le virent en gloire, tandis que  Moïse et Elie parlaient avec lui. Le visage de Jésus transfiguré et ses habits devenus resplendissants qu’est-ce que cela signifie ? Cela manifeste que Jésus est comme revêtu par anticipation et de manière passagère de la gloire pascale dont il héritera comme Ressuscité. La présence de Moïse et Elie qu’est-ce que cela signifie ? Cela manifeste que Jésus et son Evangile sont en continuité avec les prophètes et tout l’Ancien Testament. Pendant ce temps-là, Pierre Jacques et Jean sont accablés de sommeil. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela veut dire que ce qu’ils vivent est trop intense. Ils sont comme assommés par ce qu’ils vivent. Pierre tente de réagir. Il propose de construire des abris pour s’installer. Mais il n’a pas fini de parler qu’une nuée survint et les couvrit de son ombre  et les  apôtres furent saisis de frayeur.

C’est que dans la Bible, l’apparition d’une nuée signifie la présence de Dieu et selon le livre de l’Exode, nul ne peut voir Dieu sans mourir. (Ex.33,20) Et voici que de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le. » Après le miracle de la Transfiguration, un nouveau miracle se produit, une théophanie, une manifestation de Dieu qui, solennellement, confirme et consacre l’autorité de Jésus En entendant cela, nous dit St Mt., les disciples tombèrent la face contre terre, saisis d’une grande crainte. (Mt.17,6) Les apôtres avaient supporté le spectacle de la Transfiguration sans trop de frayeur, mais devant la théophanie, la manifestation de Dieu qui l’a suivie, ils sont terrassés par la peur. Jésus s’approcha alors, le toucha et leur dit relevez-vous, soyez sans crainte nous rapporte St Mt. (Mt. 17,7) On pourrait s’attendre à ce que Jésus leur dise : Vous avez vu ? Vous avez entendu ? Eh bien maintenant, allez raconter tout cela à tout le monde. Or au contraire il leur donna l’ordre de ne révéler à personne ce qu’ils avaient vu jusqu’à ce que le Fils de l’homme ressuscite d’entre les morts. (Mt.17,9)


Pourquoi cette consigne de silence ? Parce que si Pierre, Jacques et Jean racontent à tout le monde qu’ils ont vu Jésus dans l’éclat de sa gloire, cela va renforcer la  tendance des gens à se représenter Dieu d’abord comme un être merveilleux, tout puissant, imposant, alors que Dieu est d’abord Amour. En Lui, la toute-puissance, la gloire, la majesté viennent après et obéissent à l’Amour. Lorsque des scribes et des Pharisiens demanderont à Jésus de leur donner un signe qui prouve qu’il est bien le Messie, il leur répondra : en fait de signe il ne vous en sera pas donné d’autre que le signe de Jonas (Mt.12.39), allusion claire à sa Passion et sa Résurrection. En effet ce qui prouve que Jésus est le Messie, ce ne sont pas les prodiges spectaculaires de ses miracles, mais sa mort et sa résurrection parce que c’est là qu’il prouve que Dieu est Amour, un amour dont la toute-puissance triomphe du mal, du péché et de la mort.

Mais que Jésus ait été transfiguré, qu’est-ce que ça peut faire pour nous ? Il se trouve que cette transfiguration ne touche pas seulement la personne du Christ, elle nous touche aussi puisque nous sommes promis à participer à la gloire du Christ, comme le dit St Paul aux Philippiens parlant  du Seigneur Jésus qui transfigurera notre corps pour le rendre semblable à son corps glorieux. (Phil.3,21) Et pas seulement après notre mort. Dès maintenant le processus de notre transfiguration est en cours à travers l’action de l’Esprit, ainsi que le dit la seconde épitre aux Corinthiens : Et nous tous qui réfléchissons comme en un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en cette même image toujours plus glorieuse, comme il convient à l’action du Seigneur qui est Esprit. (2Cor.3,18) Nous sommes loin d’être déjà parfaitement transfigurés c’est archi-évident ! Raison de plus pour être extrêmement attentifs au long de nos journées à repérer les interventions de l’Esprit qui rend toujours plus étroite notre communion avec le Seigneur. Malgré tous nos manques et toutes les horreurs de notre monde, les guerres, les persécutions, la course sauvage à l’argent et au profit, les scandales nombreux et honteux jusque dans l’Eglise, il y a, inattendues, des merveilles qui apparaissent ici ou là. Même nous qui sommes pécheurs, il nous arrive de dire ou de faire des choses bien. Or il n’y a qu’une source de bien dans le monde, c’est Dieu. Par conséquent Dieu qui est présent dans nos vies les transfigure en nous rendant capable de faire le bien. En ce moment je vais souvent rendre visite à un de mes amis dans une EPHAD, je suis très impressionné de voir le dévouement et les attentions du personnel envers toutes ces personnes âgées. Et chaque fois que je célèbre la messe chez vous le dimanche, je suis fier d’offrir au Seigneur tout ce qui se vit chaque jour dans vos familles. Certes, il n’y a pas lieu de nous vanter, nous devrions faire plus et mieux, mais sachons reconnaître le bien que le Seigneur nous permet de faire malgré tout. Ne vous surestimez pas plus qu’il ne faut, écrivait St Paul aux Romains, mais gardez de vous une sage estime, chacun à la mesure de la foi que Dieu lui a départi. (Rom.12,3) (je ne suis pas si vilaine avec mes sabots, puisque le fils du roi m’aime avec mes sabots !)

