2°Dimanche de l’Avent.  8  Décembre 2024  

(Baruc 5,1-9)  (Philippiens 1,4-6 ; 8-11)  (Luc 3,1-6)

Cet  évangile nous rapporte les débuts de la prédication de J.B. où il exhorte ses auditeurs à se convertir, car la venue du Messie est imminente. Reprenant l’enseignement d’Isaïe : Préparez la venue du Seigneur, J.B. y ajoute une invitation à recevoir un baptême de conversion pour le pardon des péchés. De quoi s’agit-il ? Pour bien comprendre, regardons de près le sens des mots dans ces deux expressions : baptême de conversion et pardon des péchés.

Baptême Evidemment, ici, rien à voir avec le sacrement de baptême qui nous donne la vie de Dieu et fait de nous ses enfants. Au moment où J.B. parle, les sacrements n’existent pas encore. Il emploie le mot baptême dans le sens qu’il avait alors, c’est-à-dire engagement, plongée dans. Lorsque quelqu’un s’engageait dans l’armé ou la fonction publique, on parlait de baptême de militaire ou de baptême de fonctionnaire. Recevoir un baptême de conversion, cela veut dire  s’engager dans une démarche de conversion.

Maintenant le mot conversion. Ce mot français n’exprime pas tout ce que dit le mot grec métanoïa employé par St Luc, qui signifie deux choses : changement de mentalité  et retour vers Dieu. Changement de mentalité, donc on abandonne une manière de vivre qui était mauvaise pour en prendre une autre, ce qui implique qu’on se repent, mais on n’en reste pas là, car avec le repentir, on resterait tourné vers le passé. Ce qu’on veut avec la métanoïa, c’est, à partir de maintenant, changer, vivre autrement, s’engager dans l’avenir. Et comme la métanoïa implique le retour vers Dieu, ce changement tourné vers l’avenir, ce vivre autrement à partir de maintenant, ce n’est pas n’importe quoi, c’est revenir vers Dieu, orienter sa vie selon la volonté de Dieu. Donc quand il invite ses auditeurs à recevoir un baptême de conversion, J.B.les invite à faire une démarche de conversion par laquelle ils s’engagent à changer de vie pour désormais diriger leur vie selon la volonté de Dieu.  

Mais pourquoi s’engager dans cette démarche de conversion ? Qu’est-ce que ça rapporte ? Si on  s’engage dans un processus de conversion c’est en vue d’obtenir le pardon des péchés. Et là encore le mot français pardon ne rend pas tout ce qu’exprime le grec : aphèsin amartion. Le mot grec aphèsin dit plus qu’un simple pardon superficiel qui recouvrirait les péchés comme une couche de peinture propre recouvrirait un mur sale, mais la saleté demeurerait en dessous. Le mot aphèsin veut dire extirper, détruire complètement les péchés. Le pardon des péchés obtenu par la conversion, en extirpant complètement le péché, va purifier notre cœur en profondeur et même le changer, suivant la promesse faite en Ezechiel : je vous donnerai un cœur nouveau (Ez.36,26)  

En un mot, devant l’imminence de la venue du Messie, J.B. invite ses auditeurs à se convertir pour obtenir le pardon de leurs péchés. Cette conversion consiste à s’engager, à changer de mentalité et à mener sa vie à partir de maintenant selon la volonté de Dieu. Cet engagement était symbolisé par le geste de se plonger dans l’eau qui purifie. Et le pardon des péchés obtenu fait plus que d’effacer les péchés, il nous purifie en profondeur et change notre cœur jusqu’à le rendre semblable au cœur du Christ. En malgache , on dit que lorsqu’il nous pardonne, le Seigneur transfère son cœur dans le nôtre.