Que retenir de tout cela ?

Pourquoi le Christ s’est-il montré transfiguré à trois de ses apôtres ? pour renforcer leur foi ébranlée par l’annonce qu’il leur avait faite de sa Passion.  

Le plus important dans cette page d’évangile, plus encore que la Transfiguration elle-même, c’est l’intervention du Père confirmant et consacrant l’autorité de Jésus : Celui-ci est mon Fils bien aimé, écoutez-le. Ouvrons donc nos cœurs pour entendre chaque jour sa Parole.


La Transfiguration du Christ se prolonge encore aujourd’hui à travers la transfiguration que le Seigneur opère en nos cœurs par l’action de son Esprit. Ayons l’honnêteté de le reconnaître. Même si nous sommes encore des pécheurs, même si notre monde est encore bien affreux, au milieu de toutes ces horreurs, ici et là, il y a des transfigurations qui percent, chaque fois que quelque part l’amour l’emporte sur la violence, l’injustice et la haine. Comme dans la roseraie que j’ai visitée un jour. Les roses étaient magnifiques, pourtant, en y regardant de près, je me suis aperçu qu’elles poussaient sur du fumier.


Dimanche 9 mars 2025

1 er dimanche de carême C

(Deut.26,4-10) (Rom.10,8-13) (Luc 4,1-13)

Jésus vient de recevoir le baptême de Jean. Pourquoi se retire-t-il au désert quarante jours ? Pour prier, évidemment. L’évangile nous montre que Jésus se réservait toujours un moment de prière  avant un moment important. C’est le cas ici quand  il va commencer son ministère Ou quand il va prendre une décision importante, comme le choix des douze apôtres.Il s’agissait pour lui non  seulement de retrouver un moment d’intimité silencieuse avec le Père mais aussi de remettre son ministère et ses décisions en pleine communion avec le Père, car, il le répète souvent dans l’évangile, Je suis descendu du ciel, pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de celui qui l’a envoyé. (Jean 6,38) Non pour être servi mais pour servir. (Marc 10, 45). Faire la volonté du Père, servir, voilà sa mission. Le démon va essayer de l’en détourner.

Dans la première tentation, le démon suggère à Jésus de changer une pierre en pain. Jésus vient de jeûner quarante jours, il a faim, ce qui est bien normal. D’autre part il a le pouvoir de faire des miracles. Alors pourquoi pas changer une pierre en pain ? Apparemment, il n’y a rien de mal là-dedans.  En fait, Jésus dispose du pouvoir de faire des miracles non pas en vue de satisfaire ses désirs ou ses besoins personnels mais en vue de donner aux hommes des signes de la présence de Dieu au milieu d’eux. Si Jésus changeait  les pierres en pain, il utiliserait  alors ses pouvoirs pour se servir au lieu de servir et par là il agirait  contre la volonté du Père. Cette première tentation, c’est la tentation de mettre l’amour de soi à la place de l’amour de Dieu. Par orgueil je mets ce qui me plaît avant la volonté de Dieu

Remarquez ici la tactique du démon.  Il ne tente pas Jésus de faire quelque chose qui manifestement serait mal, il dissimule le mal en le présentant sous l’apparence de quelque chose de tout-à-fait innocent  et même de bon. Aujourd’hui encore, le démon procède de la même manière avec nous. Il ne nous tente pas de faire des choses mauvaises. Rusé, il nous tente de faire des choses qu’il présente comme raisonnables et même bonnes, alors qu’en réalité elles sont mauvaises. Par exemple, s’il tente un ivrogne, il   le persuade qu’il a   bien le droit de boire encore un verre et de se faire plaisir après une grosse journée de travail, mais il lui dissimule qu’en buvant, il va ruiner sa santé, faire souffrir sa femme et ses enfants  et détruire son foyer.

Dans la deuxième tentation, le démon promet à Jésus de lui donner le pouvoir sur tous les royaumes de la terre avec la gloire qui l’accompagne, s’il se prosterne devant lui. Encore une fois, apparemment il n’y a rien de mal là-dedans. Bien au contraire si le Christ acquiert le pouvoir sur tous les royaumes de la terre, est-ce qu’il ne va pas réaliser du même coup la volonté du Père qui est de rassembler toutes choses sous un seul chef, le Christ, comme le dit l’épître aux Ephésiens (Ephes.1,10)  En fait, le Père a envoyé son Fils rassembler tous les peuples de la terre, oui, mais pas n’importe comment. Il ne l’a pas envoyé rassembler tous les royaumes par le prestige des richesses ou par la violence d’une toute puissance brutale. Il a envoyé son Fils manifester par le témoignage de sa vie et de sa mort que Dieu est amour et il a envoyé son Fils inviter tous les hommes à se rassembler dans cet amour.  


Aujourd’hui encore nous sommes confrontés à cette tentation à travers le désir de l’emporter sur les autres, de les écraser, d’imposer nos idées et nos volontés. C’est le drame du cléricalisme dans l’Eglis à tous les niveaux depuis le Vatican jusqu’aux petites paroisses de campagne, chaque fois que les ambitions personnelles prennent la place de l’idéal de service. C’est le drame  des chefs d’états  que l’ambition paranoïaque de conquérir toujours plus de pouvoir sur toujours plus de territoires, transforme en charognards dépeçant les plus faibles sans aucun égard pour la justice et sans  la moindre  pitié. C’est le drame des chefs d’industrie qui imposent l’esclavage de la rentabilité financière sans égard pour la paix sociale et l’équilibre de la vie personnelle ou familiale d’un chacun.  C’est aussi le drame dans les foyers quand le père ou la mère ou la belle mère veut imposer ses vues envers et contre tout, ce qui entraîne de graves difficultés et parfois l’effondrement du foyer ,Cette  deuxième tentation, c’est mettre le pouvoir avant l’amour  qui parfois disparait complètement, remplacé par la passion du pouvoir. Par orgueil je fais passer mon goût du pouvoir avant Dieu que j’élimine.

Dans la troisième tentation, le démon suggère à Jésus de se laisser tomber du haut du pinacle du temple et d’atterrir sans dommage sur le parvis au milieu de la foule. En voyant ce prodige, le Christ se révèlerait comme un Dieu tout puissant et la foule croirait en lui, Apparemment il n’y a pas de mal là-dedans, au contraire. En réalité, si le Seigneur cédait à la tentation de faire ce prodige, il irait contre la volonté du Père qui a envoyé son Fils révéler aux hommes  non pas un Dieu -fakir  ou un Dieu à la toute-puissance terrifiante,  mais un Dieu Amour, en qui. la toute puissance obéit à l’amour et vient après l’amour.  

Aujourd’hui encore, nous restons sensibles à la tentation du prestige et de la puissance. Nous aimerions que les messes attirent autant de monde que les matches de foot ou les concerts des chanteurs à la mode. Eh bien, non !. Le tapage  et la publicité, ça n’intéresse pas le Seigneur.  Il a toujours refusé de s’appuyer sur le clinquant du prestige et du spectaculaire. La plupart du temps, lorsqu’il faisait un miracle, il s’entourait d’un maximum de discrétion. Il emmenait les malades à l’écart avant de les guérir et leur interdisait sévèrement de parler de leur guérison. Le Christ a révélé Dieu-Amour non pas à travers des déclarations terrifiantes  ou  par les prodiges  spectaculaires de ses miracles, mais dans   sa mort et sa résurrection. C’est là qu’il montre dans le vécu de sa Passion et de sa Résurrection que Dieu est Amour, d’un Amour plus puissant que toute la puissance du péché, du mal et de la mort. La troisième tentation c’est l’envie  de mettre l’orgueil, la puissance et le prestige avant l’amour et le service.

Que retenir de tout cela ?

Toutes les tentations quelles qu’elles soient n’ont qu’un seul but : que je me mette à la place de Dieu. Le démon essaye de me persuader que Dieu n’est pas aussi bon qu’on le prétend, que sa volonté m’empêche d’être heureux et que finalement je sais mieux que lui ce qui est bon pour moi, ce qui m’amène à rejeter Dieu et à me mettre à la place de Dieu.

Profitons de ce temps de carême qui commence ces jours-ci pour essayer d’y voir clair :  comment est-ce que je me laisse avoir par le démon, comment je me fais Dieu à la place de Dieu ?


Est-ce que c’est parce que je mets l’amour de moi avant l’amour de Dieu ?  Je m’écoute, je cède à tous mes caprices et je refoule Dieu ?Est-ce que c’est en mettant l’argent et la volonté de dominer au-dessus de tout ?Est-ce que c’est en mettant mon prestige, ma volonté de puissance au-dessus de tout ?

Et maintenant que j’ai établi le diagnostic, quel traitement, quel régime dois-je suivre, qu’est-ce qu’il faut que je fasse pour remettre les choses en ordre ? Quel doit être mon effort de carême ?

Ah Seigneur, ! viens à notre aide,

Que ta grâce précède et inspire nos actions,

Qu’elle  soutienne et accompagne tout  ce que nous faisons  

Afin que notre vie ne soit pas ratée mais trouve en Toi son achèvement.  