Nous aussi aujourd’hui, à trois semaines de Noël, l’évangile nous invite à préparer le chemin du Seigneur. Il y a peut-être des broussailles à dégager pour qu’il puisse passer. Nous nous préparons à  la  fête de Noël, mais nos cœurs sont peut-être un peu encombrés pour accueillir vraiment le Seigneur qui vient. Personne ne voudrait le laisser dehors. Quand il est venu pour la première


fois, cela ne s’est pas très bien passé. Toutes les portes se sont fermées devant lui. Il est venu chez lui et les siens ne l’ont pas reçu. (Jean 1,11) Nous n’avons pas envie que cela recommence cette année. Mais peut-être nos cœurs sont-ils quand même encore trop encombrés pour que le Seigneur puisse vraiment y pénétrer. Il y du nettoyage à faire. Traditionnellement des confessions ou des cérémonies pénitentielles sont organisées. Dans le sacrement de réconciliation le Seigneur, en nous accordant son pardon, change notre cœur. Ne ratons pas cette occasion de nous laisser renouveler. Qu’est-ce qu’il faudrait changer dans ma vie pour que ça aille mieux, pour que ça aille comme le Seigneur voudrait que ça aille ?

Si je rencontrais le Seigneur, et c’est ce que nous faisons dans le sacrement de réconciliation, qu’est-ce que je lui demanderais de m’aider à améliorer dans ma vie personnelle, dans mon foyer dans mon travail ?  La conversion la plus urgente que nous avons à faire, c ’est certainement de bazarder nos idées fausses sur la confession. Si vous demandez à n’importe qui : la confession, c’est quoi ? Il vous dira à tous les coups : c’est dire ses péchés. C’est faux. La confession ce n’est pas fait pour les péchés, c’est fait pour après, pour le changement, pour la conversion. On a fait mal, on le reconnaît, on le regrette, mais maintenant, c’est décidé, on va faire autrement.  Et c’est ça le but de la manoeuvre. On ne va pas se confesser pour dire ses péchés,  mais pour obtenir le pardon de ses péchés et s’engager dans une vie renouvelée, dirigée désormais selon la volonté de Dieu.

Comme le plus pénible, c’est l’aveu de fautes on ne voit plus que ça. Au point que quelquefois de bons chrétiens venus se confesser s’en vont après avoir dit leurs péchés, sans attendre l’absolution. Dans mes premières années de sacerdoce, à ce moment là on utilisait toujours les confessionnaux, ça m’est arrivé de voir des personnes quitter le confessionnal aussitôt après s’être accusés de leurs fautes. J’étais embarrassé. Quoi faire ? je leur donnais l’absolution dans le dos !!! Le sacrement de réconciliation comporte quatre temps la contrition, l’aveu des fautes, l’absolution et le 4° temps, le plus important (ce qu’on appelait autrefois pénitence), le changement, la conversion. C’est pourquoi je pense que s’il est indispensable quand nous allons recevoir le sacrement de la réconciliation de faire son examen de conscience pour bien voir : je dois demander pardon pour telle et telle faute que j’ai commise, puisque le but de ce sacrement, c’est la conversion, il faudrait aussi que je réfléchisse : quelle conversion, quel changement dois- je faire dans ma vie. ? Et si vous ne voyez pas quel changement vous devez faire, demandez à votre mari, à votre femme, à votre meilleur ami, vous verrez, eux, ils vous diront tout de suite le changement que vous devriez faire dans vos façons de faire !!!

Que retenir de tout cela ?

A l’approche de Noël, l’évangile nous invite à nous convertir, afin de vivre davantage en accord  avec le Seigneur. Profitons du sacrement de réconciliation en vue de redémarrer autrement, en dirigeant notre vie davantage selon la volonté de Dieu. Regardons vers l’avenir : Qu’est-ce que je dois changer dans ma manière de faire ? A Noël, on se fait des cadeaux. Ce ne serait pas une mauvaise idée d’offrir cet effort de changement, de conversion au Seigneur, comme cadeau de Noël. Profitons de ces trois semaines qui nous restent avant les fêtes  pour y réfléchir.  Cette année, qu’est-ce que je vais lui offrir, au Seigneur, pour son Noël ?



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