Dimanche 2  Mars  2025

8e dimanche T.O. année C Quo 27,4-7, 1Co 15,54-58; Lc 6,39-45

(Jésus n’a rien d’un intellectuel jonglant avec les idées. Ses propos ne s’appuient pas sur des idées abstraites enchaînées les unes aux autres par des arguments logiques conduisant à des conclusions inéluctables. Il aime convaincre son auditoire par des images concrètes, des comparaisons simples, des paraboles parlantes. Il est plus proche des fables de La Fontaine que du discours de la Méthode de Descartes.)

Qui étaient ces disciples qui l’entouraient ce jour-là ? Il y avait un peu de tout. Certains étaient là pour la première fois, d’autres le suivaient depuis un certain temps déjà, et puis il y avait les douze apôtres qu’il venait de choisir. Tout ce monde là ne se prenait pas pour n’importe qui. Même les derniers arrivés estimaient qu’ils étaient un peu supérieurs à tous ceux qui ne prêtaient pas attention à Jésus. Ils éprouvaient une certaine fierté de se sentir attirés par le spirituel et se considéraient déjà comme les disciples d’un Maître. Les douze eux, pensaient même avoir trouvé le Messie et s’être mis définitivement à sa suite. Pierre le dira haut et fort quelques jours plus tard, répondant à une question de Jésus : Pour nous, tu es le Messie, le fils du Dieu vivant. (Mt.16,16)

Sans rien brusquer, doucement, mais fermement, le Seigneur va remettre tout le monde en place. Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? En, d’autres termes : vous ne voyez pas si clair que vous le pensez, vous êtes encore des débutants. La vie d’un croyant, c’est un long processus de perfectionnement. Il s’agit de se former au long d’une démarche de conversion continue, jamais achevée.  C’est seulement une fois bien formé que le disciple sera comme son maître et portera de bons fruits. Il sera alors capable de corriger et de guider les autres sur le chemin de la vérité.

                                                 Surtout si nous sommes chrétiens depuis l’enfance, nous pouvons être tentés, nous aussi, de croire que nous ne sommes pas n’importe qui. Et c’est vrai que nous ne sommes pas comme tant de personnes autour de nous, des braves gens, honnêtes, qui ne font de tort à personne et s’efforcent d’élever leurs enfants du mieux qu’ils peuvent mais pour qui Dieu et la religion n’existent pas. Leur horizon ne dépasse guère les vacances de l’année prochaine. Ils vivent parfaitement à l’aise dans un univers étriqué avec une grande surface pas trop loin pour y faire leurs couses et la télé en couleurs dans la salle de séjour. C’est vrai, nous sommes des privilégiés. Depuis la petite enfance nous avons entendu parler de Dieu et nous essayons de le prier régulièrement. Peut-être même connaissons nous un peu la Bible. Peut- être avons-nous nos psaumes ou nos auteurs préférés parmi les prophètes ou les livres de la Sagesse.  En tous cas l’évangile, nous le connaissons, nous l’entendons commenter tous les dimanches à la messe et parfois même il nous arrive de le méditer.

Mais la connaissance que nous pouvons avoir de Dieu est toujours incomplète et insuffisante Elle est aussi unique, spéciale et profondément différente de nos autres connaissances. D’abord parce que nous ne pouvons pas l’acquérir comme nos autres connaissances à force d’études ou de raisonnements. Notre intelligence, à elle seule, est trop courte pour atteindre Dieu. O Toi, l’au-delà de tout…disait St Gregoire de NazianceTu dépasses toute intelligence…Tu es indicible car tout ce qui se dit est sorti de toi…Tu es inconnaissable car tout ce qui se pense est sorti de toi.. Si nous arrivons à connaître Dieu, c’est parce qu’il s’approche et vient éclairer notre recherche.  Mais attention ! Si notre recherche à elle seule ne peut nous permettre de de rejoindre Dieu, elle est cependant absolument indispensable. Cherchez et vous trouverez nous dit le Christ dans l’évangile (Mt.7,7.) ce qui veut dire aussi que celui qui ne cherche pas ne trouve pas. Donc, si nous arrivons à connaître Dieu, c’est parce qu’il s’approche de nous et vient éclairer une recherche

active de notre part. Il se laisse connaître, comme il le dit en Jérémie : Je me laisserai trouver par vous (Jer.29,14) Vous me trouverez pour m’avoir cherché de tout votre cœur (Jer.29,13)

D’autre part notre connaissance de Dieu est spéciale aussi en ce qu’elle n’est pas un savoir pour l’intelligence seulement comme nos autres connaissances, elle ne nous donne pas seulement des idées sur lui ou un savoir à propos de lui mais elle change notre cœur et notre manière de vivre. Savoir que Tokyo est la capitale du Japon, ou connaitre les techniques du ciment ne bouleversent pas notre  vie tandis que connaître la vie du Christ entraîne une conversion et un changement dans notre manière de vivre.

Et enfin, cette conversion et ce changement dans notre manière de vivre visent à établir une communion de tout notre être avec le Seigneur, ils ne visent pas l’un ou l’autre point de notre conduite. En définitive, Connaître Dieu, c’est co-naître avec Lui. Quand je commence à connaître Dieu, je redémarre dans ma vie autrement, avec Lui. !

Et au fur et à mesure que se développe cette communion avec le Seigneur, notre connaissance de Dieu s’approfondit. Mais de même que notre communion avec Dieu n’est jamais parfaite, de même  la connaissance que nous pouvons avoir de lui n’est jamais achevée. Nous  sommes toujours en formation, en formation  permanente et continue,  nous ne pouvons donc jamais nous ériger en donneurs de leçons. Nous pouvons seulement partager nos pauvretés. Celui qui en sait un peu plus ou qui a une meilleure expérience partage ce qu’il a reçu avec les autres, et tous nous nous efforçons de rester constamment attentifs à l’action du Seigneur qui ne cesse de nous enseigner, comme le disait St Paul aux Corinthiens : Nous tous qui réfléchissons comme en un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en cette même image toujours plus glorieuse, comme il convient à l’action du Seigneur qui est Esprit. (2Cor.3,18)

Voyant comment le Seigneur dans son amour et sa miséricorde a un tel souci de nous, qui sommes des pécheurs, des gens qui ne valent pas grand-chose, voyant comment, jour près jour, il ne cesse de s’approcher de nous pour nous instruire et nous mettre en communion avec lui, nous ne pouvons que rendre grâces. On n’a jamais vu un Dieu pareil ! Je ne cesserai pas de vous faire du bien….je trouverai ma joie à vous faire du bien, confiait-il à Jérémie, il y a 2.600 ans environ, et depuis, il n’a pas changé d’avis.

Que retenir de tout cela ?

En tant que disciples du Christ nous sommes toujours en formation et cette formation n’est jamais achevée. Chaque jour le Seigneur nous fait découvrir du nouveau. Et il nous reste toujours beaucoup à apprendre. C’est pourquoi nous ne pouvons jamais nous ériger en donneurs de leçons. Il s’approche et se fait connaître. Son but n’est pas seulement de nous communiquer un savoir le concernant, mis de  nous mettre en pleine communion avec lui. Ouvrons nos oreilles et surtout nos cœurs pour entendre sa Parole qui n’est pas une parole à comprendre avec sa tête seulement, mais aussi avec le cœur car   c’est une Parole de Vie, une parole à vivre. Et partageons avec les autres ce que nous avons reçu.

Connaître Dieu c’est « co-naître » avec lui. Quand nous commençons à connaître Dieu, nous redémarrons autrement notre vie, avec lui.   Alors que nous ne valons pas grand-chose, que nous sommes des pécheurs pollués par l’orgueil et l’égoïsme, le Seigneur, pas dégoûté, persiste à vouloir nous mettre en communion avec lui : Voici que je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi. (Apoc.3,20) Allons-nous laisser notre porte fermée ?

Dimanche 23 Février 2025

7e dimanche T.O. année C (1 Samuel 26,2.7-9.12-13.22-23) (1 Co 15,45-49) (Luc 6,27-38)

Souhaiter du bien à ceux qui vous maudissent, prier pour ceux qui vous calomnient, ça peut encore se faire. Faire du bien à ceux qui vous haïssent, c’est déjà plus difficile. Mais aimer ceux qui vous haïssent, comment est-ce possible ? En aimant ceux qui haïssent, n’est-on pas complice du mal ? La charité chrétienne demande qu’on lutte contre le mal et qu’on s’oppose à ceux qui le commettent. C’est vrai, mais le Christ dans sa Passion donne le témoignage d’une victime qui aime ses ennemis, leur souhaite du bien et prie pour eux : Père pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. (Luc 23,34) Si le Christ a aimé ceux qui le haïssaient alors nous aussi, nous devons aimer ceux qui nous haïssent. Ces malheureux, le Seigneur voudrait qu’ils sortent de la haine et de la violence dans lesquelles ils sont enfermés. Ce n’est pas le mal qu’il aime, mais ceux qui font le mal… et il ne les aime pas parce qu’ils font le mal mais parce que, même si maintenant ils font le mal, tout à l’heure ou demain ils pourraient très bien se convertir. Le but du Christ n’est jamais de punir le pécheur et encore moins de se venger de lui, mais qu’il se convertisse. Sévère et intraitable avec le mal et le péché, le Christ est bon et miséricordieux avec le pécheur. Il a le cœur tendre et l’esprit ferme.Nous autres au contraire, nous aurions plutôt le cœur dur et l’esprit mou. Nous sommes sévères et intraitables avec ceux qui commettent le mal, notre réaction immédiate est de vouloir les punir ou nous venger d’eux tandis que devant le mal, certes nous sommes contre, mais parfois nous trouvons des accommodements : après tout, ce n’est pas si mal que ça… et puis toute le monde le fait. Dans notre hostilité envers le mal nous voulons punir ceux qui le commettent ou nous venger de ceux qui le commettent Le Seigneur fait autrement, tout en étant plus exigeant. Il ne se contente pas d’être contre le mal, il est pour le bien, il ne se contente pas d’envisager une sanction ou une vengeance à l’encontre du pécheur, il vise son repentir et sa conversion. Et finalement sa façon de faire est plus efficace car imposer une sanction ou se venger de celui qui agit mal ne règle rien. Dès que vous aurez le dos tourné, il recommencera. Tandis que s’il se convertit, les risques de récidives sont bien moindres, voire nuls, si la conversion est totale et définitive. Lorsqu’il nous demande d’aimer nos ennemis, le Christ nous demande de faire comme lui et aussi comme le Père, qui est bon pour les ingrats et les méchants ; il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et tomber sa pluie sur les justes et sur les injustes. (Mt. 5,44) Nous n’arriverons peut-être jamais à aimer nos ennemis et ceux qui nous haïssent , mais nous pouvons toujours avancer dans cette direction D’autant que le Seigneur, sachant bien que cela nous est impossible, nous aidera de sa grâce D’autre part, il faut tenir compte dans les propos de Jésus de la façon de parler à l’époque en Palestine. Il procède souvent par allusions ou paraboles. Il ne faut pas toujours prendre le texte de l’évangile à la lettre. Il nous dit ici de tendre l’autre joue. Mais lorsque le soldat l’a frappé au cours de sa Passion, il n’a pas tendu l’autre joue. Il lui a simplement demandé calmement Si j’ai mal parlé, montre en quoi ; si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? (Jean 18,23). Cela ne veut pas dire que dans l’évangile, il faut en prendre et en laisser. Avec délicatesse et respect nous devons toujours chercher à comprendre ce que le Seigneur veut dire exactement. Ce n’est pas toujours facile. Aujourd’hui encore à Madagascar comme dans d’autres pays on parle volontiers par allusions et sous-entendus. C’est très embarrassant pour les cartésiens que nous sommes. Je me souviens de mon désarroi, un jour à Madagascar, je venais d’arriver en brousse pour y commencer mon ministère, lorsqu’un paysan malgache entré dans mon bureau m’a parlé pendant une vingtaine de minutes. Sachant le malgache, je comprenais tout ce qu’il disait, mais je ne voyais pas du tout ce qu’il voulait dire. J’étais très embêté ! Alors, ne pas refuser ma tunique à celui qui a déjà pris mon manteau, donner à tous ceux qui demandent, ne pas réclamer mon bien à celui qui le prend qu’est-ce que ça veut dire exactement ? Je ne sais pas trop. Je pense qu’on peut laisser de côté provisoirement ce qu’on ne comprend pas dans l’évangile et se concentrer sur ce qu’on comprend. Et justement dans l’évangile d’aujourd’hui la consigne que nous donne le Christ: ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le, vous aussi, est parfaitement claire, et nous n’aurions aucune excuse de ne pas la mettre en pratique ! Si tout le monde pratiquait cette règle d’or, la vie en société serait certainement plus agréable. Dans cette page d’évangile le Seigneur nous demande d’imiter son parti pris absolu de miséricorde envers et contre tout. Comment fait-il pour ne pas être découragé devant notre indifférence, nos infidélités, ou nos manœuvres pour nous opposer à sa volonté ? Comment fait-il pour supporter la sauvagerie et la cruauté d’un monde où chacun cherche le profit à tout prix, même s’il faut au passage écraser les autres ? Malgré les réussites prodigieuses de la science et de la technique, malgré toute l’intelligence et le courage que nous mettons dans nos entreprises, le résultat final est bien souvent, biaisé, tordu. Ce qu’on persiste à appeler progrès ne vise même plus à apporter davantage de bonheur à l’humanité mais à augmenter le profit et la rentabilité et tant pis si on va de crise en crise, tant pis si les rythmes de travail effrénés entraînent de plus en plus de « burn out », tant pis si notre activité frénétique menace la création elle-même : déforestation sauvage, pollution chimique des sols, pollution de l’air, pollution des océans, mais pollution humaine aussi, perte du sens de l’existence avec la déchristianisation, la dégradation des mœurs, la déstabilisation des familles. Comment fait-il, le Seigneur, pour encore nous faire confiance ?Nous butons ici sur le mystère incompréhensible de son amour qui n’est pas chez lui, une qualité parmi d’autres, c’est le dynamisme même de son existence. Il ne peut pas faire autrement. C’est plus fort que lui. Il faut qu’il fasse être d’autres êtres et si ces autres êtres, en l’occurrence les hommes, dévient dans le mal, il continue de les aimer, il persiste à les ramener vers le bien et l’épanouissement de leur être. Il ne sait faire que ça. L’auteur du livre de la Sagesse disait déjà : Tu fermes les yeux sur les péchés des hommes (Sagesse 11,22) ……Tu nous donnes le temps et l’occasion de nous défaire de notre perversité, Tu juges avec modération…pour nous apprendre quand nous jugeons à songer à ta bonté et quand nous somme jugés à compter sur ta miséricorde. ( Sg 11,18.20.22.) Que retenir de tout cela ? L’évangile d’aujourd’hui nous remet en face de la bienveillance et de la miséricorde sans limites du Seigneur, fruits de son amour infini pour tous les hommes, même les mauvais. Oui tu aimes tous les êtres et n’as de dégoût pour rien de ce que tu as fait, nous dit encore le livre de la Sagesse, car si tu avais haï quelque chose, tu ne l’aurais pas formée et comment une chose subsisterait-elle si tu ne l’avais voulue ? Comment conserverait-elle l’existence si tu ne l’y avais appelée ? Mais tu épargnes tout, parce que tout est à toi Maître, ami de la vie (11,24-26) L’ennui, c’est qu’il nous demande d’étendre cette bienveillance et cette miséricorde à tous ceux qui nous entourent, même les mauvais. Impossible ? Non, puisqu’il l’a promis Je vous donnerai un coeur nouveau, je mettrai mon Esprit en vous et je ferai que vous marchiez selon mes lois. (Ez 36,26,27) Et puis, si vraiment nous n’y arrivons pas, au moins mettons en pratique la règle d’or : ce que nous voulons que les autres fassent pour nous, faisons le aussi pour eux. Ce ne sera déjà pas si mal.

les béatitudes dimanche 16 Février  2025

6e TO C (Jérémie 17,5-8) (St Paul 1Cor.15,12.16-20) (Luc 6,17.20-26)

Nous sommes au début de la vie publique de Jésus. Il a commencé à enseigner, impressionnant les foules par la profondeur de sa parole. Les quelques miracles qu’il a déjà faits ont renforcé sa renommée, il n’est donc pas étonnant que ce jour-là, une grande multitude se soit pressée autour de lui. On venait de partout, de la Judée à l’extrême sud comme des territoires païens de Tyr et de Sidon au nord de la Palestine Il va alors prononcer le fameux discours des Béatitudes que l’on peut considérer comme un discours programme puisque à travers ces Béatitudes, le Seigneur indique les dispositions nécessaires et la conduite à tenir pour entrer dans le Royaume.

Comme dans une courte homélie, il n’est pas possible d’analyser en profondeur toutes ces béatitudes, je ne parlerai que de la première : Bienheureux vous, les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous. C’est d’ailleurs la plus importante. Comme très souvent, les paroles de Jésus sont déconcertantes, mais ici, il bat tous les records. Comment peut-on dire que les pauvres, ceux qui ont faim, ceux qui pleurent, ceux qui sont haïs méprisés et rejetés sont bienheureux ? Personne ne souhaiterait ce genre de bonheur à ceux qu’il aime, et le Seigneur non plus. Alors qu’est-ce qu’il veut dire ?

Mettons les choses au point. La pauvreté est un mal. Elle peut même être pour le chrétien un mal mortel en ce sens qu’elle peut le plonger dans l’insécurité et l’angoisse. Or un chrétien devrait toujours se sentir en sécurité enveloppé par l’amour du Père. Ne soyez inquiets de rien dit St Paul mais en toute occasion, par la prière et la supplication accompagnées d’action de grâces faites connaître vos demandes à Dieu (Phil.4,6) Personne ne souhaite à ceux qu’il aime d’être pauvres. Et le Christ non plus. Mais la pauvreté est un mal qui peut avoir des effets secondaires extrêmement positifs. Le pauvre, comme il est dans le besoin, cherche à se procurer ce qui lui manque. Il voit bien qu’il ne peut pas s’en sortir tout seul. Il va donc chercher de l’aide auprès de ceux qui l’entourent. Mais on ne peut pas toujours se fier aux autres. Et puis les choses à quoi on tient le plus : le bonheur, la santé, personne ne peut vous les procurer. Finalement, on est obligé de se tourner vers Dieu. L’avantage quand on est pauvre, c’est que l’expérience vous fait sentir plus facilement que vous avez besoin de Dieu. Le pauvre est ouvert à Dieu.

La richesse, elle, est un bien. D’ailleursla Bible nous dit que Dieu comble de biens ceux qu’il aime. Abraham était très riche (Gen.13,2) Isaac et Jacob, extrêmement riches. (Gen.26,12). Sans compter que la richesse est le fruit et la récompense du travail et de l’effort. Mais la richesse est un bien dangereux qui peut avoir des effets secondaires non seulement négatifs mais mortels. Quand vous êtes riche, votre argent, votre instruction, votre culture, qui sont aussi des richesses, vous permettent de vous procurer tout ce que vous désirez. Très facilement vous en venez à penser que vous n’avez besoin de rien ni de personne et pas même de Dieu. Vous vous sentez parfaitement maîtres de votre destinée, au point que renfermés sur vous-mêmes, il n’y a plus de place pour Dieu dans votre vie. Déjà l’auteur du Deutéronome nous mettait en garde : Quand tu auras vu abonder ton argent et ton or, s’accroître tous tes biens, n’oublie pas alors Yahvé ton Dieu. Garde-toi de dire en ton cœur : c’est ma force, la vigueur de ma main qui m’ont procuré ce pouvoir. Souviens-toi de Yahvé ton Dieu, c’est lui qui t’a donné cette force, qui t’a procuré ce pouvoir. (Deut.8,12…) Les riches, disait le prophète Osée, leur cœur s’est enflé, c’est pourquoi ils ont oublié Dieu (13,6) et le Christ est catégorique : Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu. (Mt.19,24).Alors que le pauvre est ouvert à Dieu, le riche, lui, est fermé à Dieu.

 Mais tout ça ne nous dit pas comment le pauvre peut être heureux.  Normalement il devrait être malheureux de voir que bien des choses lui manquent et qu’il est incapable de s’en sortir par lui-même. Oui mais, se sentant pauvre et démuni, il va penser à se tourner vers Dieu pour avoir son aide. Et justement il se trouve que Dieu est un Père qui nous aime et qui sait de quoi nous avons besoin, avant même que nous le lui demandions (Mt.6,6). Moi je suis pauvre et malheureux mais le Seigneur pense à moi dit le ps.40. Les pauvres sont les préférés du Seigneur. Le ciel est mon trône et la terre mon marchepied, mais celui sur qui je jette les yeux, c’est le pauvre et le cœur contrit. dit-il en Isaïe (6,8) Quel paradoxe étonnant et merveilleux ! Les pauvres qui devraient être malheureux de voir qu’ils n’arrivent à rien vont se retrouver bienheureux parce que, dans leur malheur, ils se tournent vers Dieu qui va leur donner ce que les richesses, le savoir ou une bonne réputation ne peuvent leur donner. Que je sois pauvre, que je n’arrive à rien, qu’est-ce que ça peut faire, puisque Dieu est avec moi ! Je peux dire comme St Paul Je puis tout en celui qui me fortifie (Phil.4,13). Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort 2Cor.12,10) Le pauvre n’est pas bienheureux parce qu’il est pauvre, mais parce que sa pauvreté lui fait retrouver son Dieu source de tout bien, son Dieu capable de le combler bien au-delà de ce que toutes les   richesses de la terre pourraient lui apporter.

Cette pauvreté dont parle le Seigneur n’est pas une qualité facultative qu’un chrétien pourrait avoir ou non, c’est une qualité indispensable, absolument nécessaire pour entrer dans le Royaume de Dieu, parce qu’elle nous ouvre à Dieu, nous fait sentir le besoin de Dieu. Les pauvres sont bienheureux parce que, n’étant pas satisfaits de leur pauvreté, ils cherchent la vraie richesse auprès de Dieu. De même ceux qui pleurent sont bienheureux parce que n’étant pas satisfaits des joies d’ici-bas, ils cherchent la vraie joie auprès de Dieu. De même encore ceux qui ont faim et soif de justice sont heureux parce que n’étant pas satisfaits de la justice d’ici-bas, ils aspirent à la vraie justice que seul, Dieu peut leur offrir. Autrement dit, l’attitude de base pour suivre le Christ, c’est d’être un homme de désir, qui n’est pas satisfait des richesses de la terre, impuissantes à faire de lui l’homme qu’il voudrait être. Toujours il cherche mieux. Au plus profond de lui, il en est convaincu, comme St Augustin : Tu nous as fait Seigneur pour Toi, et notre cœur est sans repos jusqu’à ce qu’il repose en Toi.

Que retenir de tout cela ?

Heureux vous les pauvres, car le Royaume de Dieu est à vous, qu’est-ce que cela veut dire ?

La pauvreté dont parle Jésus n’est pas d’ordre économique. Le fait de ne pas posséder de richesses ne fait pas de vous automatiquement un juste. L’indigence et la pauvreté matérielle n’ouvrent pas, de soi, les portes du Royaume qui n’est pas un royaume de clochards et de SDF, de ratés et d’ignorants ! Les pauvres dont parle Jésus, sont des pauvres de cœur et on les trouve dans toutes les classes sociales. Qu’ils aient peu ou beaucoup de richesses matérielles, peu ou beaucoup de diplômes universitaires, qu’ils soient très cultivés ou non, ils voient bien qu’ils demeurent incapables de faire le bien qu’ils aiment et que, trop souvent, ils font le mal qu’ils n’aiment pas. Du coup, ils se tournent vers le Seigneur dont ils découvrent qu’il est le seul capable de les sortir de leur misère et de combler leurs aspirations les plus profondes parce qu’il est comme dit St Paul le seul dont la puissance agissant en nous peut faire bien plus, infiniment plus que tout ce que nous pouvons désirer ou imaginer. (Ephes.3,20)